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Lettre XXX

Publié le 08/12/2021

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Français : Devoir Maison N°5
Les Lettres Persanes, Lettre 30, Montesquieu

Montesquieu est un écrivain français du XVIIIème siècle. Grâce aux salons parisiens et aux voyages ; il apprend à faire preuve d’une ouverture d’esprit digne d’un penseur précurseur. S’inscrivant dans le mouvement des Lumières, il défend ses idéaux et promeut par exemple la quête de la raison, de l’esprit de tolérance. En 1721, Montesquieu publie les Lettres Persanes de manière anonyme. Dans ce roman épistolaire, l’auteur dépeint la correspondance de deux Persans installés à Paris et leurs amis restés en Perse. Ils s’étonnent ainsi des comportements des habitants de la capitale française et font part de leurs découvertes à leurs compatriotes. Dans l’extrait que nous allons étudier, l’un des Persans raconte une aventure personnelle et Montesquieu y apporte une critique sur les parisiens. Celle-ci propose une réflexion philosophique ; alors comment Montesquieu invite-t-il à une réflexion sur l’apparence ? Nous utiliserons cette problématique pour analyser cette extrait, en évoquant d’abord l’objet de curiosité que paraît être l’étranger ; avant de s’intéresser à la critique virulente qu’est faite de la société.
 
Dans cet extrait, la lettre 30 des Lettres Persanes ; Montesquieu montre que pour les Parisiens, l’étranger est un véritable objet de curiosité. D’abord, l’auteur explique bien que le Persan est seul face à un peuple entier. En effet, avant tout, il use de termes tels que « tous » (l.3), « tout le monde » (l.3) qui appuient la notion de peuple tout entier ; ainsi que l’énumération lignes deux et trois (« vieillards, hommes, femmes, enfants »). Aussi, la lettre est introduite par le groupe nominal « Les habitants de Paris », qui exprime une idée d’anonymat des curieux qui se pressent pour voir Rica. Le nombre impressionnant de Parisiens ébahis est aussi exprimé grâce aux nombres « mille » (l.6) et « cent » (l.7).  La solitude du Persan est évoquée grâce à l’adverbe « autour » (l.5) et à la préposition « contre » (l.7). L’utilisation de la première personne du singulier (« je » l.3 ; « moi » l.5 ; « ma » l.7) appuie encore une fois l’idée d’un Persan seul contre tous.  Seulement, le Persan semble se sentir menacé, violé dans son intimité ; il est «entour[é] ». Cette impression est renforcée par la présence de nombreux indicateurs de lieux tels que « aux Tuileries » l.5, « aux spectacles » l.8, ou « aux fenêtres ». Montesquieu évoque donc ici les centaines de curieux auxquelles doit faire face Rica mais il marque aussi, et de façon récurrente la surprise et l’admiration des Parisiens devant le Persan.
Effectivement, l’étranger est ici observé, il est regardé. Il semble être la victime d’une admiration malsaine. En effet, Rica écrit qu’il fut « regardé comme si[il]avai[t]été envoyé du ciel » (l.2). Ainsi, on donne à l’étranger un caractère exceptionnel et la naïveté des Parisiens est appuyée. De plus, le champ lexical du regard est omniprésent (« regardé » l.3 ; « voyais » l.4 ; « lorgnettes » l.7), et, grâce à la tournure passive « vu » (l.8, l.12) notamment, on s’aperçoit que le Persan subit véritablement tous ces regards. L’exclamation ironique « Chose admirable ! » (l.10), et surtout l’adjectif « admirable » renforcent ces idées de surprise et d’admiration malsaines. De nombreux termes hyperboliques comme « tous » (l.3) ; « arc-en-ciel » (l.5) ; « jamais » (l.9) ; « partout » (l.10) ou « toutes » (l.11) prouvent que la description de cette admiration si dérangeante est excessive.  En fait, Rica dit même troubler à lui seul le repos d’une grande ville à la ligne quinze, tellement la surprise est importante pour les Parisiens. À la dernière ligne, un parisien qualifie même le Persan de « chose bien extraordinaire », ce qui semble particulièrement excessif. Seulement, cette lettre assiste à la naissance d’un double étonnement puisqu’en plus de celui des parisiens, suscité par l’exotisme de Rica ; il y a celui du Persan face à l’admiration excessive des habitants de la capitale française.
 
Après avoir été le centre de l'attention des Parisiens, Rica se livre à une expérience sociale. En effet, il décide d'abandonner son attirail persan pour se vêtir d'une tenue plus occidentale, afin de vérifier si l'admiration qu'on lui porte est véridique : « quitter l'habit persan et à en endosser un à l'européenne, pour voir s'il resterait encore, dans ma physionomie, quelque chose d'admirable » (l.16-18). Il constate que, contrairement à lorsqu'il portait ses vêtements persans, les Parisiens l'ignorent complètement : « sans qu'on m'ait regardé et qu'on m'eût mis en occasion d'ouvrir la bouche » (l.22-23). Le champ lexical du regard, présent dans le premier paragraphe, disparaît dans le second paragraphe, ce qui traduit l'absence d'intérêt que portaient les Parisiens envers Rica. Un changement de sentiment soudain s'opère par une simple différence d'apparence : l'engouement et l'admiration excessifs envers le Persan laissent tout de suite place à l'indifférence et la solitude. Rica, après avoir cru être digne d'intérêt est plongé « tout à coup dans un néant affreux » (l.21). Le terme hyperbolique "néant affreux" met en exergue le sentiment de délaissement mais également de déception auquel est confronté Rica. Ce n'est que lorsqu'il rappelle ses origines orientales que la curiosité des Parisiens revient, il redevient intéressant : « j'entendais aussitôt autour de moi un bourdonnement » (l.24-25). L'adverbe « aussitôt » traduit un nouveau changement rapide de sentiment et le nom « bourdonnement » évoque l'engouement excessif suscité.
Montesquieu dénonce en conséquence la superficialité et l'attitude d'impolitesse de la société parisienne. Effectivement, on observe que Rica se sent presque menacé par leur effervescence lorsqu'il porte ses vêtements habituels (« je voyais aussitôt un cercle se former autour de moi » l.5), mais il devient totalement ignoré lorsque ce n'est pas le cas (« sans qu'on m'eût regardé et qu'on m'eût mis en occasion d'ouvrir la bouche » l.22-23). Les Parisiens ne jugent que par l'apparence et leur ahurissement devant l'exotisme traduit leur frivolité :  « tous voulaient me voir » (l.3) ; « Si je sortais, tout le monde se mettait aux fenêtres » (l.3-4). Le Persan ne se repère qu'à travers l'image que l'on se fait de lui : « je trouvais de mes portraits partout » (l.10). De plus, nous pouvons relever le parallélisme entre la fin du premier paragraphe et la fin du deuxième : « Il faut avouer qu'il a l'air bien Persan » (l.9-10) ; « Ah ! Ah !: monsieur est Persan ? » (l.25). Ce parallélisme met en évidence le fait que le Persan ne se repère qu'à son habit, comme le prouve l'expérimentation de Rica.
L'auteur critique également le nombrilisme des Parisiens à travers la dernière phrase : « Comment peut-on être Persan ? » (l.26). En effet, ils croient à la supériorité de leur culture et de leur pays, car il est sous-entendu qu'ils estiment qu'on ne peut pas être autre chose que Parisien ou Français. Le registre ironique est présent ici, mais il est également directement employé par Rica : « Libre de tous les ornements étrangers, je me vis apprécié au plus juste » (l.19). L'ironie, de Montesquieu finalement, dénonce l'ignorance mais surtout le manque d'égard des Parisiens.
 
En conclusion, à travers les Lettres persanes, Montesquieu dénonce la superficialité de la société parisienne mais appelle également à la réflexion sur l'identité et l'influence de l'apparence sur le jugement d'autrui. Les Parisiens ont un comportement excessif devant l'exotisme à cause de l'image qu'ils s'en font. Ainsi, grâce à la formule finale de la lettre, l'auteur critique l'ignorance conduisant à l'intolérance des Parisiens. De façon plus large, il vise également tous les hommes et invite à une réflexion profonde sur l'apparence et sa relativité, tout comme le fait Montaigne, dans le chapitre 31 de son œuvre Les Essais, intitulé « Des Cannibales ». Il remet aussi en question la société occidentale et son manque d'ouverture sur l'autre, notamment sur d'autres peuples qui sont qualifiés de « barbares » et de « sauvages ».

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