Databac

L'État doit-il inspirer la crainte ?

Publié le 16/05/2020

Extrait du document

Ci-dessous un extrait traitant le sujet : L'État doit-il inspirer la crainte ? Ce document contient 1921 mots soit 4 pages. Pour le télécharger en entier, envoyez-nous un de vos documents grâce à notre système gratuit d’échange de ressources numériques. Cette aide totalement rédigée en format pdf sera utile aux lycéens ou étudiants ayant un devoir à réaliser ou une leçon à approfondir en Philosophie.

« L’État doit-il inspirer la crainte ? A l’état de nature, c’est-à-dire en l’absence de lois, les hommes vivraient sans reconnaître une quelconque institution juridique.

Cette situation oùl’humanité n’aurait pas encore connue l’instauration de règles relève de l’anarchie, compris dans son sens étymologique : en effet, les hommes neseraient alors soumis à aucune forme de pouvoir structuré.

Ainsi, l’homme obéirait à la loi du plus fort.

Le Contrat social marque la rupture avecune telle organisation : les hommes consentent alors à une autorité souveraine une limitation de leur liberté individuelle, et obtiennent, encontrepartie, l’assurance que leurs droits civils et politiques seront respectés.

Pour garantir cette exigence du peuple, l’État doit donc assurer lapaix et la sécurité sur son territoire ; cela exige d’obtenir de l’ordre. Ce devoir d’ordre qui incombe à l’État n’est possible qu’à la condition que son autorité soit reconnue, aussi bien hors de son territoire que par sessujets.

Ces derniers doivent donc être dissuadés de commettre des actes répréhensibles.

Il apparaît ainsi à première vue que l’État doive inspirer lacrainte à ses sujets, pour que réellement il s’élève au-dessus des autres formes de pouvoir qui lui font concurrence.

Néanmoins, s’il est nécessaireque l’État s’approprie le « monopole de la violence » (Weber), sous-entendu légitime, n’y a-t-il pas un risque qu’il en abuse et en vienne àinquiéter des innocents ? A terme, se pourrait-il qu’au nom de la sécurité, notre liberté soit mise en péril ? L’État ne devrait-il pas plutôtresponsabiliser ses sujets de sorte que le rapport qui lie chacune des deux parties dépasse la soumission par crainte ? L’État est institué pour permettre, en définitive, la liberté de tous ses administrés.

Cela requiert d’assurer l’égalité entre les sujets, donc de mettrefin aux disparités qui prévalaient avant l’instauration de l’État.

De fait, à l’état de nature, les hommes sont en concurrence permanente, voire enconflit, pour combler leurs besoins et leurs désirs.

En effet, tous les hommes ont les mêmes besoins mais les ressources en un lieu donné sontlimitées.

Il suffit donc qu’un individu plus puissant que les autres spolie ce qui leur revient de droit, pour que des conflits éclatent.

Il s’agit doncd’une situation d’opposition permanente, les hommes n’étant mus que par le désir ou la crainte, sans souci de justice.

Comme l’écrit Hobbes dansle Léviathan , l’état de nature est « la guerre de tous contre tous » où «l'homme est un loup pour l'homme».

Dans cette situation, la haine et l’agressivité caractérisent les hommes et les conduisent, par le biais de l’anarchie, à mettre en péril leur espèce. L’instauration de l’État apparaît ainsi nécessaire pour mettre fin à cette forme de vie arbitraire.

L’État suppose que l’individu dépasse la rechercheexclusive de son intérêt pour se préoccuper de l’intérêt général, ce qui, d’ailleurs, irait directement dans son sens.

En effet, l’État est un bienfaitpour les hommes.

Il représente une alternative sérieuse à la violence des lois de la nature.

Ainsi, si l’individu ne dispose certes plus d’un droitillimité sur les biens, l’État met fin au conflit permanent nés des appétits excessifs de ses sujets en faisant prévaloir la loi juste, celle qui visel’intérêt commun.

La loi ainsi mise en vigueur doit, pour remplir son dessein, répondre au principe d’égalité, c’est-à-dire qu’elle doit être la mêmepour tous, ce qui est une condition de la liberté.

Ainsi, la hargne des hommes laisse place à la concertation, et la conversation se substitue à laviolence. Pour assurer la sécurité de tous ses administrés, l’État édicte donc des lois qu’il cherche à faire observer en menaçant de sanctions toutcontrevenant.

Or, l’État, en tant que simple institution déclarante et non agissante, n’est rien.

Il doit affirmer sa puissance de manière visible afinde dissuader efficacement les transgresseurs.

C’est d’ailleurs là le deuxième sens que l’on prête au terme État : si l’État est cet ensembled’individus soumis à une même autorité politique, il est également cette autorité elle-même, qui se manifeste par différentes structures.

Ainsi il sedote d’un appareil judiciaire qui condamne les contrevenants à la loi et les expose à des sanctions.

L’État est tout le contraire de l’état de natureoù les hommes vivent en l’absence d’un pouvoir coercitif institué.

De ce point de vue, l’État doit inspirer la crainte aux malfaisants, et plus encore,il doit se montrer sans pitié à leur égard : il en va de sa légitimité.

Se montrer sans pitié ne signifie pas que l’État doit continuellement durcir sespeines de manière aveugle mais bien que, dans l’application des lois qu’il a lui-même établies, il doit se montrer impartial et juste et ne toléreraucune entorse à la loi. Dans cette première partie, nous avons vu que l’État constitue la meilleure alternative à l’état de nature, et assure aux hommes la sécurité dont ilsont besoin pour prospérer.

Néanmoins, tout État n’est pas un bon État.

En effet, il y a un risque sérieux que nos dirigeants abusent du pouvoirque nous leur avons confié.

« Tout homme qui a du pouvoir est porté à en abuser » écrit Montesquieu.

Il nous faut donc préciser ce que serait unbon État. Lorsque Nietzche considère l’État comme « le plus froid de tous les monstres froids », qui ment à chaque fois qu’il affirme : « moi l’État je suis lepeuple », il est bien question des mauvaises formes étatiques.

Nietzche nous met en garde vis-à-vis du fait que la souveraineté de l’État n’est pasune condition suffisante à affirmer sa légitimité.

Il a sans doute en tête les régimes totalitaires qu’a connus le XXème siècle.

En effet, c’est bien aunom du peuple que les régimes fascistes et communistes ont mal agi.

Selon Hobbes, l’État réduit « toutes [les] volontés […] en une seulevolonté ».

Les dérives étatiques sont donc bien réelles, et elles sont en réalité induite par le rôle même assigné à l’État : en assurant l’ordre, l’États’accapare tous les pouvoirs, et ce, dans le consentement général.

Mais s’il doit effectivement s’élever au-dessus de toute autre forme de pouvoir,l’État ne doit pas abuser de son monopole.

Il faut donc instituer des contre-pouvoirs.

Ainsi, Montesquieu reconnaît trois types de pouvoirs dansl’État : le pouvoir législatif chargé de voter les lois, composé d’un parlement élu ; le pouvoir exécutif chargé de gérer la politique courante de l'Étatet d'appliquer la loi élaborée par le pouvoir législatif ; enfin, le pouvoir judiciaire qui a pour rôle de contrôler l'application de la loi et sanctionneson non respect.

Selon Montesquieu, pour éviter un pouvoir trop discrétionnaire de l’État, la condition est que ces trois pouvoirs soientindépendants de façon à ce que chacun contrebalance les deux autres.

Ainsi, nous pourrons nous préserver des craintes –légitimes- liées àl’instauration de l’État, qui représentait, aux yeux de Marx par exemple, une « superstructure » qui exprime et dissimule en même temps les intérêtsdes classes dirigeantes.

Car si l’on craint l’État totalitaire qui en fait littéralement trop en imposant son idéologie et en déresponsabilisant lescitoyens, l’absence d’État, ou le fait qu’il soit laxiste et n’accomplisse pas sa mission, est tout aussi préjudiciable.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles