L'étape de Paul BOURGET (Résumé & Analyse)

« Le psychologue :« Goûter certaines beautés d'art avec une certaine qualité d'enthousiasme, c'est s'égaler à un créateur.

»Le fin lettré :Dans un passage émouvant, Joseph Monneron, que le malheur accable, cite à son fils le très beau passage deL'Orestie d'Eschyle : « De belles statues l'entourent et redoublent sa douleur.

Car une statue n'a pas d'yeux, et,sans regard, plus d'enchantement d'amour ! »Le romancier à thèse et le penseur social : L'ouvrier français « est un civilisé de médiocre espèce (...).

Il n'y a lieu,en revanche, de la redouter.

» En rompant avec ses racines paysannes pour devenir professeur de lycée et républicain militant, Joseph Monneron abrûlé les étapes de l'ascension sociale.

De ce « péché originel », Jean, son fils, et le reste de sa famille vont payerle prix, douloureux. Les Ferrand et les MonneronAnciens condisciples de l'Ecole normale, professeur l'un à Henri-IV, l'autre à Louis-le-Grand, Victor Ferrand et JosephMonneron auraient continué à suivre chacun leur route (le premier, grand bourgeois, penseur chrétien traditionaliste; le second, courant le cachet pour nourrir une famille nombreuse, mais soutenu dans ses désillusions par sesconvictions républicaines et l'étude des belles-lettres), si le fils préféré de Monneron, Jean, n'était tombé amoureuxde la fille de son « traditionniste » de maître, M.

Ferrand.

Hélas ! Jean ne peut accepter la condition que M.

Ferrandpose au mariage : la conversion au catholicisme.Il ne le peut, tant parce que ses premiers sentiments spirituels sont encore fragiles que parce qu'il risquerait deheurter un père déjà éprouvé.

Mais la vie va se charger de hâter l'évolution intérieure du jeune homme : déjà bienpeu solide, sa famille achève en quelques jours de se désagréger (le frère aîné se révèle noceur et escroc ; la sœurde Jean, bientôt mère, tente d'assassiner son amant et de mettre fin à ses jours).

Jean comprend désormais qu'iln'est plus temps de laisser son père dans l'ignorance de sa propre évolution spirituelle ni de lui cacher ce qui luisemble être à l'origine de cette dérive familiale : le déracinement social et spirituel doublé d'une éducation politiqueutopiste.

Jean épousera Brigitte Ferrand. Entre roman psychologique et roman à thèsein lettré, psychologue souvent clairvoyant, Paul Bourget gâte cependant ses qualités réelles de romancier par lalourdeur de ses démonstrations et un penchant trop prononcé (goût partagé, paraît-il, par son public féminin) pourle mélodrame et la « pathologie sociale ».

Cela est dommage, car le thème central de l'ouvrage, loin d'être dépassé,est au contraire d'une vibrante actualité.

Mais, toujours juste dans ses questions, Bourget l'est moins quand ilassène ses vérités.. »