Les romans de Tristan.

« Les romans de Tristan (vers 1170) La légende de Tristan s'est formée vraisemblablement en Cornouaille anglaise.

Le thème celtique primitif se seraitamalgamé avec des éléments antiques (l'histoire des Argonautes, celle de Thésée) dans une oeuvre perdue, quidate des environs de 1150.

Cette oeuvre serait à l'origine des deux versions de la légende, la version courtoise et laversion commune représentées la première par le poème de THOMAS, la seconde par celui de BÉROUL.

Ces deuxpoèmes, qui nous sont parvenus très incomplets (il manque au poème de Thomas tout le début et à celui de Béroultoute la fin), ont à leur tour suscité des adaptations étrangères. Le poème primitif a été reconstitué en 1900 par Joseph Bédier.

En voici le sujet : Tristan, neveu du roi Marc, a délivré la Cornouaille d'un géant redoutable, le Morholt.

Mais atteintd'une blessure qu'il juge incurable, il s'abandonne dans une barque au gré des flots.

La barqueéchoue en Irlande.

Tristan est soigné et guéri par la reine.

Cette reine a pour fille Yseut la blonde.Tristan retourne dans son pays, puis il repart pour aller chercher Yseut, que Marc s'est, mis en têted'épouser.

Sur le bateau qui les ramène, Tristan et Yseut boivent par erreur le « vin herbé », philtred'amour préparé pour Yseut et pour Marc.

Dès cet instant, les voilà épris l'un de l'autre.

Le mariagedu roi a cependant lieu.

Mais l'infidélité d'Yseut lui est révélée.

Les deux amants s'enfuient, viventmisérablement dans la forêt de Morois.

Marc finit par leur offrir son pardon.

Ils acceptent.

Yseutreprend sa place près de lui.

Tristan s'en va.

En Bretagne, il épouse Yseut aux blanches mains.Blessé par un fer empoisonné, il réclame Yseut la blonde, seule capable de le guérir.

Par jalousie,Yseut aux blanches mains lui fait croire que l'autre Yseut ne viendra pas.

Il meurt, et Yseut lablonde, dont le vaisseau vient justement d'arriver, meurt à son tour en étreignant le corps de sonami. LE TRISTAN DE THOMAS Thomas est un trouvère anglo-normand, qui vécut à la cour d'Henri II Plantagenet et d'Aliénor.

Son poème paraîtantérieur à celui de Béroul.

Pour plaire à son public de chevaliers courtois, il a certainement enjolivé la légende.

Ilfait de Tristan un amant mélancolique beaucoup plus qu'un dur guerrier.

Pour mieux marquer la force éternelle del'amour, il attribue à l'action du philtre une durée illimitée.

Son récit est d'ailleurs agréable et d'un grand charmepoétique. LE TRISTAN DE BEROUL Béroul est un jongleur.

Son tour d'esprit et sa technique rappellent la chanson de geste.

Le long fragment qui restede son oeuvre (4425 vers) relate essentiellement la vie des amants à la cour de Marc, puis dans la forêt de Morois.Chez lui, comme sans doute dans le poème primitif, le philtre cesse d'agir au bout de trois ans.

Béroul semble avoirsuivi de très près la légende.

Il lui a conservé toute sa rudesse naïve, son âpre poésie, son pathétique farouche.

Atravers l'amoureux Tristan, le poème de Béroul nous laisse entrevoir l'ancien héros celtique, chasseur et guerrier,dompteur de monstres, véritable demi-dieu.. »