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Les Romains

Publié le 16/05/2020

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« Les Romains Si Rome ne doit qu'à elle-même le développement de son imagination politique, elle doit à l'influence grecque sonéveil à la culture et les premières manifestations valables de son existence littéraire.

Tout ce que nous soupçonnonsde ses origines intellectuelles chants religieux, nuptiaux ou funéraires, éloges héroïques, actes et discoursjuridiques, tendances au drame, d'origine rituelle ou populaire fut de très bonne heure recouvert et transfiguré parl'apport hellénique.

On a reproché aux lettres latines, en prenant prétexte de cette imitation, leur défautd'originalité, mais il faut déjà noter à l'actif d'une collectivité plus portée d'instinct à l'observation des réalitésconcrètes et à l'action pratique qu'à la spéculation pure ou à l'imagination des mythes, le fait qu'elle commençad'assimiler la nouvelle culture à un moment où ses voisins s'avéraient incapables d'en apprécier la valeur.

Elleapporta même à la faire sienne une hâte louable qui témoigne d'une curiosité comparable à celle qui saisit lesFrançais de la fin du XVe siècle au spectacle de la civilisation italienne.

Depuis longtemps déjà, la population de la Ville, toujours renouvelée d'apports méditerranéens, s'était accoutumée, par le trafic surtout, auxnouveautés étrangères et plus particulièrement grecques.

Mais, un siècle durant (de 343 à 240 av.

JC), tandis que la conquête militaire gagne deproche en proche vers les terres du Sud, la jeunesse romaine puise dans ces expéditions une curiosité toujours plus éveillée au contact des formesexotiques.

Les lettres grecques s'imposèrent très vite, à la faveur de cette rencontre, dans toutes les classes sociales, à la fois par la vertu del'enthousiasme et par celle de la mode.

On peut supposer aussi qu'à partir du IIIe siècle les Romains s'aperçoivent qu'ils commencent vraimentd'exister pour le monde et que, redoutant de mériter le nom de “ barbares ”, au sens où l'entendent les Grecs, ils s'appliquent à faire en sorte quel'homme romain, partout vainqueur, s'élève en esprit à la hauteur de ses conquêtes.

Quoi qu'il en soit, le premier élan est donné, et le mouvementva se poursuivre, en dépit de toutes les réactions officielles comme de toutes les oppositions individuelles celle de Caton par exemple de l'hellénisme.

L'année 240 avant notre ère marque la date inaugurale des lettres latines : c'est cette année-là, en effet, que Livius Andronicus, un Tarentin amenétout enfant à Rome, fit jouer son premier drame sur un tréteau de la ville.

Il vaut la peine de noter à ce propos que, si les premiers écrivains, Livius,Nævius L1643 et Ennius L1316 , tentèrent d'acclimater en pays latin l'épopée d'inspiration homérique, tous s'efforcèrent aussi de créer un théâtre national.

De leurs tragédies, nous ne savons à peu près rien.

Nous pouvons, par contre, juger des progrès accomplis après eux dans le genreplaisant grâce aux vingt-six comédies de Plaute L1719 et de Térence L1892 , celui-ci fidèle disciple des Grecs, habile à mettre en scène une thèse ou une intrigue psychologique, celui-là plus libre dans sa démarche, plus “ italien ” aussi, admirable constructeur de farces et de vaudevilles, et déjàriche de tous les procédés utilisés par les modernes.

Tout cela semblait pouvoir fonder une vraie tradition dramatique, et, pourtant, compte tenude quelques essais postérieurs, aucune œuvre de qualité, ni sérieuse ni comique, n'apparut plus sur la scène latine.

Peut-être chez ce peupleessentiellement acteur qu'était le peuple romain, passionné de mouvement et de spectacle, le drame faisait-il trop partie de la vie et de la penséequotidiennes pour avoir besoin de se fixer dans les limites d'un genre particulier.

Il n'en faut pas moins regretter que les formes extérieures duspectacle l'aient emporté très tôt sur l'esprit dramatique, et que le théâtre romain ait fini par se réduire aux parades, plus ou moins vulgaires, dumime, du ballet et des jeux de l'amphithéâtre.

Cette tendance au drame, ainsi faussée dans son évolution par le goût de la pompe et des grands effets, n'était qu'un des aspects du tempéramentromain.

Il en est un autre, tout aussi vivace, qui va continuer de se manifester dans l'histoire des lettres latines, à partir surtout de ce qu'il estconvenu d'appeler “ l'époque cicéronienne ” (une période de soixante années environ qui coïncide à peu près avec la vie de Cicéron L043 ) ; nous voulons parler de la propension des Latins à cerner la réalité humaine dans ses manifestations les plus concrètes, individuelles et sociales.

Si l'ons'accorde, en effet, à reconnaître que les Grecs triomphent par l'ampleur de l'imagination métaphysique et la richesse des “ révélations ” touchantl'universelle condition de l'homme, il est non moins certain que l'humanisme romain, tout pénétré de bon sens et d'intelligence pratique, attentif auxaspects les plus quotidiens de l'existence, en perpétuelle défiance envers tout ce qui offusque la saine raison, lui apporte un complément précieux.Ce goût de l'humain, saisi directement dans sa réalité, marque profondément une œuvre comme celle de Lucrèce L125 .

Résolument non- conformiste, dédaigneux, au milieu même des bouleversements nationaux, de tout ce qui n'est pas la pensée d' Épicure H018 de qui il s'institue l'évangéliste, Lucrèce L125 , dans son De Rerum Natura L125M3 , en même temps qu'il inaugure à Rome la poésie de la connaissance, offre à l'admiration d'une longue postérité une œuvre magistrale orchestrée sur le thème pathétique de la nature et du destin de l'Homme dont il montre,avant Pascal H037 , avant Vigny L232 , avant les pessimistes modernes, la misère originelle et la grandeur de victime lucide au sein d'un Univers qui l'écrase.

A côté de ces “ illuminations de génie ” le mot est de Cicéron L043 l'œuvre de Catulle L033 , son contemporain, peut paraître légère, mais, outre que Catulle L033 complète l'apport lucrétien par une conception plus savante et plus souple de la forme poétique, observant jusque dans l'injure et le cynisme l'élégance de ses maîtres alexandrins, il se place à l'origine d'une autre tradition, celle de la poésie amoureuse dont ilapprofondit les thèmes avec une passion et une clairvoyance dont Horace L097 et les élégiaques feront largement leur profit.

De ces deux écrivains date le véritable avènement de la poésie latine.

On a signalé avec raison que Catulle L033 est déjà un classique par l'aisance avec laquelle il associe l'imitation étrangère à des qualités toutes romaines.

De ce même équilibre, comme aussi de la permanence des caractères de l'intelligence nationale et de la souple résistance qu'elle opposed'abord aux nouveautés pour les mieux saisir ensuite et en faire son bien, Cicéron L043 demeure l'exemple le plus illustre.

Nourri de lettres grecques, admirateur des Grecs dans tous les domaines de la pensée, il achève à lui seul avec une étonnante puissance de travail il fut toutensemble orateur, philosophe, rhéteur, épistolier, homme politique et poète d'assimiler et de renouveler le meilleur de la pensée grecque, sansjamais abdiquer ses vertus natives de bourgeois italien.

Car il représente à merveille le type du romanus homo , à la fois raisonneur et pratique, souple et tenace, vif à saisir toutes les formes de pensée, mieux fait pour adapter et vulgariser que pour créer, moins apte à vraiment philosopherqu'à manier des idées, et sans jamais perdre de vue la réalité prochaine, attaché à l'idéal humaniste et à ses valeurs universelles, mais d'abordcitoyen et mainteneur obstiné des valeurs ancestrales.

Ainsi doué, il domine son époque et il incarne parfaitement, sur le plan historique, laréaction d'une société qui, parmi la débâcle de ses impératifs traditionnels, s'efforce de sauvegarder les données les plus authentiques de saconscience, tant pour balancer les démissions du présent que pour réserver les chances d'un retour à l'ordre.

Cet ordre, nous le trouvons rétabli à partir du Principat d'Octave, et le premier moment d'apaisement que son pouvoir apporte à Rome coïncide. »

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