Les Nuées (extrait)AristophaneLe combat de gueule du juste et de l'injusteLE JUSTE.
Publié le 22/05/2020
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Les Nuées (extrait)
Aristophane
Le combat de gueule du juste et de l'injuste
LE JUSTE.
— [...] Jeune homme, montre-toi vaillant, choisis-moi, choisis le
raisonnement droit.
Grâce à moi, tu sauras t'abstenir avec dégoût de traîner sur le
pavé et dans les maisons de bains, tu sauras rougir de tout ce qui est honteux ; et si
l'on te raille, prendre feu ; et te lever de ton siège en l'honneur des gens d'âge quand
ils approchent ; et ne pas traiter tes parents par-dessous la jambe ; et éviter toute
autre conduite honteuse qui souillerait la pudeur qui est l'éclat de ton charme ; et ne
pas te ruer dans quelque boîte à danseuse, de peur que profitant de ce que tu seras
bouche bée là devant, une petite catin ne te mette le grappin dessus — et voilà ta
réputation en miettes ! — et ne pas répliquer à ton père, ni le traiter de vieux fossile
en lui rappelant hargneusement l'âge qu'il a pris depuis le temps que tu as reçu la
becquée !
L'INJUSTE.
— Vin dieu ! Si tu te laisses mener sur ces chemins-là, jeune homme, tu
auras tout de la race des Niquedouilles, on t'appellera Dadais jus-de-navet !
LE JUSTE.
— Mais non ! resplendissant, épanoui, tu passeras ton temps dans les
gymnases, au lieu de traîner sur la place à jacasser des alambiquages barbelés,
comme on fait à présent, et de te laminer la cervelle pour une chinoiserie
ergotemberlificotante ! Tu descendras au Parc des Loisirs, où sous les oliviers sacrés,
tu t'exerceras à la course, le front ceint d'une souple couronne de jonc, avec un
camarade aussi vertueux que toi — fleurant le chèvrefeuille, la libre paix du c œur, le
peuplier et ses jonchées de feuillage argenté ; et le printemps te versera son
allégresse, lorsque le platane et l'ormeau se chuchotent leurs secrets.
Si tu fais ce que
je te dis, en t'appliquant à mes leçons, tu auras toujours : le teint, bien vermeil ; les
épaules, larges ; le torse, musclé ; la fesse, dodue ; la verge, menue ; la langue,
succincte.
Mais si tu adoptes les façons d'à présent, d'abord tu auras : le teint,
blafard ; les épaules, maigres ; le torse, fluet ; la fesse, chétive ; la verge, pesante ; la
langue, pendante ; et la harangue, à n'en plus finir ! Et puis (montrant son adversaire)
il te fera tenir pour vil tout ce qui est beau, pour beau tout ce qui est vil.
Et
par-dessus le marché, il fera de toi le plus immonde des ruffians.
[...]
L'INJUSTE.
— Considère plutôt, mon petit ami, tout ce qu'implique la continence,
de combien de délices tu vas être privé : jouvenceaux, femmes, jeux de table, bonne
cuisine, beuveries, rigolades ! à quoi bon être en vie, si c'est pour être privé de tout
ça ? Bon.
Passons à ce qu'exigent les penchants de la nature : tu as fait une bêtise, tu
es tombé amoureux, tu as cocufié quelqu'un, et là-dessus, tu es pris : te voilà perdu,
puisque tu ne sais pas parler.
Mais si tu fréquentes mon école, exerce tes penchants,
cabriole, rigole et ne rougis de rien.
Si par hasard le cocu te surprend, voici ta
réplique : “ Je ne suis pas coupable ” ; et là-dessus, fais rebondir le débat jusque sur
Zeus : lui aussi il fléchit devant l'amour et les femmes ! Et toi, simple mortel,
comment pourrais-tu donc être plus fort qu'un dieu ?.
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