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Les Lumières

Publié le 05/12/2021

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1) Eléments de définition
- Etymologie : A l'origine, dans la traduction de la Bible par saint Jérôme, la Vulgate, le terme latin lux, « la lumière », manifestait le pouvoir divin : fiat lux, « que la lumière soit ». Par la suite, la lumière devient une métaphore ordinaire de « la vérité révélée ». D'ailleurs, Pascal, dans les Pensées, propose au libertin de dialoguer selon les principes de la pure raison : « parlons selon les lumières naturelles ». Les Lumières du XVIIIe siècle sont bien celles-ci : des Lumières naturelles, celles de l'entendement, de la critique, de la raison.

- Une définition : L'Anglais dit Enlightement, l'Allemand Aufklärung, le Français dit « Lumières » - à n'en point douter, il s'agit d'un mouvement culturel européen. De ce point de vue, le mouvement des Lumières est un héritier de l'humanisme renaissant. Le philosophe allemand Emmanuel Kant, dans son court essai Qu'est-ce que les Lumières ? (1784), file une métaphore de la croissance qui conduit de la Renaissance jusqu'aux Lumières. C'est le moment où l'Homme européen devient majeur :

« Les Lumières, c'est la sortie de l'Homme hors de l'état de tutelle dont il est lui-même responsable. [...] Aie le courage de te servir de ton propre entendement ! Voilà la devise des Lumières »


- Les sources des Lumières : ces sources sont triples ; d'abord, les Lumières prolongent une grande partie des ambitions du programme humaniste, avec l'idée d'un libre-examen du réel et du savoir, la volonté d'éduquer un Homme nouveau et d'universaliser ce changement ; ensuite, ils se sont inspirés des libertins érudits du XVIIe siècle qui voulaient s'affranchir de l'Eglise, de l'Etat, des institutions du Savoir, à l'image de Théophile Viau (1590-1626). La pensée libertine substitue à la figure divine une Nature avec ses mécanismes aveugles, explicables et prévisibles ; enfin, les Lumières émanent du cartésianisme, c'est-à-dire du doute méthodique mis en place par Descartes. Le doute cartésien, la puissance législatrice de la raison sont des éléments importants qui nourrissent, justifient l'esprit critique, l'esprit d'examen rationnel des Lumières. On passe d'un âge des vérités révélées à une époque des vérités démontrées (cf. « La vérité », philosophie).

- Les ambitions des Lumières : ces ambitions sont quintuples.
a) Repenser le savoir : cf. fiche Encyclopédie
b) Repenser la politique : c'est l'absolutisme qui est critiqué sans que la monarchie soit remise en question. Il s'agit de fonder les conditions d'un pouvoir juste et stable. Il y a eu l'idée avec Voltaire d'une monarchie éclairée, telle celle de Frédéric II de Prusse, où la violence étatique est modérée et orientée par la sagesse du philosophe.
Montesquieu, via De l'Esprit des lois (1748), différencie trois types de pouvoirs, à savoir le despotisme reposant sur la crainte, la monarchie reposant sur l'honneur, et la république qui est par essence modérée. Montesquieu pose le principe essentiel de non-confusion des pouvoirs (législatif, exécutif, judiciaire).
Rousseau, enfin, à travers son Contrat social (1761), propose la mise en place d'un contrat permettant à l'Homme de sortir de l'état de nature. Ce contrat lui permet d'être aussi libre en société qu'auparavant. Seulement, il doit déléguer sa volonté à la volonté générale, et soumettre son intérêt particulier à l'idée d'un bien commun, l'intérêt général. Chaque membre de la société est une partie indivisible du tout, chaque membre dispose en outre d'une partie de la souveraineté.
c) Repenser l'espace : pour l'Homme des Lumières, le monde s'agrandit et s'apprivoise. Il y a un souci d'inventer un espace politique habitable. Les récits de voyage, la littérature de l'exotisme, rapprochent les lointains. On retrouve cette idée dans le roman de Madame de La Fayette, La princesse de Clèves (1678) où le personnage principal, la princesse, se retire in fine dans « le désert ».
d) Repenser l'Homme : colonisation, grandes découvertes, littérature de voyage, débats violents sur l'esclavage, tout cela pose à l'Homme des Lumières la question d'un sujet humain universel. Le XVIIIe siècle est politiquement, économiquement, culturellement européanocentriste, mais il devient philosophiquement universaliste. Aussi se posent les problèmes de l'esclavage et de la colonisation à la lumière de cet Homme intrinsèquement universel.
De ce fait, dans les œuvres littéraires, un renversement se met en place : le Tahitien laisse imaginer à l'européen ce que serait une conquête de ses terres par les habitants de Tahiti dans le Supplément au voyage de Bougainville de Diderot ; les dialogues philosophiques chez Voltaire font bien souvent de l'esclave le maitre de sagesse ; le roman par lettres chez Montesquieu, Les Lettres persanes, imagine un regard exotique sur l'Europe vue par un Persan, etc.
e) Repenser l'art : les Lumières marquent un changement majeur dans le discours sur l'Art, qui annonce le Romantisme. Le XVIIIe siècle invente l'Esthétique, la science du Beau, avec la publication entre 1750 et 1758 du livre de Baumgarten, Aesthetica. L'esthétique n'est pas seulement un discours sur les techniques de création, mais, comme l'indique son étymologie, un discours sur la sensibilité, ce que je ressens face à une œuvre d'art.

- Genres représentatifs : les Lumières ont globalement privilégié les formes typiques de l'essai ou ont doté des formes romanesques ou théâtrales de qualités propres à l'essai. C'est le cas de nombre de lettres de la Nouvelle Héloïse de Rousseau qui sont de véritables discours politiques. Il est important de noter la dimension argumentative de nombreux genres du siècle des Lumières et la place éminente de trois d'entre eux : l'apologue, le dialogue, et l'utopie.



II] Chronologie
1685 : révocation de l'Edit de Nantes.
1696 : Fontenelle, Entretien sur la pluralité des mondes : l'Hommes comme son texte annoncent la figure et la pensée du philosophe des Lumières.
1715 : mort de Louis XIV, son arrière-petit-fils devient Louis XV en lui succédant.
1721 : Les Lettres persanes, de Montesquieu.
1725 : L'île aux esclaves de Marivaux.
1748 : De l'esprit des Lois de Montesquieu.
1759 : Candide de Voltaire.
1762 : Contrat social de Rousseau.
1764 : Dictionnaire philosophique de Voltaire, somme de l'esprit des Lumières.
1774 : Louis XV meurt de la variole.
1784 : Le Mariage de Figaro, de Beaumarchais.
1784 : opuscule de Kant en forme de bilan symbolique, « Qu'est-ce que les Lumières ? ».

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