Les Grenouilles (extrait)AristophaneEuripide.
Publié le 22/05/2020
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«
Les Grenouilles (extrait)
Aristophane
Euripide.
— Pour mon compte, ce que je représente, moi, en poésie, je l'exposerai
pour finir.
Mais tout d'abord, je vais le démolir, en montrant que c'était un
esbroufeur et un charlatan ; je dirai par quels trucs il empaumait les spectateurs,
qu'il avait reçus tout benêts, nourris à l'école de Phrynichos.
D'abord et pour
commencer, il plantait un personnage emmitouflé, tout seul, un Achille ou une
Niobé, sans montrer leur nez : des figures de décor tragique, et qui ne disaient pas
ouf !
Dionysos.
— Ah ! pour sûr, morbleu !
Euripide.
— Et le ch œur d'asséner des enfilades de couplets à la chaîne, par quatre
et sans désemparer ; et eux, bouche cousue.
Dionysos.
— Moi, j'aimais bien ce silence, et j'y trouvais plus de charme qu'aux
bonimenteurs d'à présent.
Euripide.
— Alors, c'est que tu étais une buse, tiens-le-toi pour dit.
Dionysos.
— Bon, d'accord.
Mais pourquoi procédait-il comme Ça, le lascar ?
Euripide.
— Par esbroufe, pour faire tenir tranquille le spectateur dans l'attente du
moment où la Niobé ouvrirait le bec.
Et la pièce de courir.
Dionysos.
— Ah ! le sacripant ! Ce qu'il pouvait me blouser ! (À Eschyle) Pourquoi
ces contorsions et cette gueule de biais ?
Euripide.
— Parce que je le démolis ! (Reprenant) Et après, une fois qu'il avait fait
comme ça l'idiot, et que le drame en était au milieu, il lâchait une douzaine de mots
pachydermes, sourcilleux, empanachés, à l'effarante carrure de croquemitaines,
inconnus de l'assistance.
Eschyle (indigné).
— Ah ! misère de moi !
Dionysos (à Eschyle).
— Tais-toi !
Euripide.
— Pas un seul mot limpide...
Dionysos (à Eschyle).
— Ne grince pas des dents.
Euripide.
— Rien que des Scamandres, des circonvallations, et comme emblème sur
leurs écus, des aquilogriffes en airain martelé, et des vocables juchés sur leurs
grands chevaux.
Ce n'était pas une petite affaire que de s'y reconnaître ! [...].
»
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