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Les gens bien portants sont des malades qui s'ignorent. Knock de Jules Romains

Publié le 16/05/2020

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« Les gens bien portants sont des malades qui s'ignorent.

Knock de Jules Romains • Cette phrase figure dans l'acte I de la comédie en trois actes de Jules Romains (1885-1972) intitulée Knock ou letriomphe de la médecine.

La pièce a été représentée avec succès, pour la première fois à la Comédie des Champs-Elysées, le 15 décembre 1923, sous la direction de Jacques Hébertot, dans la mise en scène et les décors de LouisJouvet.

Dédiée à Louis Jouvet (1887-1951), prestigieux interprète du docteur Knock, cette comédie vise, commel'indique le sous-titre, à mettre ironiquement en évidence « Le triomphe de la médecine» incarné, en l'occurrence,par le Docteur Knock.Le Docteur Knock succède au Docteur Parpalaid dans le chef-lieu de canton de Saint-Maurice, commune de Suissede 3 500 habitants, et reprend sa maigre clientèle, à défaut de la vieille guimbarde que son confrère souhaiteraitpourtant lui vendre chèrement.

Autant le Docteur Parpalaid s'est montré soucieux de respecter les habitudesnonchalantes d'une clientèle paysanne, récalcitrante quand il s'agit de consulter le médecin, autant le DocteurKnock est animé, dès son installation, par l'ambition de se rendre indispensable à tous les habitants de Saint-Maurice et du canton, par l'application d'une méthode mise au point au cours de son existence aventureuse.Knock, âgé de quarante ans, vient de soutenir sa thèse de médecine « Sur les prétendus états de santé», quiporte, en épigraphe, une phrase attribuée à Claude Bernard.

Ce dernier, éminent physiologiste du XIXe siècle, adécouvert la fonction glycogénique du foie; son Introduction à la médecine expérimentale fait autorité.

Cettephrase, retenue par le Docteur Knock, résume, en fait, la méthode de celui-ci : « Les gens bien portants sont desmalades qui s'ignorent».

La santé relevant d'une illusion préjudiciable à l'autorité de la Médecine, autant qu'aupouvoir des médecins, le Docteur Knock se propose de transformer tout homme bien portant en un malade (quis'ignore): « KNOCK.

— Votre propos, mon cher confrère, fourmille d'inexactitudes.

D'abord, j'ai quarante ans.

Mes rêves, si j'enai, ne sont pas des rêves de jeunesse.LE DOCTEUR PARPALAID.

— Soit, mais vous n'avez jamais exercé.KNOCK.

— Autre erreur.LE DOCTEUR.

— Comment? Ne m'avez-vous pas dit que vous veniez de passer votre thèse l'été dernier?KNOCK.

— Oui, trente-deux pages in-octavo: Sur les prétendus états de santé, avec cette épigraphe, que j'aiattribuée à Claude Bernard : Les gens bien portants sont des malades qui s'ignorent.LE DOCTEUR.

— Nous sommes d'accord, mon cher confrère.KNOCK.

— Sur le fond de ma théorie?LE DOCTEUR.

— Non, sur le fait que vous êtes un débutant.KNOCK.

— Pardon! Mes études sont, en effet, toutes récentes.

Mais mon début dans la pratique de la médecinedate de vingt ans.»(acte I, scène unique). • D'abord vendeur de cravates dans un grand magasin de Marseille, le futur Docteur Knock est engagé, ensuite,comme médecin, bien qu'il n'en possède pas le grade, sur un vapeur de 1 700 tonnes à destination des Indes.

C'estalors qu'il élabore et pratique sa méthode : tous les membres de l'équipage (35) sont devenus ses malades.Après s'être livré, quelque temps, au commerce des arachides, il opte définitivement pour la médecine.

A Saint-Maurice, il se propose de mettre à profit la richesse, les loisirs, la disponibilité des habitants, qu'aucune vraie passionn'absorbe, et de faire en sorte que la maladie soit, pour chacun de ceux-ci, le centre de l'activité.

Une rapideenquête sur place, qui, plus tard, sera minutieusement étendue, lui confirme le bien-fondé de sa méthode.Comme le lui indique le tambour de ville, qu'il utilise à la façon d'un agent de publicité moderne, il est essentiel deprendre en considération la demande médicale des clients.

Faute de l'avoir compris, son prédécesseur, le DocteurParpalaid, n'était pas pris au sérieux.

Quand il lui arrivait de diagnostiquer une affection chez son patient, il enminimisait la gravité et entretenait celui-ci sur le véritable centre d'intérêt, non du malade mais du docteur, à savoirl'automobile, de sorte que le malade se montrait déçu, d'autant plus que l'ordonnance était souvent réduite à saplus simple expression (« une simple tisane»).Or la méthode du Docteur Knock repose sur quelques règles simples.

Il s'agit d'accréditer la croyance selon laquelletoute personne qui a la conviction de jouir d'une bonne santé se méprend sur elle-même, exception faite — etl'exception, on s'en doute, confirme la règle — du personnel indispensable aux soins des malades, que le DocteurKnock a intérêt à rendre bien-portant.En toute rigueur, pour qu'un tel principe s'applique, il est nécessaire -de se concilier le respect et la reconnaissancedes malades.

A cet effet, notamment, le Docteur Knock aménage des consultations gratuites, le lundi matin, de 9 h30 à 10 h 30 et, pour le reste, après enquête, gradue les honoraires au prorata du revenu de ses patients.

L'activitédu bienfaisant docteur réussit, en effet, à ancrer l'illusion que se soigner est le devoir imprescriptible de chacun,étant entendu que la maladie est l'état normal; le campagnard se convainc qu'il n'a pas moins droit aux soins queson homologue citadin, sous peine de se sentir rabaissé à la triste condition de l'animal.

Il y va de la dignitéhumaine.Knock n'a aucun mal, armé de sa méthode, à suggestionner ses concitoyens, à commencer par le tambour, qui, dansles villages, est chargé d'annoncer les nouvelles d'intérêt public.

Souffrant d'une bénigne « démangeaison» aprèsdîner (« Ça me chatouille, ou plutôt, ça me gratouille»), le voilà soudain sérieusement atteint par l'impitoyablediagnostic du généreux docteur ainsi que par ses prescriptions : il devra garder le lit dès le lendemain matin :. »

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