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Les Fausses Confidences : Extrait : Acte II, scène 13 Etude linéaire

Publié le 20/06/2025

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« Les Fausses Confidences : Extrait : Acte II, scène 13 Etude linéaire Marivaux est l’un des dramaturges français les plus reconnus qui excella dans la comédie bourgeoise et psychologique. Ses intrigues complexes et virtuoses reposent souvent sur des procédés d’inversion où maîtres et valets échangent leurs rôles. Le thème central de ses œuvres est la surprise de l’amour, ce thème permet le rire mais véhicule aussi la critique sociale d’une société fondée sur le rang et l’apparence. C’est le cas dans Les fausses confidences , comédie en 3 actes jouée pour la première fois en 1737. Dorante, honnête petit bourgeois ruiné, aime en secret Araminte, la haute et riche bourgeoise qui l’emploie. Malgré leur écart de fortune, leur amour triomphera grâce aux stratagèmes habiles du valet Dubois. Dans la scène 13 de l’acte II dont nous allons étudier un extrait, les deux amants ne se sont pas encore avoué leurs sentiments.

Araminte fait croire à Dorante qu’elle va épouser le comte afin d’observer ses réactions. Problématique Nous verrons comment, dans cette scène à la fois comique et galante, la fausse confidence d’Araminte suscite chez Dorante un trouble révélateur de son amour pour elle. Annonce de plan linéaire Nous pouvons observer trois mouvements dans cet extrait. Dans une première partie, du début à « procès douteux », Araminte demande à Dorante d’écrire au comte qu’elle l’épouse afin de l’éprouver. Dans une deuxième partie, de « Je vous ai assuré » à « trouvez-vous mal ? », Dorante trahit son amour en contestant le mariage. Dans une troisième partie, de « Je ne me trouve pas » à la fin de la scène, Araminte croit que son stratagème a échoué, malgré le trouble révélateur de Dorante. I – Araminte demande à Dorante d’écrire au comte qu’elle l’épouse (Du début à « procès douteux ») Dans la scène précédente, Araminte confie au valet Dubois qu’elle a envie de tendre un piège.

à Dorante.

C’est justement ce piège qui prend forme sous les yeux du spectateur à la scène 13 de l’acte 2 : Araminte fait semblant de vouloir épouser le comte pour éprouver les sentiments de Dorante. La didascalie témoigne de l’« air délibéré » d’Araminte, qui affecte à l’égard de Dorante une détermination indifférente.

Ce n’est bien évidemment qu’un « air » qu’elle se donne, soit un masque qu’elle porte pour tenter de faire surgir la vérité des sentiments de Dorante. Il s’agit bien d’une nouvelle scène de fausse confidence : Araminte ment en confiant son projet de mariage, afin de démêler les sentiments qu’éprouve Dorante pour elle. Les ordres à l’impératif qu’elle adresse à son intendant témoignent d’une relation professionnelle hiérarchisée, où Dorante est à son service : « Ne vous embarrassez pas, et écrivez le billet que je vais vous dicter ». Marivaux s’amuse à renverser les attentes du spectateur et les codes de la comédie, puisque la conversation entre les amants est aux antipodes de la galanterie amoureuse.

Ce décalage suscite un effet comique. Dorante est troublé comme l’indique l’interrogation (« Et pour qui, madame ? » ), mais il est contraint de se soumettre aux codes que sa situation professionnelle  exige, d’où son interrogation accompagnée d’une adresse polie («madame » ) Araminte explique à Dorante que la lettre annonçant le mariage est « Pour le comte » et a pour but de « le surprendre bien agréablement » car il est parti « extrêmement inquiet« .

L’antithèse « agréablement » / « inquiet », qui évoque les sentiments du Comte crée un effet comique car elle reflète aussi la succession d’émotions qu’éprouve Dorante à cette nouvelle. Araminte lui inflige volontairement une tâche blessante : il doit écrire à son rival, pour lui annoncer qu’il épouse celle qu’il aime « en [s]on nom ». L’expression « le petit mot » est une litote cruelle car cette lettre ravage intérieurement Dorante. La comédie légère repose donc sur des procédés sadiques.

La fausse confidence suscite de vraies blessures. L’adjectif de la didascalie (« Dorante reste rêveur ») pouvait avoir au XVIIIe le sens fort d’« ému ».

Dorante est sous le choc. Araminte l’interpelle, lui imposant son rythme, et l’interroge : « A quoi rê vez vous ? » A cette question ouverte, Dorante, «toujours distrait.

», répond « Oui, Madame » comme si on lui avait posé une question fermée.

Sa perte de maîtrise langagière constitue une perte de pouvoir.  La didascalie suivante montre qu’Araminte parle « à.... »

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