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les faussaires

Publié le 06/12/2021

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Flaubert - Madame Bovary

Chap 2, part 2. (page 145-148)

"Les faussaires"

Un texte au discours direct. Dans ce début de 2ème partie (installation des Bovary à Ionville), le romancier utilise curieusement le dialogue pour assurer l'exposition. Une conversation mêlant des sujets différents et 4 convives n'y prenant pas une part égale. Quelle est la fonction de ce dialogue ? Dans quelle mesure le discours des personnages contribue-t-il à faire connaitre ceux-ci au lecteur ? Au théâtre, la parole est action, en va-t-il de même ici ? Le dialogue théâtral se caractérise par la double énonciation, dans quelle mesure permet-elle ici au narrateur de faire entendre sa voix ?

I - Narration et théâtre.

Scène de théâtre : le narrateur intervient explicitement pour assurer une fonction de régis* dans quelques incises pas toujours insignifiantes.

Le « continuait-il « (p247) caractérise Léon comme un homme conscient de son pouvoir de sa parole sur Emma : « C'est vrai ! C'est vrai ! «. Il cherche à lui plaire en lui servant un discours réglé sur ses aspirations.

Le « Emma reprit « (p247) signal le peu d'intérêt qu'elle apporte au renseignement du pharmacien ? 2 discussions  (Homais/Charles vs Emma/Léon) qui se croisent à de rares moments.

Cours paragraphe narratif (p246), le narrateur apporte une précision au lecteur : Léon loge chez le pharmacien ; puis il résume une longue réplique de Homais avec « il énumérait «. Ce qui donne au pharmacien un discours fastidieux (caractérisation indirecte du personnage). Retour au dialogue par le biais du DIL marqué en italique.

D'une part, les personnages communiquent, s'accordent (Emma/Léon) ou s'ignorent (Emma/Homais), cherchent à s'imposer (Homais) ou à plaire (Léon), se définissent explicitement en exprimant leur « moi « (Emma/Léon).

D'autre part, le narrateur par l'intermédiaire des personnages, fourni des renseignements au lecteur. La simple distribution des répliques montre que 2 couples se constituent pendant que se déroulent 2 conversations parallèles :

Professionnelle (Homais/Charles)

Intime (Emma/Léon)

1er mouvement : 1 conversation (E/L) ? même goût du voyage pittoresque.

2ème mouvement : intervention d'Homais.

3ème mouvement : Conversation (L/E) ? accord de plus en plus grand.

Ce texte a donc une fonction d'exposition et ainsi, prépare l'action.

II - Des portraits indirects.

Homais se fait connaitre par ses seuls discours, mode de caractérisation conforme à l'effacement du narrateur. L'analyse des répliques (L/E) montre la constitution d'un couple. Un accord marqué par la forme interro-négative (p146-147) : « N'est ce pas ? «, des tournures marquent la reconnaissance « C'est comme moi ! « (p147), « En effet « (p148), enchaînement des questions réponses (p148). Chacun d'eux exhibent son « moi « intime et des sensations portées au degré le plus haut.

« Admirable « (p146), « j'adore «, « enthousiasme «, « extase « ? hyperboles.

Les goûts d'Emma : Bovarysme : rêve absolu, d'irréel, consommation exclusive de roman romanesque, rejet de la poésie qui n'autorise pas une identification et recherche de l'exaltation.

Léon se comporte en séducteur, il ne fait que reprendre, célébrer ou amplifier les goûts d'Emma : enchaînement des deux dernières répliques où il dit aimer la poésie élégiaque, elle déclare préférer les romans sentimentaux, il se range aussitôt à son avis ? L'action sera le développement de ces caractérisation que l'exposition attribut à ses personnages.

Léon ? notaire, renoncera à son romantisme de complaisance.

Emma tentera de satisfaire son désir d'amour et de voyage avec Rodolphe.

Homais interviendra constamment consciemment ou non dans les affaires d'Emma, ici en valorisant Léon devant elle. ? La composition du roman trahit la présence constante du narrateur pourtant impersonnelle.

III - Figure du lecteur.

Flaubert avait conscience que son parti prix d'impersonnalité risquait d'égarer un lecteur peu avertit puisque à propos de ce passage, il écrivait à Louise Colet : « Je suis à faire une conversation d'un jeune homme et d'une jeune dame sur la littérature, la mer, la montagne, la musique, tous les sujets poétiques enfin. On pourrait le prendre au sérieux, et elle est d'une grande intention de grotesque. « 9 Octobre 1852. Mais comme il le laisse entendre dans une lettre à Sand (6 Février 1876), il n'entendait pas s'adresser à un lecteur imbécile.

Par delà le lyrisme affiché, une forme d'ironie*. Le narrateur s'efface devant ses personnages, il leur prête des discours authentique mais le narrateur n'y adhère pas. La relation de leur parole est distanciée.

Les propos d'Emma et Léon sont déconsidérés car ils correspondent au répertoire des motifs obligés du romantisme : goût pour la nature sauvage : « mer «,  « montagne « ; pour l'art : « musique, « roman « ; rêverie ; idéal ; la religion : « extase « ; l'exotisme ; la solitude ; la mélancolie : « désenchantement « ; les indéfinis pluriels : « soleils couchants «, « paysages de montagnes «, « les italiens «, « des affections pures et des tableaux « ; les énumérations avec des rythmes tertiaires : « poésie des lacs, cascades, glaciers « (p.146), « esprit vague « (p.146 haut), « noble caractères, tableaux pures « (p.147) ; hyperboles ; vocabulaire outrancièrement mélioratifs : « affections pures «, « sentiments nobles «, « poésie des lacs «, « bonheur « (p.148).

A ce satyre des sentiments poétiques vulgarisés par la littérature des romantiques s'ajoute le satyre des bourgeois. Homais est un bourgeois comme le montre son intérêt pour l'argent, son discours pour la gestion économe des biens du ménage : « fruitier «, son soucis de sa position sociale, sa rivalité avec le maitre paysan Tuvache, la curiosité pour les affaire des autres. Bourgeois, qui pose à l'amateur d'art (cf. au savant) et qui parle de manière affectée : « monsieur votre époux «.

Conclusion :

Un texte composé exclusivement d'énoncés au discours directs (récit de parole). Il y a donc un quasi disparition du narrateur qui entraine une structure de double énonciation (voix du narrateur se fait entendre dans les propos même du personnage). L'enchaînement des répliques (Homais/Charles vs Emma/Léon) est le croisement des deux conversations sont significatifs. Les trois bavards de cette scène sont caractérisés par une certaine fausseté.



[Régis : Organisation du récit.

Ironie : Dire quelque chose qui ne correspond pas à ce que l'on pense.]

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