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les expressions de la sensibilité HLP T

Publié le 31/05/2022

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« Les expressions poétiques de la sensibilité, une exploration à travers tout le XIXe siècle Certains êtres humains sont- ils plus sensibles que d’autres ? Peut-on éduquer sa sensibilité ? Comment l’artiste se sert-il de sa sensibilité pour créer des œuvres qui sont l’expression de son Moi et traduisent sa vision du Monde ? Si la rêverie est au cœur du romantisme, la création de paysages états d’âme ne se limite pas à cette période et on retrouve, encore aujourd’hui, chez de nombreux artistes, une sensibilité face à la Nature qui leur permet de décrire leur intériorité en créant des correspondances entre le monde visible et le monde spirituel, invisible.

Comment traduire avec des mots ces pensées fugitives qui s’emparent de l’artiste face à un spectacle naturel qui l’émeut ? Le choix de la poésie, à cause de sa musicalité, est privilégié : son rythme et ses accords traduiraient les mouvements de l’âme; Comme l’écrit Rimbaud, en 1871, dans sa lettre à Paul Demeny appelée lettre du Voyant, la mission du poète est de trouver une langue adaptée à ces visions, à la traduction de ces instantanés.

“ Cette langue sera de l’âme pour l’âme, résumant tout, parfums, sons, couleurs, de la pensée accrochant la pensée et tirant. Rimbaud se montre très sévère avec la première génération romantique comme Musset et Lamartine mais il loue les qualités de certains poètes qu’il admire : ”Les seconds romantiques sont très voyants : Théophile.

Gautier, Leconte de Lisle, Théodore de Banville.

Mais inspecter l’invisible et entendre l’inouï étant autre chose que reprendre l’esprit des choses mortes, Baudelaire est le premier voyant, roi des poètes, un vrai Dieu.

Encore a-t-il vécu dans un milieu trop artiste ; et la forme si vantée en lui est mesquine — les inventions d’inconnu réclament des formes nouvelles.

» Nous voyons ici que Rimbaud critique la dimension classique des poèmes baudelairiens, souvent proches du sonnet .

Toutefois, Baudelaire, lui aussi, a cherché une forme nouvelle, peutêtre pas à travers Les Fleurs du Mal mais ses essais de prose poétique furent nombreux et ils donnèrent notamment naissance à un recueil intitulé “Spleen de Paris” ou “petits poèmes en prose” qui paraîtra en 1869.

La prose poétique diffère de la poésie versifiée dans la mesure où elle ne fait pas apparaître le découpage des vers avec des retours à la ligne et n’applique pas de règle précise de versification.

Les rimes intérieures ou rimes blanches y sont nombreuses. Souvent lyrique et mélodieuse, la prose poétique est vue comme une tentative de libérer la parole poétique du carcan de la rime et des formes fixes.

Elle se distingue du poème en prose par sa ressemblance avec un texte romanesque ; Dans le poème en prose subsiste souvent une empreinte formelle avec des vers libres et des mini-paragraphes ou des vers longs formés sur le modèle biblique et appelés versets.

Baudelaire définit le poème en prose comme : " Le miracle d’une prose poétique, musicale, sans rythme et sans rime, assez souple et assez heurtée pour s’adapter aux mouvements lyriques de l’âme, aux ondulations de la rêverie, aux soubresauts de la conscience " C’est donc clairement la souplesse qui est la qualité recherchée : une langue qui pourrait épouser les mouvements de l’âme comme l’exprime Rimbaud deux ans plus tard, en 1871 dans sa lettre du Voyant.

Les deux poètes travaillent donc dans le même but : renouveler la forme poétique afin qu’elle adhère aux mouvements de la sensibilité.. »

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