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les éffarés etude linéaire

Publié le 13/02/2024

Extrait du document

« **LES EFFARES** Signé du 20 septembre 1870 – période à laquelle Rimbaud se rapproche du mouvement parnassien, il écrit à Théodore de Banville : « Je veux devenir parnassien sinon rien.

» La forme de ce poème est assez proche du Parnasse avec un système de rimes régulier ainsi que des strophes construites en octosyllabes et tétrasyllabes.

L’hiver 1870 connaît une augmentation de la pauvreté en France et surtout à Paris.

La défaite de la guerre contre la Prusse, l’empire est renversé, Paris assiégée et affamée. **Question :** Comment Rimbaud met-il déjà en place son pouvoir de « voyant » dans cette mise en scène de la misère ? Une double antithèse se dessine : le noir s’oppose à la blancheur de la neige, créant une scène contrastée où les Effarés demeurent encore inconnus.

Une deuxième antithèse émerge avec l'atténuation de ce contraste par la brume.

Au vers 2, les rôles sont inversés : normalement, la lumière entre par le soupirail dans la cave, mais ici, c’est l’inverse, le soupirail s’allume, presque personnifié.

Le poète brouille les pistes en introduisant un mot populaire inattendu en poésie, renforcé par l’assonance en [ü] de « brume », « s’allume », et « cul ».

La double circularité des « culs en rond » annonce déjà l'arrivée du pain. Le sujet de la phrase « cinq petits » est retardé jusqu'au centre du vers 4, créant un effet d'attente.

Il s'agit d'un adjectif substantivé, rappelant le titre lui-même, un participe passé employé comme substantif.

Cette utilisation variée des mots brouille les repères.

Les enfants sont « à genoux », une position symbolique ambiguë, pouvant évoquer soit une adoration divine, soit la soumission sous la misère.

Cette ambivalence persiste au vers 6, où le pain représente à la fois la nourriture et l’eucharistie. -La scène pathétique d’enfants à genoux devant ce soupirail est redoublée par la modélisation de la pitié dans le commentaire direct du poète, ponctué expressivement par « -misère ! » Les trois strophes s’ouvrent sur les différents organes des sens dans une construction anaphorique (« ils » + verbe relatif à un sens).

Les enfants voient au vers 7, ils écoutent au vers 10, ils sont blottis et donc se touchent au vers 13, enfin un « souffle » sort du soupirail touchant ainsi l’odorat au vers 14.

Seul le goût est absent, nous donnant déjà un indice sur la fin du poème. Le « fort bras blanc » du vers 7 fait écho au « lourd pain blond » du vers précédent, créant un rythme ternaire et suggérant une impression d’abondance.

La description du bras du boulanger, à la fois fort et gros, s’oppose à la fragilité des « cinq petits » de la strophe précédente. Un champ lexical de couleur est développé tout au long du poème : « le noir » et « le blanc » se retrouvent dans le gris de la pâte prête à cuire qui se transformera grâce à l’alchimie du boulanger en un pain « jaune », tel la boue se transformant en or. Le rythme du tercet, construit sur le même modèle grammatical (deux propositions subordonnées relatives coordonnées), ainsi que les deux enjambements, matérialisent le mouvement du boulanger. L’expression oxymorique « le trou clair », bien que le trou évoque habituellement quelque chose de sombre, rappelle le soupirail qui s’allume, même si, cette fois, il est plus attendu que le four soit une source de lumière. - La synesthésie dans le rapprochement de l’ouïe avec « ils écoutent » et du goût avec « le bon pain » désoriente le lecteur.

Rimbaud mélange ainsi les sens, ajoutant à la confusion. - Au vers 11, Rimbaud utilise l'hypallage pour mettre en avant le sourire du boulanger, à la fois bien portant et étrangement gai, accentuant ainsi la disparité entre lui et les enfants. - Le boulanger « chante un vieil air » tel un aède, le poète antique ; il transforme le pain gris en pain jaune, semblable au poète alchimiste transformant la boue en or.

Rimbaud poursuit ainsi la métaphore du boulanger/poète, mais avec une distance critique, car le sourire est décrit comme « gras ».

Cela évoque une certaine critique envers le poète moderne que Rimbaud aspire à devenir. La métaphore filée entre le soupirail et une mère dans ce tercet amplifie la tonalité pathétique, superposant les images dans l’esprit du lecteur.

Les enfants, « blottis » au vers 13, semblent trouver refuge et protection.

Le soupirail est personnifié, possédant un « souffle » au vers 14, et sa chaleur est comparée à celle d’un sein au vers 15.

Les enfants s’enivrent de ce qui leur manque : nourriture et chaleur d’un foyer, dans les deux sens de l’expression. Ce dernier mouvement est une longue phrase s'étendant sur les 7 tercets.

Trois propositions subordonnées circonstancielles de temps retardent l’apparition de la proposition principale « ils se ressentent si bien vivre ».

L’anaphore de la conjonction de subordination « quand » contribue également à retarder la chute, créant un horizon d’attente : les enfants vont-ils pouvoir manger du pain ? Cette construction montre « les cinq petits » comme hypnotisés par le spectacle de la fabrication du pain. - À nouveau, le poète nous désoriente en associant la conjonction de subordination temporelle « quand » à un groupe prépositionnel complément circonstanciel de lieu « sous les poutres enfumées ». - Tout un système de relation sensorielle se met en place tout au long du poème, associant les couleurs, les sensations de chaud ou de froid, les bruits...

Aux vers 20 et 21, les « croutes », rappelant la sensation de la main sur du pain, sont personnifiées et reliées à l’ouïe (elles chantent) ainsi qu’à l’odorat (elles sont parfumées).

Rimbaud utilise le substantif « grillons », renvoyant au chant du vers précédent et au jour qui se lève, mais surtout à la croûte du pain, suggérant un néologisme désignant des petits bouts de pains grillés. - Le trou est personnifié, tout comme l’était le soupirail dans la 5ème strophe.

Dans cette strophe, commence à poindre une critique de la religion.

Le trou chaud rappelle les enfers alors que le souffle de vie vient de Dieu.

Les images sont mêlées, créant un sentiment de confusion sur les notions de bien et de mal.

Le champ lexical de la religiosité heureuse (souffle de vie, âme, ravie) est sérieusement remis en question par les «.... »

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