Les Déracinés

« MAURICE ARRES Paru en 1897, cet ouvrage est le premier vo let de la fresque romanesque intitulée Le Roman de l'é nergie nationale , qui en comporte trois.

Suivront en 1900 , L'App el a u soldat et, e n 1902 , Leurs Figures dans lequel Barrès prend congé de ses per so nnages .

Né en 1862 en Lorrain e, mort en 192 3, Barr ès est surtout connu aujourd 'hui po ur avo ir été l'un des maître s à penser du nationalisme français.

Pourtant, cet homm e à la per sonnalit é complexe -dandy brillant voué au « Culte du moi », patriote attach é à sa terre par un amour quasi mystique -fut éga lement un stylisticien admiré p ar les plus grands écrivains , d'Ara gon à Gid e.

Peintures de Jean Béraud Les Déracinés Sur fond de décadence nationale, une génération perdue S ept bacheliers de Nancy, fortement impressionnés par M.

Bouteiller, leur professeur de philosophie, austère kantien et républicain sans âme, se rendent à Paris à la suite de leur maître qui vient d'être appelé par Gambetta.

Ils se jurent de réussir mais leurs voies divergent.

Roemerspacher prépare sa médecine, Suret-Lefort, son droit, Saint-Phlin, qui est un aristo­ crate, regagne sa province natale.

Le personnage central, Sturel (double de l'auteur) fait la cour à la jeune Thérèse Alison tout en devenant l'amant d'une riche Arménienne, Mme Aravian.

Il assume la direc­ tion de La Vraie Républiqu e, journal qu'il fonde avec ses amis.

Renaudin, arriviste sans scrupule, cherche des commanditaires ; Bouteiller, sollicité, se dérobe.

Modestes boursiers, Racadot et Mouchefrin, respon­ sables du journal, vont s'associer dans Je crime ; pour combler Je déficit du quotidien, ils agressent Mme Aravian afin de la dépouiller de ses bijoux.

Racadot la tue ; défendu par Suret-Lefort , il est guillotiné.

Le livre s'achève par le triomphe de Bouteiller, élu député de Lorraine.

Un roman engagé où Barrès expose sa théorie du nationalisme C 'est à Barrès qu'on doit le substantif « déraciné ».

Il écrit : « On n'a pas vu le double sens du mot déraciné .

On n'a pensé qu'à déraciné du terroir.

J'ai dit qu'ils sont isolés, détachés des idées des ancêtres.

Dé­ paysé ne m'a pas suffi.

»Les débuts dans la vie parisienne de cette poignée de provinciaux éclairent la thèse de l'auteur : pour lui, la race et la terre, génératrices d'équilibre, fondent et portent l'individu; hors du sol natal, coupé de ses liens naturels et de son milieu d'origine , l'homme se délite et perd sa substance.

Le récit de la désintégration des faibles et de l'ascension des habiles s'accompagne d'une description sans pitié d'une société politique­ ment décomposée, monde que connaît bien le député Barrès.

Dans ce tableau de la France républicaine des années 1880, le romancier introduit des personnages historiques, Taine, le banquier Reinach, et puise chez ses contemporains les modèles de ses héros.

XX< ' SIÈCLE Sept jeunes Lorrains quittent Nancy et se lancent à la conquête de Paris.

Un boulevard parisien au début du xxe siècle. »