Les Confessions de ROUSSEAU (Résumé & Analyse)

« Les Confessions de ROUSSEAU Parmi les nombreux ennemis de Rousseau, Voltaire a montré le plus d'acharnement.

Le conflit, sans cesse relancé par l'un ou par l'autre, fit tant de bruit queles deux noms devinrent vite inséparables !Témoignage d'une vie, Les Confessions sont aussi une « arme polémique » contre les adversaires de Rousseau, qui ambitionne de répondre à la calomniepar la vérité des faits. Cruellement incompris de ses contemporains, l'auteur tente l'impossible réconciliation par la plus folle des audaces : se raconter tout entier dans sa vériténue. Roman autobiographique de Jean-Jacques Rousseau, écrit entre 1765 et 1770. ContexteCette première grande autobiographie des Temps modernes est publiée à titre posthume en 1781 (les six premiers volumes), puis en 1788 (les sixderniers).

Elle annonce la période autobiographique de Rousseau (Dialogues, les Rêveries d'un promeneur solitaire), qui succède à sa période philosophique.Les Confessions sont en quelque sorte une justification de celui qui avait accusé la société de dénaturer l'homme ("La nature a fait l'homme heureux et bon,mais la société le déprave et le rend misérable", Dialogue troisième).

L'objet de Rousseau est formulé dans la phrase introductive des Confessions : "Jeforme une entreprise qui n'eut jamais d'exemple, et dont l'exécution n'aura point d'imitateur.

Je veux montrer à mes semblables un homme dans toute lavérité de la nature ; et cet homme, ce sera moi." RésuméL'ouvrage est l'histoire de la vie de Rousseau, depuis sa naissance jusqu'en 1766.

Il se divise en douze livres.Soucieux d'authenticité et de vérité, Rousseau révèle ses fautes autant que celles des autres, et reprend livre après livre l'ensemble des faits marquants quiont ponctué sa vie : le ruban volé ; le bonheur aux Charmettes ; la vie commune avec Thérèse Levasseur ; la gloire des années 1750 ; le "complot" ; sonconflit avec David Hume. Le prophète déchiréJean-Jacques Rousseau a bouleversé tout ce qu'il a touché.

Musicien, il invente un nouveau système de notation musicale ; pédagogue, il propose desméthodes d'éducation d'une hardiesse inconcevable ; penseur, il définit la notion de « contrat social », qui jette les fondements de la démocratie moderne.Enfin, écrivain, il révolutionne la littérature en osant, par l'invention de l'autobiographie, braver de front les conventions de son époque.

Un seul mot, en effet,peut résumer Les Confessions, œuvre qu'il achève en 1770 : « moi.

» C'est un affront au XVIIIe siècle rationaliste et extraverti, la négation, le reniementdes valeurs de toute une société.

Et en même temps, bien sûr, c'est le modèle, la bible dont s'inspireront au XIXe tous les romantiques.

Mais, négateur deson siècle et prophète d'un siècle encore inexistant, Jean-Jacques Rousseau n' appartient à aucun lieu, aucune époque ; il est pour cela un homme déchiré,et profondément malheureux.

Cet aspect humain, ce témoignage d'une authentique souffrance ne sont pas le moindre aspect de la prodigieuse modernité decet auteur, né en 1712, mort en 1778, et honoré au Panthéon depuis 1794. La pureté perdueDans la première partie des Confessions, Rousseau décrit son enfance et sa jeunesse : périodes d'insouciance, de liberté, de grands voyages et d'espacesinfinis.

Genève, la Savoie, Turin, puis l'immense Paris apparaissent cependant comme un parcours régressif, qui entraîne le jeune homme de la pureté versla corruption.

La rencontre, puis la séparation avec Mme de Warens, qui restera la femme de sa vie, rythment ce mouvement toujours descendant.

Laseconde partie est nettement plus noire.

Rousseau mène alors une vie retranchée, qui coïncide paradoxalement avec célébrité et gloire.

: celles-ci en effetont achevé de « souiller » Jean-Jacques, en l'éloignant de sa nature originelle.

A igri, Rousseau déforme les faits.

Son récit devient plaidoyer, puis sombredans la paranoïa. 1 • LE CONTEXTE En 1778, Rousseau meurt pauvre, malade et brouillé avec ses anciens amis.

Il laisse, entre autres écrits posthumes, Les Confessions, dont les sixpremiers livres ont été rédigés entre 1765 et 1767, et les six suivants entre 1769 et 1770.

Ses ennemis ont fait interdire les lectures publiques qu'il endonnait dans les salons littéraires.

Conçue comme un plaidoyer, dans un esprit polémique, l'oeuvre a en définitive révolutionné le genre autobiographique, eninstaurant un regard nouveau, « pré-psychanalytique », sur l'enfance et le moi. 2 • LE TEXTE Rousseau raconte d'abord son enfance à Genève, auprès de son père.

À seize ans, il rencontre Mme de Warens, auprès de qui, pendant neuf années, il parfaitson éducation littéraire et sentimentale.

À Paris, il fréquente les philosophes de l'Encyclopédie(Diderot, Voltaire, d'Alembert), avec lesquels il ne tarde pas à se brouiller.

Au paradis de l'enfance décrit dans les premiers livres succède le désarroi de lavieillesse : pourchassé, malade, contraint à l'exil, Rousseau, sous prétexte de confesser ses fautes, met en accusation la société corrompue qui n'a pas sule comprendre. 3 • LES THÈMES MAJEURS • Nature et sincéritéL'auteur a décidé de se peindre tel qu'il est, avec ses qualités et ses faiblesses.

Il revendique une sincérité absolue, qui répond à son amour de la campagneet de la solitude : « Je veux montrer à mes semblables un homme dans toute la vérité de la nature.

»• L'introspectionRousseau se met ici à nu.

Construisant son portrait à partir de la recherche des sensations et des observations de son enfance, il nous livre ses fautes etses remords comme le ferait un patient à son psychanalyste.Le complotPersuadé d'être l'objet d'une persécution, Rousseau rassemble les indices du « complot » qui, ourdi contre lui, viserait à étouffer sa voix, la voix de la vérité.Le désir de se disculper fausse sans cesse la confession, nourrie d'une méfiance décuplée envers ses contemporains, qui pousse l'auteur à noircir laméchanceté de ses adversaires. 4 • L'ÉCRITURE • Le goût du romanesqueRousseau revit son passé à la manière d'un romancier, au moyen de la mémoire affective.

Le récit, toujours très typé, se fait picaresque, enthousiaste,mutin, pathétique.

Le portrait se réduit souvent à des esquisses suggestives, qu'elles soient attendries ou caricaturales.• Éloquence et lyrismeSi le lyrisme apparaît parfois comme une stratégie argumentative, destinée à absoudre l'auteur par la confession ou à accabler ses ennemis, il a le plussouvent la fonction de recréer, musicalement, des émotions fortes, tel le bonheur aux Charmettes.• La poésie des descriptionsQu'il s'agisse d'une nuit passée à la belle étoile, de la vue d'une pervenche ou de la maison des bonheurs enfantins chez les Lambercier, la mémoireaffective donne à la description la fraîcheur des détails fragiles et magiques, où ressuscite le passé.. »