Les Cent Fleurs

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En 1956, soit sept ans après la révolution communiste, le pouvoir, qui vient d'opérer tambours battants une série de réformes économiques, s'est aliéné une bonne partie de la population. Dans les campagnes, les usines, les universités, des voix s'élèvent pour protester contre le caractère arbitraire et brutal de ces bouleversements. Au sein du parti communiste, c'est Mao lui-même qui est remis en cause. Il sait qu'il doit réagir vite et fort, sous peine d'être destitué. De plus, le malaise social qui touche toute la société laisse planer le spectre du drame qui se déroule au même moment en Hongrie, ce que Mao veut à tout prix éviter. Il propose donc de « libéraliser » le pouvoir, afin de retrouver la confiance des masses.Dans un discours du 2 mai 1956 intitulé « Laissez les Cent Fleurs s'épanouir », Mao demande aux membres du Parti et à la population de faire une sorte d'inventaire sur ce qui demande à être modifié dans la conduite des affaires du pays. D'abord timides, les critiques contre le pouvoir se font progressivement de plus en plus acerbes, notamment chez les étudiants, qui finissent par remettre en cause les fondements même du régime.Devant ce déferlement populaire, une large majorité des leaders communistes allument immédiatement un contre-feu. Une terrible répression, au nom de la lutte « anti-droitière », s'abat sur les milieux intellectuels, la presse, le mouvement étudiant, cependant que dans les régions et au sein du gouvernement, nombre de dirigeants sont limogés. Des centaines de milliers de personnes sont envoyés en « rééducation » à la campagne, certains sont internés dans des camps.Ce terrible retournement du pouvoir, que Mao laisse faire, permet aux autorités de bâillonner pour longtemps les milieux littéraires, la presse et les universités. Le régime renforce ainsi un peu plus sa dictature. Désormais, personne ne croit plus en Chine à la capacité du régime à se remettre en cause et à accepter de laisser le moindre espace de liberté d'expression ou de contestation.