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les Caractères La Bruyère « Castigat ridendo mores »

Publié le 30/03/2024

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« Introduction : Lorsqu'il rédige les Caractères à la fin du règne de Louis XIV, La Bruyère observe attentivement les courtisans de Versailles, qu'il fréquente, pour mieux les peindre à travers une galerie de portraits satiriques et mordants.

Il fait partie du mouvement du classicisme. Comme son contemporain Molière, il a recours à l'humour pour critiquer les défauts de son temps.

Ainsi, on pourrait rapprocher l'œuvre de La Bruyère et celle de Molière car La Bruyère emprunte de nombreux éléments au théâtre dans son ouvrage.

[PROBLEMATIQUE] Tout d'abord, Les Caractères sont constitués d'un vaste éventail de saynètes vivantes qui rappellent le théâtre.

De plus, La Bruyère, comme Molière, applique la devise de la comédie « Castigat ridendo mores », c’est-à-dire qu’elle « corrige les mœurs par le rire.

» Enfin, la dimension théâtrale des Caractères réside surtout dans la mise en scène par le moraliste de la comédie du monde. L’honnête homme La Bruyère utilise un modèle issu du classicisme afin de corriger les travers des hommes : l'honnête homme.

C’est un homme mesuré, convenable, cultivé, qui possède une capacité à s'exprimer de manière élégante et persuasive.

Ainsi, les portraits satiriques sont à lire comme des contre-modèles de l’honnête homme.

Observons le portrait d’Arrias dans le livre V.

Arrias est avant tout un hâbleur égoïste, aveuglé par son narcissisme.

Il vient bousculer les codes du savoir vivre en communauté : Il s’agit là de l’anti-modèle de l'honnête homme qui accapare la parole pour attirer la lumière sur lui.

Dans ce passage, La Bruyère porte une réflexion sur les attributs langagiers à éviter.

L'égocentrisme est donc incontestablement une caractéristique contre les règles de la conversation. La Bruyère utilise ces contre-modèles du classicisme pour mettre en relief les qualités de l'honnête homme et pour montrer les vices et les défauts que celui-ci doit éviter.

Ces personnages représentent donc une dimension importante de l'œuvre de La Bruyère, qui permettent au lecteur de mieux comprendre les valeurs et les idéaux que l'auteur souhaite transmettre. Theatrum mundi Les moralistes du XVIIe siècle considéraient la société comme un grand theatrum mundi ("théâtre du monde"), où chaque individu jouait un rôle pour montrer sa richesse et son succès.

Ils estimaient que cette façon de vivre était trompeuse et superficielle, où tout le monde cherchait à être vu.

Par exemple, La Bruyère affirmait que les gens allaient à Paris "pour se regarder au visage et se désapprouver les uns les autres".

Ils comparaient les courtisans à des acteurs.

Cette manière de vivre était jugée néfaste car elle encourageait la fausseté et détruisait la sincérité, une valeur importante à l'époque.

Pour La Bruyère, la cour et la ville étaient des lieux de changement perpétuel, où rien n'était stable.

On retrouve cette idée d'agitation dans son portrait de Simon et Clitandre, où il décrit "l'empressement, l’inquiétude, la curiosité, l’activité". Observateur discret Plutôt que l’attaque direct, La Bruyère utilise un moyen indirect pour critiquer la Cour : il adopte le regard naïf d'un étranger.

Ainsi, il met en lumière les excès de la Cour : les plaisirs sensuels, les comportements excentriques des femmes, les perruques ridicules.

Il en va de même pour la religion : les rituels figés et absurdes cachent mal la soumission du peuple au Roi.

Le choix du regard étranger de La Bruyère préfigure, quelques années plus tard, le regard satirique d'Usbek sur les coutumes et les institutions françaises dans les "Lettres Persanes" de Montesquieu.

On peut retrouver l'utilisation de ce regard étranger dans la remarque 74 du chapitre sur la cour, où il décrit le fonctionnement d'une région où le roi est comparé à Dieu, en utilisant ce point de vue extérieur. Témoin de cette comédie Au-delà de simplement observer de manière indirecte, La Bruyère est aussi un témoin de la comédie sociale.

À travers ses remarques, il met en lumière cette comédie sociale où chacun joue un rôle, par nécessité ou par vanité.

Dans la société de l'époque, tout est une question d'apparence, derrière laquelle se cache la véritable nature des individus. C'est particulièrement vrai à la cour : "Il y a un pays où les joies sont visibles, mais fausses, et les chagrins cachés, mais réels".(VIII 63) Tout le monde porte des masques.

Les Parisiens vont dans les endroits à la mode uniquement pour être vus et pour montrer leurs carrosses, leurs chevaux, leurs vêtements.

Même des gens modestes comme les brodeurs et les confiseurs essaient de paraître importants et imitent la royauté.

Les caractères de La Bruyère dévoilent les masques que tout le monde porte. Il n'est pas le seul écrivain à avoir observé son époque et à avoir dévoilé ce jeu des apparences au sein de la société.

On peut également citer "Illusions perdues" de Balzac.

À travers le personnage de l'abbé Herrera, qui offre sa protection au héros, Balzac révèle les profondes réalités de la société à l'époque de la Restauration, qu'il découvre après ses propres observations. L’argent Dans le livre 6 “ Des biens de fortune “ la bruyère dénonce la supériorité de l’argent sur la vertu et le mérite, en effet l’argent perturbe l’ordre sociale, a l’époque on est sur l’ancien régime a une époque régie par une société d’ordre “ le clergé, le tiers-états et la noblesse “Or la bruyère estime que le mérite aristocratique se perd au profit du règne de l’argent et cela à cause de la montée en puissance de la bourgeoisie.

Giton par exemple dans le livre 6 incarne le riche qui se donne tous les droits sur les autres en raison de sa fortune, et pourtant sa fortune ne semble pas le fruit d’un travail abandonné car la bruyère écrit “ il dort le jour, il dort la nuit “.

L'argent est donc devenu un instrument de décadence.

Et celui qui ne possède pas d’argent comme pédon dans le livre 6 et rejeté par la société et inapte à toute interaction sociale L’art de gouverner Dans le livre X “ Du souverain ou de la République “, La Bruyère réfléchit au meilleur gouvernement possible.

Il critique la tyrannie qu’il décrit comme la manière le plus horrible étal plus grossier de se maintenir. Il critique aussi la guerre, le désir de conquête de certains princes.

Pour lui, le roi doit être le “père du peuple” et assurer la paix et la tranquillité publique et non pour suivre sa gloire personnelle.

Dans la remarque 29 du livre X la bruyère représente même le roi comme un berger qui conduit son peuple avec justice fermeté mais surtout sobriété et humilité.

En fait, on reconnaît aisément dans ses remarques la transposition de l’idéal de l’honnête homme en politique.

Finalement le souverain doit diriger le peuple en honnête homme. Caractéristiques d’écriture lié au classicisme : La bruyère veut étudier l’homme et l'âme humaine et pour cela il adopte une écriture prenant la forme de maxime souvent brève faisant penser au maximum de la Rochefoucauld moraliste du 17ème siècle.

Les maximes sont des affirmations de valeurs universelles, au présent de vérité générale.

Par exemple au livre V remarque 1 “ un caractère bien fade est celui de n’en avoir aucun ».

Mais les caractères relèvent avant tout d’une écriture satirique, la bruyère a souvent recours au portrait en action qui lui permet de brosser rapidement une caricature.

Un des procédés qu’il utilise très souvent et la juxtaposition de propositions et les énumérations créent un effet cumulatif qui montre la démesure et l’impolitesse des personnages décrits.

Par exemple dans le portrait de théodicée dans le livre V remarque 12 “ il rit, il crie, il éclate “ou “ il mange, il boit, il conte, il plaisante “.

Par ailleurs, les auteurs du classicisme, incluant La Bruyère, se sont fortement influencés par l'antiquité.

En effet, l’auteur s’est largement inspiré du travail de Théophraste, un philosophe grec de l'antiquité.

Le philosophe a également écrit une série intitulée Les Caractères dans laquelle il décrit et analyse aussi les traits de caractère des gens de son époque.

La Bruyère a emprunté la méthode de Théophraste pour décrire les personnages de son livre.

Par exemple, Théophraste, dans livre V, est un homme représenté par son manque de civilité.

Il abuse du respect qu’on lui doit.

De plus, observons Troile, également dans le livre V.

C’est un personnage qui possède “la parole d'évangile”.

Si la nourriture est mauvaise d'après lui, c’est qu’elle est.

Si un homme est laid, c’est qu’il est vraiment moche.

Les gens sont soumis à sa parole et nul homme ne peut le contredire.

En utilisant la méthode de Théophraste, La Bruyère a créé une série de portraits de personnages qui représentent différents types de caractères et de comportements.

Chaque personnage.... »

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