L'empire que Louis le Pieux a hérité de Charlemagne se déchiredans l'apocalypse de guerres civiles qui durent depuis des années.

« L’empire que Louis le Pieux a hérité de Charlemagne se déchire dans l’apocalypse de guerres civiles qui durent depuis des années.

A la mort de l’empereur en 840, son premier fils, Lothaire revendique les dispositions prises par son père en 817 avec l’Ordinatio imperii . Il exige que la plus grande part de l’héritage paternel lui soit attribuée.

Ce que ni Louis le Germanique ni Charles le Chauve, ses deux frères survivants, ne peuvent admettre. Lhotaire ne se prive pas de faire des largesses à leurs vassaux pour les rallier.

Avant qu’il ne soit trop tard, menacés, les deux frères rassemblent leurs troupes.

Le 25 juin 841, à Fontenoy-en-Puisaye, Lothaire est défait. A Strasbourg, en février 842, en face de leurs armées respectives, chacun des deux rois prononce dans la langue de l’autre le même serment.

Charles jure en tudesque.

Louis le Germanique jure en roman : “ Si salvarai eo sist meon fradre Carlo.

Je secourrai ce mien frère Charles par mon aide ”. Cousin de ces princes, lui-même petit fils de Charlemagne, lettré et guerrier, Nithard recopie dans l’Histoire des fils de Louis le Pieux, qu’il rédige à la demande de Charles le Chauve, ces serments prononcés dans les deux langues que l’on dit encore vulgaires.

Tous les actes officiels ont jusqu’alors toujours été écrits en latin.

Pour la première fois, la langue française est utilisée dans un écrit.

Si l’histoire d’un peuple est l’histoire de sa langue, c’est à Strasbourg, en 842, que commence l’histoire de la France. Un an plus tard, en août 843, à Verdun, Lothaire, Louis et Charles achèvent de démembrer l’empire.

A Lothaire échoit la Toscane, la Lombardie, la Provence, la Bourgogne et la Lorraine, jusqu’à l’embouchure du Rhin et à la mer du Nord.

Louis reçoit la Bohème, la Bavière, l’Alamannie, l’Austrasie et la Saxe.

Quant à Charles ce sont les terres à l’ouest de l’Escaut, de la Meuse, de la Saône et du Rhône qui sont son lot.

Ces territoires ne cesseront pas d’être ceux de l’histoire de la France.. »