L'écriture théâtrale de Lorenzaccio

« L'écriture théâtrale de Lorenzaccio L'écriture d'une œuvre, ce n'est pas seulement l'expres­ sion, mais plus globalement les orientations stylistiques : la position adoptée dans le choix des tonalités -comique, dra­ matique, tragique, etc.

-, dans la conduite des récits, des descriptions, de la peinture des caractères.

L'écriture théâ­ trale, c'est l'art de tenir compte des conditions particulières du genre, de donner la vie aux personnages, de rendre natu­ rels les dialogues.

Ce qui frappe dans Lorenzaccio, c'est la variété de cette écriture, c'est la diversité introduite aussi bien dans les formes que dans les registres.

LA VARIÉTÉ DES FORMES La diversité des formes est étonnante.

Elle apparaît d'abord dans la nature même des répliques.

Parfois, Musset procède par interventions rapides (acte 1, scène 2), utilise une expression volontairement négligée propre à la langue parlée (début de la scène 3 de l'acte Ill), accumule les excla­ mations qui animent le style (acte 11, scène 5), multiplie les interrogations qui relancent le dialogue (acte 1, scène 1 ).

Mais il sacrifie aussi aux tirades interminables, à ces véri­ tables dissertations en style soutenu, cultivées de façon si excessive par tous les dramaturges romantiques : les déve­ loppements successifs auxquels se livre Lorenzaccio, à la scène 3 de l'acte IV, sont, à cet égard, significatifs.

Il ménage de savants contrastes entre les grands mouve­ ments de foule (acte 1, scène 2) et les moments d'intimité (acte 1, scène 3).

Il fait se succéder peintures des caractères (voir le portrait du cardinal à la scène 3 de l'acte Il), récits (voir le résumé que fait Lorenzo de son action à la scène 3 de l'acte Ill) et parties descriptives (voir l'évocation champêtre à laquelle se livre Lorenzo à la scène 9 de l'acte IV ).. »