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LE VEUVAGE

Publié le 17/05/2020

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« UNE RÉALITÉ SOCIALE ETUN STATUT JURIDIQUE Si le veuvage a toujours existé , la situation des veufs et surtout des veuves est très variable d'un pays à un autre , et a considérablement évolué dans le temps.

« Défendre la veuve et l'orphelin ":le fait même que dans l'expression connue de tous la veuve serve à incarner les plus faibles et les plus pauvres de la société est emblématique du sort qui leur a longtemps été réservé.

Véritable personnage public , repérable socialement par ses habits noirs , la veuve «tra ditionnelle " bénéficiait de solidarités familiales , religieuses ou professionnelles dans le cadre des corporations, mais ne jouissait en revanche d'aucu ne reconnaissance juridique et d'aucun droit.

Il faudra deux guerres et de profondes mutations socioculturelles, affectant aussi bien l'institution familiale que le statut de la femme, pour que le sort réservé aux veuves s'améliore .

LE VEUVAGE : UNE ÉPREUVE PERSONNELLE Perdre son conjoint est avant tout un choc tdfKtJf qui réclame du temps.

Le retour à la réalité d'une vie qui a perdu une de ses raisons d'être ne se fait que progressivement.

Mais , outre la dimens ion psychologique , ce sont des réalités également économiques, juridiques et administratives qui s'imposent aux survivants endeuillés .

Si la perte d'un conjoint peut être vécue différemment par chaque individu, elle a toujours quelque chose de vertigineux .

Du choc au· développement d'une nouvelle vie faite de nouveaux projets , d'un nouveau couple ou de souvenirs des temps révolus , le veuvage est avant tout un cheminement et un vécu personnels .

UN CHOC INTIME Autrefois, croyances religieuses et rltts funéraires permettaient de donner du sens mais aussi une dimension collective à la mort .

Avec l'affirmation du fondement affectif du couple, la famille comme les rites de passage se sont privatisés.

Dès lors, quelle qu'ait été la nature des relation s d'amour, de confiance , de protection ou parfois même de maltraitance qui unissaient le couple, le décès de l'un laisse le conjoint survivant seul face à une vie nouvelle à accepter d 'abord et à réinventer ensuite.

l'enjeu du travail de deuil est alors de parvenir à réaliser la situation, c'est-à-dire à prendre conscience de la réalité de la disparition et de ses conséquences pour pouvoir les accepter et dans un second temps , reconstruire une « nouvelle " vie.

Mais ce travail ne se fait pas du jour au lendema in.

A insi, à une période de choc succède une phase dite de désorganisation , durant laquelle le conjoint survivant prend la réelle mesure de la perte.

Il faut s'occuper , affronter les premiers anniversaires , les premières vacances ...

La négation de la réalité peut alors être un mécanisme psychologique de défense destiné à atténuer la souffrance: c 'est la phase de déni, qui n'a rien d 'anormal.

Malgré cela, le travail dt dtuil se fait souterrain.

Les défenses se fissurent au profit d'une conscience plus claire de la réalité.

Peur , tristesse, sentiment de trahi son, d'abandon , colère , culpabilité peuvent cohabiter ou se succéder de façon très rapide .

Cette période, durant laquelle la personne endeuillée exprime ses émotions , ouvre la voie vers l'acceptation de la réalité et à terme, vers une possible reconstruction .

Le conjoint survivant développe de nouvelle s amitiés et découvre de nouvelles activités ...

De façon parfois volontariste ou inconsciente émerge une nouvelle vie, dans laquelle le conjoint disparu continue souvent d'habiter les nuits , les pièces et certains objets .

UN CHOC SOCIAL n FINANCIER Au-delà de la seule dimension affective , le décès d'un conjoint touche la vie sociale du survivant et de ses éventuels enfants , en affectant leur niveau et leur mode de vie ainsi que leur réseau de sociabilité .

On assiste de façon générale à une tendance au repli sur soi, au désinvest isseme nt et à l'apathie.

S'occuper de soi, cuisiner, sortir, écouter et raconter, tout parait vain et inutile.

On comprend alors l'importance du soutien dts proches venus de cercles familiaux , amicaux , profes sionnels , et tout simplement du voisinage, qui permet au survivant de mesurer ce qu'il représente pour les autres et éven tuellement ce qu'il peut leur apporter.

Toutefois , la période suivant le décès est aussi une p ériod e de recompo sition et parfois de fragilisation des liens sociaux .

Il n'est en effet pas rare que des relations qu'on avait développées en tant que couple ou qui étaient davantage liées au défunt se fassent rares.

Cela vaut a fortiori pour des femmes qui n 'ont jamais travaillé et ont parfois déménagé au gré des activités professionnelles de leur mari.

D'autant que cette situation se conjugue alors avec une sensible chute des revenus , rendant pour certaines les déplacements , les communications et les sorties inabordables.

personnes agées en couple , ...,.._ilioiiiil s'avère alors déterminant.

Une étude réalisée en 1997 montrait cependant que les hommes et les femmes veufs de plus de 75 ans déclaraient se sentir seul s à 66 et 85 %, contre 17, 7 et 26, 6 % pour les mariés .

La façon de concevoir la disparition d e l'autre et son deuil personnel est intimement liée à la capacité d'envisager un après .

De ce point de vue, il apparaît que ceux et celles qui restent stuls avtc dts enfants ont tendance à ne pas ou à moin s s'autoriser de décrochage du quotidien que les autres .

Que ce soit au nom du défunt ou malgré son abandon, le survivant puise alors dans le rôle qu'il joue auprès des enfants le sens et les forces qui lui permettent d'tdfronter lt quotidien.

Il apparaît que l'age et le sexe constituent également des variables importantes pour rendre compte des différentes façon s de vivre le deuil et d'en sortir.

Ainsi , les personnes âgées plus que les jeunes peuvent renoncer à l'idée même de refaire leur vie et acceptent parfois de rester recluses dans leur appartement et leurs souvenir s.

Par ailleurs, les femmes ont nettement moins tendance que les homme s à revivre en couple, que ce soit dans le mariage ou en dehor s.

Ainsi que le résument Christiane Delbès et Joëlle Gaymu dans Le Choc du veuvage à l'orée de la vieillesse , paru en 2002, « une femme devenue veuve à 45 ans a la même probabilité de se remarier (7 %) qu'un homme veuf à 65 ans [ ...

).

Les veuves ne refont quasiment jamais leur vie.

La très faible proportion d'entre elles qui reforment une union hors mariage renforce ce constat».

Toutefois, une vie en dehors du couple existe ; nombre de veuves développent ainsi des amitiés nouvelles avec lesquelles elles partent en vacances , vont au cinéma , s'investi ssent dans des associations ou de nouveaux loisirs, inventant une nouvelle existence « libérée " de la vie à deux.

UNE QUESTION SOCIALE Devenus invisible s socialement avec la disparition des rituels de deuil et des habits noirs traditionnels , devenus invisibles statistiquement car souvent répartis entre célibataires et familles monoparentales, les veufs et veuves sont pourtant 3,85 millions si l'on ne compte que ceux qui ont perdu leur conjoint et 4 ,85 millions si on ajoute ceux qui ont perdu leur concubin .

Parmi eux, plus de 73% de femmes .

La question du veuvage est donc intimement liée à la question féminine .

UN STATUT ACQUIS AVEC L'ÉMANCIPATION DES FEMMES Si l'espérance de vie a doublé depuis 1900, passant de 40 ans à plus de 80 en 2004, les femmes vivent toujours sept ans de plus que les hommes , ce qui explique que plus de 73 % des veufs soient des veuves , dont le sort apparaît peu enviable par rapport à la minorité masculine.

Ainsi , la retraite totale des allocataires d 'une pension de réversion était en 2004 de 1 513 euros pour les hommes contre 1 028 pour les femmes.

Or, parmi les femmes , qui constituent plus de 90% des allocataires de pension de réversion , 28 % n'ont aucun droit direct (personnel) à la retraite.

Parmi les femmes actives , 40 % partent à la retraite sans avoir suffisamment cotisé pour toucher une retraite à taux plein .

D'ailleurs, en 2003 , 64% des allocataires du minimum vieillesse étaient des femmes, pour la plupart très âgées.

Autant de statistiques qui relient les inégalités économiques dont les veuves sont victimes au modèle de la lrmmeau foyer qui s'impose après guerre.

Cela ne signifie pas que les femmes soient improductives économiquement et socialement ; au contraire, elles assurent l'éducation des enfants, le travail domestique , et permettent à leur époux salarié de s'investir dans sa carrière ou travaillent avec lui lorsqu'il est indépendant (la loi du 2 août 2005 définit néanmoins un statut de conjoint collaborateur aux épouses d'artisans et commerçants, avec obligation d'affiliation aux régimes d'assurance vieillesse .) Mais, dans un cas comme dans l'autre , leur travail est encore rarement déclaré et reconnu , et n'est pas accompagné de droits sociaux .

Qu'elles soient jeunes et mère s ou agées, les veuves alimentent les statistiques de la pauvreté .

C'est sur cette base que le statut des veuves civiles va être progressivement reconnu et amélioré, en même temps que les conquites fémlnlstts et que la constitution d'un État- -""""-- providence .

Créer un statut et des droits aux veuves revient en effet à reconnaître leur rôle familial, ainsi que les préjudices professionnels qu'elles ont subis pour assurer leur rôle d'épouse et de mère.

La généralisation du public au privé 1945 Instauration d'une pension de réversion dans le régime général 1960 Création d'une pension de réversion des caisses complémentaire s 1971 Créa6on de l'alloca6on orphelin qui deviendra l'alloca6on de soutien familial en 1985 1980 Instauration de l'assurance veuv age des6née aux veuves demains de 55 ans dénuées de droits en mati ère de réversion etayant des revenus faibles (inférieurs à 7 792 euros par on en 2004) 1999 Autoriso6on du cumul de /'olloco6on veuvage et des revenus professionnels 2001 Amélioro6on de la place du conjoint survivant dans l'ordre successoral Nombre de personnes touchées par le vepvage precoce. »

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