Le symbole dans la poésie de Vigny

« Le symbole dans la poésie de Vigny Nous n'avons rien dit, directement, de ce sujet.

Il faut d'abord définir le symbole tel que l'a conçu Vigny et endonner les exemples. En principe, le symbole est une comparaison : le poète nous décrit un être animé ou inanimé, ou un tableau, ou biennous fait voir toute une scène qui sont destinés à nous intéresser non par eux-mêmes, mais par une comparaisonavec une idée, un sentiment plus généraux, dont l'être, le tableau, la scène sont une sorte d'image.

En principe, sila comparaison est faite explicitement par l'écrivain, il y a comparaison; si elle est simplement suggérée, il y asymbole. Voici les principaux symboles de Vigny : Moïse, symbole de l'homme de génie ; Chatterton, symbole du poèteméprisé par une société stupide (ici, il y a plutôt un cas que l'écrivain nous invite à généraliser) ; la Mort du loup(symbole-comparaison à la fois de celui qui vit solitaire et de celui qui souffre et meurt sans parler) ; la Colère deSamson (cas à généraliser de l'esprit de trahison des femmes) ; la Maison du berger (où la maison du berger est lesymbole d'une solitude à deux, livrée à la tendresse et la méditation) ; la Bouteille à la mer (symbole-comparaison dece qu'il y a d'impérissable dans la science).

Dans des pièces plus médiocres : la Sauvage, cas à généraliser desbienfaits de la civilisation; la Flûte, symbole-comparaison du rêve, d'un idéal qui transfigurent une réalité médiocre. Que vaut, poétiquement, ce procédé du symbole ? Notons d'abord que ce n'est pas Vigny qui l'invente ; il est aussivieux que la poésie et l'imagination.

Lorsque Boileau écrit : Minerve est la prudence et Vénus la beauté, il fait de toute la mythologie un ensemble de symboles.

Tous les contesde Voltaire sont des cas que le philosophe satirique nous invite à généraliser.

Il y a des symboles chez Lamartine(par exemple dans les allocutions de Jocelyn à ses paroissiens), chez V.

Hugo (par exemple la Vache dans les Voixintérieures), avant la composition des Destinées.

Vigny n'invente même pas ses symboles : Byron parle de la mortsolitaire du loup, Bernardin de Saint-Pierre de la bouteille à la mer; ou ceux qu'il invente n'ont aucun caractèrefrappant d'originalité.

Mais il est vrai, d'une part, que Vigny est le premier à en avoir fait un usage continu et, àpartir des poèmes des Destinées, pour ainsi dire systématique; d'autre part, que l'invention du symbole importemoins que la pensée, l'émotion qu'il exprime.

L'image symbolique vaut par la façon dont le poète sait l'imposer àl'émotion du lecteur ; et nous avons vu dans les sujets précédents (notamment n° 288) quelle est la vigueuroriginale de la pensée poétique de Vigny. Plan.

— I.

Le symbole avant Vigny.

— II.

Symboles de Vigny; en eux-mêmes ils n'ont ni originalité, ni ingéniosité.

—III.

Mais leur portée philosophique.

— IV.

Et puissance d'accent de Vigny (sujet 291).. »