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Le seul engagement possible, pour l'écrivain, c'est la littérature. Alain Robbe-Grillet.

Publié le 16/05/2020

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« Le seul engagement possible, pour l'écrivain, c'est la littérature.

Alain Robbe-Grillet. Fortement contesté par la critique à l'occasion de la publication de ses premiers livres, Alain Robbe-Grillet, quis'affirme comme le chef de file de ce que l'on nommera le « nouveau roman», prit la parole dans la presse pourdéfendre sa conception de la littérature et répondre aux attaques dont il avait été l'objet.Entre octobre 1955 et février 1956, il est ainsi l'auteur de neuf articles publiés dans L'Express et qui sont pour luil'occasion de définir, à l'attention d'un large public, l'esthétique romanesque déroutante dont procèdent ses deuxpremiers ouvrages : Les Gommes (1953) et Le Voyeur (1955).

Feront suite à ces textes d'autres articles qui,remaniés ou repris tels quels, figureront dans le seul ouvrage proprement théorique dont Robbe-Grillet ait jamais étél'auteur : Pour un nouveau roman (1963, Minuit).Parmi ces textes : «Nouveau roman, homme nouveau » publié originellement dans la Revue de Paris de septembre1961.

Robbe-Grillet y précise une fois de plus — mais non sans se livrer à d'importantes corrections — sa positionsur la question du roman.

L'article s'achève sur deux brefs paragraphes consacrés au problème de l'engagementlittéraire.

Sous un intertitre qui affirme : Le seul engagement possible, pour l'écrivain, c'est la littérature », on peutlire :«Il n'est pas raisonnable, dès lors, de prétendre dans nos romans servir une cause politique, même une cause quinous paraît juste, même si dans notre vie politique nous militons pour son triomphe.

La vie politique nous oblige sanscesse à supposer des significations connues : significations sociales, significations historiques, significationsmorales.

L'art est plus modeste — ou plus ambitieux — : pour lui, rien n'est jamais connu d'avance.Avant l'oeuvre, il n'y a rien, pas de certitude, pas de thèse, pas de message.

Croire que le romancier a "quelquechose à dire", et qu'il cherche ensuite comment le dire, représente le plus grave des contresens.

Car c'estprécisément ce "comment", cette manière de dire, qui constitue son projet d'écrivain, projet obscur entre tous, etqui sera plus tard le contenu douteux de son livre.

C'est peut-être, en fin de compte, ce contenu douteux d'unobscur projet de forme qui servira le mieux la cause de la liberté.

Mais à quelle échéance ? » On ne peut comprendre la position de Robbe-Grillet sur la question de l'engagement qu'à la lumière de sa conceptiond'ensemble du roman.Pour Robbe-Grillet, le roman ne doit être le lieu d'aucune signification toute faite, d'aucun message.

Il doit êtrel'espace d'une recherche permanente par laquelle le sens se trouve perpétuellement mis en question, suspendu.

Leroman ne représente plus une réalité qui lui serait extérieure mais il se veut construction — selon des règles qu'ils'assigne à lui-même — d'un texte qui ne tire sa réalité que de la forme qu'il se donne.

Pour reprendre la célèbreformule de Jean Ricardou, le roman cesse de se vouloir l'écriture d'une aventure pour devenir l'aventure d'uneécriture.Toute possibilité d'engagement au sens traditionnel du terme, du coup, s'effondre.

Le roman engagé se définit eneffet par le message politique qu'il se propose de transmettre au lecteur : il est le véhicule d'un sens, d'une thèse àlaquelle il se réduit et qui lui donne toute sa valeur.

Avec une signification donnée à l'avance et une littérature dontle projet se ramène à l'expression d'un sens et non à la mise en question de celui-ci, on se trouve aux antipodes dunouveau roman.

On comprend donc la virulence avec laquelle Robbe-Grillet s'en prend à la notion d'engagement.

Le texte le plusexplicite à cet égard est sans doute celui d'un article publié en 1957 sous le titre de « Sur quelques notionspérimées » et repris ultérieurement dans Pour un nouveau roman.

Il y explique que, aussi séduisante que soit l'idéed'une conjonction entre révolution politique et révolution artistique, celle-ci n'est qu'une illusion : « En effet, du point de vue de la révolution, tout doit concourir directement au but final : la libération duprolétariat...

Tout, y compris la littérature, la peinture, etc.

Mais pour l'artiste au contraire, et en dépit de sesconvictions politiques les plus fermes, en dépit même de sa bonne volonté de militant, l'art ne peut être réduit àl'état de moyen au service d'une cause qui le dépasserait, celle-ci fût-elle la plus juste, la plus exaltante ; l'artistene met rien au-dessus de son travail, et il s'aperçoit vite qu'il ne peut créer que pour rien; la moindre directiveextérieure le paralyse, le moindre souci de didactisme, ou seulement de signification, lui est une insupportable gêne ;quel que soit son attachement au parti ou aux idées généreuses, l'instant de la création ne peut que le ramener auxseuls problèmes de son art.» Prenant acte de l'impasse artistique que constitue le réalisme socialiste, Robbe-Grillet ne peut donc qu'affirmer qu'iln'est pas d'autre engagement pour l'écrivain que la littérature elle-même.Telle est également la conclusion qui se dégage d'un texte de Robbe-Grillet diffusé par France-Culture en février1977 sous le titre de «L'engagement de l'artiste ».

Il y affirme : «L'engagement politique de l'écrivain, j'ai longuement expliqué ce que j'en pensais, c'est-à-dire ceci: je peux avoirune vie politique, lutter pour telle ou telle cause dans ma vie de citoyen, ça ne veut pas du tout dire que je puisse— ou que je doive — mettre mes œuvres au service de cette cause.». »

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