Le rationnementL'ère du rutabaga.
Publié le 17/05/2020
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L'ère du rutabaga
A la déclaration de guerre de septembre
1939, la seule idée d'un possible ration
nement des produits de consommation
courante semblait absurde
à tous les Français.
Moins d'un an après, il deve
nait la réalité obsédante de la vie quoti
dienne.
D'abord imposé par l'autorité
allemande dans
les villes conquises ou
instauré par les municipalités devant
ravitailler les réfugiés, il est très vite ins
titutionnalisé par le gouvernement de
Vichy .
Le ministère du Ravitaillement,
créé le 17 juillet 1940, annonce, dès le 1•• août, un rationnement du pain, des pâ
tes alimentaires, du sucre, des produits
laitiers, de l'huile et du savon.
Deux
mois plus tard, une loi est consacrée au
mode de distribution des produits
rationnés.
La délivrance des cartes d'alimentation
s'ouvre le 23 septembre 1940.
Elle inau
gure une division de la population en
catégories d'âges et d'activités, définies
chacune par une lettre et une ration
ali mentaire correspondante: E (enfants de
moins de 3 ans), J 1 (de 3 à 6 ans), J2 (de
6 à
13 ans) , J3 (de 13 à 21 ans), A
(adultes jusqu'à 70 ans), T (travailleurs
de force), C (cultivateurs), V (au-dessus
de
70 ans).
La ration officielle moyenne
assure quotidiennement environ 1200 calories.
Elle constitue à Paris, en 1942,
une diminution de la consommation de
8 7 % pour la viande, de 7 5 % pour
le
beurre, de 73% pour les pommes de
terre par référence à 1939.
1940-1946
La liste des produits en vente exclusive
ment contre tickets ne cesse d'ailleurs de
s'allonger.
Elle comprendra également
le poisson, les légumes secs, les légumes
verts, les navets et même, durant un
temps, les rutabagas,
lè vin (4 litres par
mois), le tabac (4 paquets de cigarettes
par mois).
Mais le rationnement ne se
limite pas à l'alimentation.
Il s'applique
également au charbon et au gaz de ville.
Un système fort compliqué de «points
textiles» a été institué pour les acquisi
tions de linge de maison ou de corps,
alors que celles de vêtements et de
chaussures exigent des
«bons d'achat» délivrés (ou refusés) par les mairies.
L'achat de presque tous les produits
fabriqués est subordonné à une autori
sation préalable, qu'il s'agisse des pneu
matiques de bicyclette, de l'appareillage
sanitaire , de la ficelle lieuse pour les
agriculteurs ou du papier des imprime
ries.
Un intense «marché noir» compen
se les restrictions pour les familles et fait la fortune de certains intermédiaires.
En
1944, le rationnement et les restrictions
s'étendent à tous les biens de consom
mation et
le retour à la «vente libre», puis à l'abondance, ne s'amorcera qu'en
1946.
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