Le portrait de mademoiselle de Chartres
Publié le 11/11/2022
Extrait du document
«
La Princesse de Clèves paraît, anonymement, en 1678.
On peut, pourtant,
considérer que Mme de Lafayette en est l’auteur.
Si elle ne l’affirmera
jamais publiquement, elle avouera, à demi-mots, l’avoir écrit dans une
lettre.
Lorsque le texte paraît, elle est proche du groupe de Port-Royal,
haut lieu du jansénisme qui véhicule une vision pessimiste de l’être
humain et souligne que personne ne peut trouver le salut sans la grâce de
Dieu.
L’amour est envisagé comme une force dévastatrice, signe de la
défaite de la raison.
Mme de Chartres, mère de la princesse de Clèves,
enseigne à sa fille les dangers de la passion mais celle-ci, nourrissant
estime et respect pour son mari, M de Clèves, va être déstabilisée par les
sentiments que lui inspire le duc de Nemours.
Le roman, qui s’est ouvert
sur un tableau de la Cour d’Henri II, voit apparaître un être d’exception,
Mlle de Chartres, future princesse de Clèves.
Néanmoins, la place centrale
de cet extrait n’est pas occupée par le portrait de l’héroïne mais par
l’éducation menée par Mme de Chartres.
Ainsi, la lecture du texte nous invite à nous demander en quoi l’éducation
vertueuse voulue par Mme de Chartres va déterminer la suite du roman.
Pour répondre à cette question, nous étudierons le texte selon trois
mouvements : l’apparition de Mlle de Chartres de la ligne 1 à 4,
l’éducation de Mme de Chartres de la ligne 4 à 17 et enfin le retour au
premier plan de la future princesse de Clèves de la ligne 18 à 24.
I/ L’apparition de Mlle de Chartres (l 1 à 4)
Chose surprenante, le nom de l’héroïne ne figure pas en ouverture du
portrait qui commence par une sorte d’énigme, par une formule qui
rappelle celle des contes de fées : « Il parut alors une beauté à la cour » (l
1) Il y a un effet d’attente voulu par la narratrice.
En effet, la périphrase :
« une beauté » demeure vague et incertaine.
Il n’en demeure pas moins
que l’adverbe : « alors » traduit le bouleversement que constitue
l’apparition de cette inconnue à la Cour.
Elle se révèle être un personnage
exceptionnel dans la mesure où elle suscite l’attention dans un lieu où
règne la beauté comme l’indique l’hyperbole : « attira les yeux de tout le
monde » (l 1) Il est vrai que le lecteur, à l’image des courtisans, est
intrigué voire subjugué par celle que, Mme de Lafayette décide, une fois
encore, de désigner par une périphrase : « une beauté parfaite » (l 2)
Nous pouvons noter que la perfection physique du personnage est
suggérée par le champ lexical de la magnificence qui rythme les premières
lignes de ce portrait : « parfaite », « admiration » (l 2), « belles
personnes » (l 3).
Son anonymat est indirectement levé à la ligne 3 : «
Elle était de la même maison que le vidame de Chartres » mais elle
continue à ne pas être explicitement nommée.
S’ajoute à l’incroyable
beauté de Mlle de Chartres, le prestige de sa naissance comme l’indique le
superlatif : « une des plus grandes héritières de France » (l 3-4) Pourtant,
le lecteur ne parvient pas à imaginer concrètement l’héroïne.
Elle est, de
la sorte, idéalisée.
Alors qu’il s’attend à ce que la narratrice lui livre plus
de détails à son propos, c’est le personnage de Mme de Chartres et
l’éducation que sa fille a reçue qui va occuper l’essentiel du paragraphe.
II/ L’éducation de Mme de Chartres (l 4 à 17)
Le rythme ternaire : « le bien, la vertu et le mérite étaient extraordinaires
» (l 5) ainsi que l’adjectif : « extraordinaires » peignent Mme de Chartres
comme une mère exceptionnelle.
Initiative extrêmement originale au
XVIIème siècle, elle s’est retirée de la Cour pour éduquer sa fille.
Son
enseignement est présenté comme idéal car complet en témoigne les
deux rythmes binaires : « elle ne travailla pas seulement à cultiver son
esprit et sa beauté ; elle songea aussi à lui donner de la vertu et à la lui
rendre aimable.
» (l 7-8) La narratrice, très discrète, intervient, toutefois,
au détour d’une phrase.
Effectivement, l’utilisation du présent de vérité
générale laisse deviner un jugement critique à propos de l’éducation
traditionnelle : « La plupart des mères s’imaginent qu’il suffit de ne parler
jamais de galanterie devant les jeunes personnes pour les en éloigner.
» (l
8-9) Selon Mme de Chartres mais aussi Mme de Lafayette, il est
primordial d’évoquer le thème de l’amour si l’on désire en montrer le
danger.
L’accent est mis sur la singularité de cet enseignement via le
groupe nominal : « une opinion opposée » (l 10) Il est....
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- PRINCESSE DE CLEVES: En quoi ce texte dresse-t-il le portrait de mademoiselle de chartres comme une personne exceptionnelle ?
- La Fayette E.L5 - Français - Oral Bac La Princesse de Clèves - le portrait de mlle de Chartres
- L'arrivée de Mademoiselle de Chartres a la cour
- Le portrait de Mme de Chartres
- Première lecture linéaire : le portrait de Mlle de Chartres (Mme de Lafayette, La Princesse de Clèves, 1678, Tome I)