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LE PONT - V. Hugo, Les Contemplations, livre VI (commentaire)

Publié le 15/05/2020

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Ci-dessous un extrait traitant le sujet : LE PONT - V. Hugo, Les Contemplations, livre VI (commentaire) Ce document contient 824 mots soit 2 pages. Pour le télécharger en entier, envoyez-nous un de vos documents grâce à notre système gratuit d’échange de ressources numériques. Cette aide totalement rédigée en format pdf sera utile aux lycéens ou étudiants ayant un devoir à réaliser ou une leçon à approfondir en Littérature.

« LE PONT - V.

Hugo, Les Contemplations, livre VI (commentaire) J'avais devant les yeux les ténèbres.L'abîme Qui n'a pas de rivage et qui n'a pas de cimeÉtait là, morne, immense ; et rien n'y remuait.Je me sentais perdu dans l'infini muet.Au fond, à travers l'ombre, impénétrable voile,On apercevait Dieu comme une sombre étoile.Je m'écriai : — Mon âme, ô mon âme ! il faudrait,Pour traverser ce gouffre où nul bord n'apparaît,Et pour qu'en cette nuit jusqu'à ton Dieu tu marches,Bâtir un pont géant sur des millions d'arches.Qui le pourra jamais ? Personne ! 0 deuil ! effroi !Pleure ! — Un fantôme blanc se dressa devant moiPendant que je jetais sur l'ombre un oeil d'alarme,Et ce fantôme avait la forme d'une larme ;C'était un front de vierge avec des mains d'enfant ;Il ressemblait au lys que sa blancheur défend ;Ses mains en se joignant faisaient de la lumière.Il me montra l'abîme où va toute poussière,Si profond que jamais un écho n'y répond,Et me dit : — Si tu veux, je bâtirai le pont.Vers ce pâle inconnu je levai ma paupière.Quel est ton nom, lui dis-je.

Il me dit : — La prière. V.

Hugo, Les Contemplations, livre VI, décembre 1852. Vous présenterez l'étude de ce texte sous forme d'un commentaire composé.

Vous pourriez étudier, par exemple,comment le rythme, les images, les sonorités rendent sensibles l'effarement devant l'infini et la révélation finale.Ces indications ne sont pas contraignantes, et vous avez toute latitude pour orienter votre commentaire à votregré.

Vous vous abstiendrez seulement de présenter un commentaire linéaire ou de séparer artificiellement le fond dela forme. Dans le deuxième tome des Contemplations, le livre IV, par l'évocation de la mort, et le livre V, par celle de l'exilconsidéré comme un « gouffre d'ombre », conduisent au livre VI, « Au bord de l'Infini ».

Le poète est donc en pleinesolitude, prêt au dialogue avec l'infini.

Les cinq premiers poèmes de ce livre décrivent l'aventure de la connaissance.Ce texte est le premier d'entre eux, et s'ouvre sur « l'infini muet ».

Seule la prière constituera le « pont » grâceauquel l'homme pourra atteindre Dieu. On sera attentif à la mise en scène, qui fait de la connaissance une aventure qui a lieu dans l'espace ; il y a l'oeil («j'avais devant les yeux ...

je levai ma paupière »), l'étoile (« on apercevait Dieu comme une sombre étoile »), et,entre eux, l'espace (« les ténèbres »).

L'effroi provient de la petitesse de l'homme « perdu dans l'infini muet ».

Ilfaudrait détailler les procédés qui permettent à Hugo de rendre sensible cette disproportion (cf les trois premiersvers : un hémistiche seulement se rapporte à l'homme, le reste est consacré à ce qu'il contemple ; le mot effrayant« l'abîme » est mis en valeur en fin de vers, les tournures négatives du vers 2 inquiètent, des expressions comme «était là » indiquent une sorte de fixité qui fait face à l'homme ...).

A plusieurs reprises sont utilisés des mots dumême registre, qui donnent une idée de l'infiniment grand (« les ténèbres ...

l'abîme ...

immense ...

l'infini muet ...l'ombre, impénétrable voile ...

ce gouffre ...

cette nuit ...

l'abîme où va toute poussière »).

Le vers 4 résume laréaction humaine face à tout cela.

C'est un véritable cri qui s'élève, dans le silence (vers 7, 11, dont on étudiera lerythme), formulant un espoir insensé (vers 9-10).

La seule solution envisagée a le même caractère terrifiant, du faitde sa démesure (« un pont géant sur des millions d'arches »).

L'expression du désespoir est soudainementinterrompue, au vers 12 (« se dressa ») par quelque chose qui s'interpose entre l'homme et l'infini.

Le contraste estalors total, entre la lumière que dégage cet être (« un fantôme blanc » qui a la blancheur du lys...

« ses mains ...faisaient de la lumière ») et l'ombre, entre sa pureté aussi (« un front de vierge ...

des mains d'enfant ...

ilressemblait au lys ...

»), et cet « abîme où va toute poussière ».

Son aspect rappelle à l'homme des êtres connus,alors qu'il est perdu dans un univers étranger.

Il accepte même de se nommer, et ainsi est levé le désespoir, par lesdeux mots de la fin qui, dans leur brièveté, sonnent comme une révélation (celle-ci était toutefois annoncée par levers 17 : « ses mains en se joignant »).

Déjà le livre III des Contemplations s'achevait sur ces mots « les deux ailesde la prière », qui constituaient une grande image cosmique, mise en valeur à cet endroit.

C'est que Hugo n'a cesséde souligner l'importance de la prière, véritable « pont », mise en contact de deux mondes.

On pensera à ce sujet àce qu'il écrit dans le chapitre des Misérables, intitulé justement La Prière : « Mettre, par la pensée, l'infini d'en bas[c'est-à-dire l'âme] en contact avec l'infini d'en haut [c'est-à-dire Dieu], cela s'appelle prier.

». »

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