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Le mythe d'Er

Publié le 06/12/2021

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Le mythe d'Er 

 

« ...Et c'est ainsi, Glaucon, que le mythe a été sauvé de l'oubli et ne s'est point perdu. Il peut, si nous y ajoutons foi, nous sauver nous-mêmes. « 

La République, X. 

 

Dans quel dialogue ce mythe est-il raconté ? 

Le mythe d'Er figure dans le livre X de La République de Platon. Il constitue la dernière partie de cette ouvrage. 

« La République « 

C'est un dialogue en dix livres de Platon, dont le but est de définir la justice chez l'homme. Pour ce faire, Socrate est amené à décrire la cité modèle et le gouvernement idéal. 

Platon fait preuve d'originalité car il conçoit l'équilibre social à l'image de l'équilibre individuel. L'âme se compose de trois éléments : le désir sensuel, le coeur (vouloir) et la raison. La sagesse résulte d'un équilibre entre ces trois fonctions. De la même manière la société est exemplaire et équilibrée lorsque l'armée, le commerce et la direction politique sont hiérarchisés. La justice est l'ordre et l'équilibre hiérarchiques régnant dans l'âme comme dans la cité. « ...il y a dans l'âme de l'individu les mêmes parties et en même nombre que dans l'État « (La République, IV, 441 c). 

La cité doit également comporter trois classes de citoyens (artisans, guerriers, magistrats) correspondant aux trois parties de l'âme. 

On peut donc dire que l'État juste correspond à l'homme en plus grand. La république idéale nécessite la séparation et l'équilibre de ces trois éléments. Il faut séparer pour mieux discerner. 

À la tête de cette cité modèle, Platon met des philosophes, les « philosophes-rois «, car, ayant le pouvoir et la sagesse entre leurs mains, ils sont capables de gouverner justement. L'aristocratie est le meilleur gouvernement pour Platon. Le philosophe doit réformer la politique afin que règne la justice dans la cité. De plus, comme nous le verrons plus tard, les hommes ne sont en général pas capables de faire un bon choix par eux-mêmes. Ils doivent s'adresser au philosophe qui, en morale comme en politique, est seul capable de diriger la foule. 

Le mythe d'Er le Pamphylien 

À la fin du livre X de La République, Platon nous expose un mythe sur le voyage de l'âme après la mort et le choix des genres de vie. Ce mythe témoigne des croyances mystiques de l'enseignement de Socrate. 

Le témoignage d'Er est un mythe eschatologique, il traite du jugement dernier. C'est un mythe qui, par le biais d'un témoignage d'expérience aux frontières de la mort1, traite du devenir de l'âme par-delà la mort et avant la vie. On assiste à la vie de l'âme immortelle lorsqu'elle est dépourvue d'un corps. 

Résumé 

Tué sur un champ de bataille, Er revient à la vie douze jours après sa mort et raconte à ses compagnons le voyage de son âme dans l'au-delà après qu'elle a été séparée de son corps. Après la mort, les juges dirigent les âmes des justes vers une route qui conduit au ciel, et les âmes des criminels vers une route qui descend vers la terre. Chaque âme passe mille ans en haut ou en bas, puis revient dans une prairie d'où on peut voir les ouvertures en direction du ciel et de la terre. Du sol surgissent des âmes plaintives et poussiéreuses, du ciel descendent des âmes claires et ravies de leur séjour. Les âmes peuvent communiquer. Elles séjournent sept jours dans cette prairie puis se rendent à l'endroit où s'opère le choix de vie. Chacune d'elles a le choix entre un très grand nombre de vies. Malheureusement, la plupart des âmes ne sont guidées dans leur choix que par les habitudes de leur vie antérieure. Ceux qui viennent du ciel se précipitent sans discernement et ceux qui viennent de la terre, ceux qui ont souffert et vu souffrir, mettent plus de temps à faire leur choix et choisissent mieux. Le premier qui choisit se précipite sans réfléchir sur une vie de tyran mais il se lamente d'avoir opté pour celle-ci car son chemin sera parsemé d'horreurs. 

Les âmes sont ensuite conduites vers la plaine du Léthé, obligées de boire l'eau du fleuve, elles oublient ainsi leur vie passée et retournent à la surface de la Terre où elles entrent dans leur vie nouvelle. C'est à ce moment qu'Er réintègre son corps. 

Remarques 

Le mythe d'Er est destiné à entretenir chez les citoyens la foi en l'immortalité de l'âme, afin de les sauver de la déchéance en les faisant adhérer à la philosophie. 

L'âme est la part immortelle de soi-même. Elle est unique et indestructible. Les âmes, qui sont en nombre limité, vont et viennent selon un rythme cyclique. C'est inhabituel. Dans le christianisme, l'homme meurt mais son âme reste au Paradis ou en Enfer. 

Deux problèmes importants sont abordés dans ce mythe : la liberté et le destin. Chacun de nous choisit librement la vie qu'il se donne. Le destin n'est plus une force écrasante qui décide pour nous. Chacun est donc responsable du choix de sa destinée et il convient d'assumer son choix et non d'accuser les dieux. L'essentiel, mais aussi le plus difficile, c'est de réfléchir avant le choix et non après, c'est-à-dire trop tard, lorsque l'on est mis en face de conséquences que l'on avait pas prévues. 

Platon respecte-t-il la tradition ? 

Il semble que le récit, loin d'être une pure invention de Platon, emprunte des éléments appartenant aux traditions orphiques et pythagoriciennes et les combine de façon très libre. 

Le mythe chez Platon 

Les mythes de Platon sont des récits fictifs. Le mythe interrompt le discours et présente les choses sous un angle moins abstrait, plus imagé. Il fait appel à l'imagination plutôt qu'au raisonnement. Lorsque l'interlocuteur est gêné dans sa compréhension, le discours mythique s'avère idéal pour parler de certaines choses, comme les questions de la métaphysique. 

Le mythe n'est pas une méthode avec laquelle on cherche le vrai, il a un sens caché. Il faut l'interpréter pour accéder à ces messages et à son enseignement. 

Selon Platon, le mythe doit avoir son utilité. Il doit instruire les citoyens et servir à leur éducation. 

Le mythe chez Platon ont donc une double intention pédagogique : d'abord parce qu'il éclaire l'interlocuteur et le lecteur et ensuite parce qu'il aspire à rendre l'homme meilleur. 

Le mythe d'Er dans La République 

Platon utilise ce mythe pour frapper les imaginations. Il sert à éclairer les citoyens, mais plutôt sous la forme de la menace. Si on ne prévient pas les hommes qu'ils paieront leurs fautes dans le futur, alors on ne peut pas avoir une cité idéale. Ce mythe s'adresse à la communauté civique dans dans le but d'obtenir une république exemplaire. 

Les pérégrinations de l'âme entre la mort et la naissance sont un sujet récurent des mythes platoniciens. Il est à la fois inaccessible à la connaissance rationnelle mais également une condition de l'excellence humaine. 

À travers le témoignage d'Er, Platon nous expose sa vision de la philosophie : il faut philosopher, rechercher la sagesse, si l'on veut bien vivre sans refaire toujours les mêmes erreurs. 

Ce n'est pas pour rien que le mythe d'Er clôture La République. On y retrouve l'essentiel du dialogue de Platon : que ce soit dans la cité ou les âmes, la pensée réfléchie doit régner en souveraine. Nous ne serons sauvés qu'à ce prix. 

Ce mythe éclaire-t-il toujours un aspect de notre réalité ? 

Ce mythe relève d'un grand questionnement métaphysique : qu'est ce qu'il y a après la mort et faut-il en avoir peur ? Il est intéressant de rappeler que actuellement, la science s'intéresse beaucoup à l'étude des expériences aux frontières de la mort, malgré qu'elle n'ait pas les outils pour étudier ces phénomènes qu'elle qualifie de surnaturels. 

Après un accident, un arrêt cardiaque ou un coma, il y aurait des millions de personnes qui auraient entrevu ce qu'il y a après la mort. Tous les témoignages ne sont pas identiques, mais les personnes passaient par certaines étapes que l'on retrouve dans le mythe d'Er, comme l'immersion dans une lumière ou la rencontre et la communication entre entités.

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