Databac

Le Mauvais Vitrier (Baudelaire)

Publié le 09/12/2021

Extrait du document

Ci-dessous un extrait traitant le sujet : Le Mauvais Vitrier (Baudelaire). Ce document contient 0 mots. Pour le télécharger en entier, envoyez-nous un de vos documents grâce à notre système d’échange gratuit de ressources numériques ou achetez-le pour la modique somme d’un euro symbolique. Cette aide totalement rédigée en format pdf sera utile aux lycéens ou étudiants ayant un devoir à réaliser ou une leçon à approfondir en : Littérature
Le registre épique est ainsi mobilisé, non seulement dans le traitement de la narration, comme on l'a vu précédemment, fondé sur un rythme alerte favorisé par le développement de la parataxe sensible dans le paragraphe 14 (avec la ponctuation marquée des virgules et points virgules) où la coordination prend la forme de l'hyperbate pour traduire d'une façon descriptive saisissante, à la manière d'une hypotypose, la vitalité de la scène et l'enchaînement rapide des actions, ou, devrait-on dire plutôt des coups. En effet, comme le dénote la périphrase « mon engin de guerre » (il est à noter qu'à l'époque le mot « engin » peut déjà, mais rarement, dénoter un registre de langue familier ; cependant dans la perspective de l'étude, on le comprendra plutôt, à partir de son sens étymologique « ingenium » renvoyant à l'intelligence, au talent, à la ruse, qualités essentielles du héros épique face au « péril » menaçant sa vie) reprenant de façon héroï-comique le syntagme « un petit pot de fleur », on passe du simple geste à la Geste guerrière (déjà annoncée de façon ironique en référence au dénouement du combat, par le syntagme «poussé, me semblait-il à faire quelque chose de grand, une action d'éclat » qui reprend l'aspect prophétique de l'inspiration évoqué précédemment) où chaque acte prend désormais la forme d'une manoeuvre militaire, comme en témoignent la succession des verbes d'action à aspect non sécant dont les deux premiers de type pronominaux, renforcent d'ailleurs, par leur morphème réfléchi (« je m'approchai », « je me saisis »), la glorification du héros, dans sa quête d'idéal (aspect que l'on abordera plus loin).

« Deux ans après la publication des Fleurs du Mal , Baudelaire évoque le « miracle d'une prose poétique, musicale sans rythme et sans rime, assez souple et assez heurtée pour s'adapter aux mouvements de l'âme, aux ondulationsde la rêverie, aux soubresauts de la conscience », ce qu'il tentera de mettre en place dans le Spleen de Paris , recueil de petits poème en prose proposant une variation de thèmes et de réflexions psychologiques inspirés par lamodernité de la métropole moderne et l'étrangeté de son quotidien.

C'est dans cette lignée que s'inscrit ainsi « LeMauvais Vitrer », dont le texte assez bref, décomposé en paragraphes, propose une définition problématique del'énergie, renouvelant le topos de la rêverie poétique, en l'illustrant, par une dynamique structurale particulière, dediverses anecdotes impersonnelles et personnelles disposées sous la forme de micro-récits et soutenus decommentaires et de digressions métaphysiques.

La moitié du poème est ainsi consacrée à l'épisode de la rencontreentre le narrateur et un vitrier, occasion pour Baudelaire d'esquisser, de façon métatextuelle, une nouvelle poétique,dont le texte se fera justement par lui-même l'illustration en remotivant les catégories du spleen et de l'idéal.

Onpeut dès lors s'interroger : comment ce poème en prose, à travers une esthétique de la modulation et de lavariation, mais également de « l'union [discordante] des contraires » (pour reprendre le terme de Suzanne Bernard)se propose-il de mettre en place une forme inédite capable de résoudre les tensions inhérentes à la vie modernedans la conciliation de l'éternel et du transitoire trivial ? I) Organisation dynamique du poème en prose : unité et disparité Ce texte se présente d'emblée de façon structurée sous la forme d'un développement composé de 16paragraphes thématiquement cohérents.

Adoptant cependant une partition symétrique en diptyque, il s'organisecomme nous le verrons en deux moments distincts.

L'unité du poème en prose apparaît ainsi tout d'abord au niveau de sa construction rigoureuse , chaque paragraphe correspondant en moyenne à une phrase.

Bien que globalement irréguliers en termes de longueur, endépit de la relative tendance à l'amplitude phrastique, ces paragraphes comportent des structures syntaxiquessimilaires : fondées pour la plupart sur des enchaînements hypotactiques et sur des expansions constituées depropositions subordonnées relatives enchâssées ou en positions finales, ils assurent une cohérence strucurale autexte, tout en lui conférant un rythme bien particulier.

Ainsi, le premier paragraphe comporte deux expansionsrelatives dont les pronoms font écho à ceux du paragraphe suivant débutant justement sur une relative indéfinie.

Auniveau suprasyntagmatique, on constate d'ailleurs un effet de parallélisme concrétisé dans la structure ternaire parreprise juxtaposée de la construction précédente et prolongement par la coordination « ou » développant 3exemples indéfinis, qui seront, prolongés à leur tour à l'échelle du poème, dans les paragraphes suivants, comme entémoignent les ouvertures similaires annoncées par les syntagmes respectifs « un de mes amis », « un autre », « unautre ».

Il est à noter d'ailleurs que la dernière reprendra en partie cette structure ternaire mais cette fois-ci avecl'expansion adjectivale formée par la locution adverbiale consécutive « à ce point que », redoublée par juxtapositionet prolongée dans une infinitive par la coordination « ou ».

En examinant plus attentivement l'ordreintrasyntagmatique complexe du deuxième paragraphe, on s'aperçoit même que cette symétrie est reprise dans ladeuxième phrase mais de façon chiasmatique, comme on le verra plus loin.

Ainsi, ce système de répétition ne seretrouve pas seulement dans la construction par subordination : il se manifeste jusque dans l'échelle des GN,notamment dans les nombreux syntagmes binaires adjectivaux structurés par coordination (« des natures purementcontemplatives et tout à fait impropres à l'action », « une impulsion mystérieuse et inconnue »…) Cette unité structurale se répercute au niveau thématique dans la cohérence de l'énoncé.

Chaque paragraphe, de par la phrase qu'il encadre, donne lieu à la définition d'un aspect particulier de l'objet de réflexion dutexte : qu'il s'agisse de la ville, comme on peut le voir dans la convergence sémantique des complémentscirconstanciels de lieu (« chez son concierge », « un café », « devant le bureau d'un théâtre », « à travers la lourdeatmosphère parisienne ») ou de la notion d' « énergie », questionnement fondamental du poème irrigué par son largeréseau isotopique (les substantifs : « action » dont on dénombre 3 occurrences, son polyptote « acte », « rapidité »… ; les verbes d'action : « agissent, opérer, accomplir dont on dénombre deux occurrences, exécuter,faire…) à commencer par ses propres occurrences.

En emploi indéfini dans le syntagme « une si folle énergie », il estassocié à « ces âmes paresseuses et voluptueuses » illustrées plus haut à travers la série des trois cas de figuresau second paragraphe et prend ainsi le sens de « volonté » ; en revanche dans le quatrième paragraphe, il estemployé de façon conceptuelle, comme le montre le déterminant zéro, en complément de phrase prépositionnel avecle verbe support « faire preuve de » pour reprendre encore et expliciter les deux anecdotes précédentes, évoquées. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles