Le Jaïnisme

« Mer d'Oman Océan Indien Le Jaïnisme Avec l'hindouisme et le bouddhisme, le jaïnisme (parfois appelé •jinisme •), est l'une des trois grandes religions de l'Inde.

Même si son élaboration fut très longue, avec des épisodes qui remon­ tent à plusieurs milliers d'années en arrière, sa forme contemporaine ne fut établie qu'au w siècle av.

J.-C.

par Mahavira, le dernier des 24 jinas •vain­ queur• des transmigrations.

MAHAVIRA Mahavira naquit en 559 av.

J.-C.

près de Pafna , au nord du Gange, dans l'État actuel du Bihar.

Né dans la caste dirigeante des Kshatriya, il s'appela d'abord Vardahamma.

Après la mort de ses parents, alors qu'il était âgé de 28 ans, il renonça aux biens terrestres pour mener une vie d'ascète.

Treize ans plus tard il accéda à l'état sacré de 7irthankara (•celui q~i franchit le gué• ), et prit le nom de Mahavira.

LES TIRTliANKARA Les jaïnistes croient que Mahavira fut le dernier des 24 prophètes annoncés par une prophétie qui se perd dans la nuit des temps , mais dont on retrouve une trace au XXJr sièc le avant notre ère.

L 'histoire de ces prophètes, appe lés 7irthankara, notamment celle du pre­ mier d'entre eux, est consignée dans le Ka/pa Sutra.

Mais paradoxalement, le fondateur reconnu comme tel par les jaïnistes n'est pas Mahavira, mais le premier des Tirthankara, Risabab­ banatha, mentionné dans les Vedas et le Purana.

On ne sait pratiquement rien des suivants, jusqu 'à Parsava, pré­ décesseur de Mahavira, qui mourut à la fin du VIII' siècle av.

J.-C.

Dernier des 7irthankara, Mahavira portait, d'après la tradition, le surnom d'• Illuminé •, plateau Tibétain Patna , lieu de naissance de Mahavira Pava , ou Mahavira mourut Siège du premier Concile jaïniste au IVe siècle avant J.- C.

4 Siège du Second Concile jaïniste au lUS siècle avant J.-C.

5 Siège du troisième Concile jaïniste au lUS siècle avant J.-C.

6 Siège du quatrième Concile jaïniste au IVe siècle avant J .-C.

Principaux lieux de pèlerinage : 7 Rajgir, État du Bihar (Inde) 8 Colline de Satrunjaya , péninsule de Kâthiâwâr 9 Colline de Girnar , péninsule de Kâthiâwâr ou encore de • Passeur de gué '• car il assurait la jonction entre l'état de mort et celui de vie éternelle.

LES PRÊCHES DE MAHAVIRA L'activité religieuse de Mahavira s'étale sur trente ans.

Il mourut des suites d'un jeûne rituel, à l 'âge de 72 ans.

Ce type de mort volontaire porte le nom de sal/ekand, et est cons id éré par les moines jaïnistes comme la preuve ultime du non-atta­ chement aux valeurs terrestres.

À la suite de cet acte, il accéda au statut de Siddha, où •pur esprit•, détaché du cycle des réincarnations.

LES CROYANCES JAÏNISTES Les jaïnistes ne croient pas en l'exis­ tence d'un dieu créateur.

Ils possèdent un panthéon, mais celui-ci fait l'objet de beaucoup moins de considération que l'enseignement prodigué par les Tirthankara, voire que l'histoire de leurs vies elles-mêmes.

Le but de la vie est, pour un jaïniste , d'atteindre le nirvana , état par lequel l'âme devient libre de toute attache matérielle et s'aff ranch it du samsara (•cycle de la souffrance»).

Les jaïnistes ont une vision du karma (incidence des actions commises au cours des vies antérieures) beaucoup plus •phy­ sique» que celle des hindouistes.

Ainsi l'âme, après la mort, r edevien t un corps par agrégation de particules matérielles, duquel il faut s'affranchir par l'ascèse pour atteindre le nirvana.

LA NON -VIOLENCE Étymologiquement, le terme de • jaï­ nisme» dérive du verbe sanskrit ji, qui signifie •conq uérir •.

Ftlur les jaïnistes , la vie est un combat spirituel, mais la principale méthode utilisée pour rem­ porter la •bataille pour la purification de l'âme» est la non-violence (ahimi­ sha).

Les moines jaïnistes balayent devant eux lorsqu' ils marchent dans la rue pour ne pas marcher sur des insectes, et portent des masques de coton afin de se prévenir contre l'absorption accidente lle de mouche­ rons.

Les jaïnistes ont également édifié des sanctuaires afin d 'élever et de nourrir des animaux de leur nais­ sance jusqu 'à leur mort.

Enfin, ils ne mangent aucune racine, viande ou poissons, et se contentent de baies, de feuilles et de riz.

LES CONCEPTIONS DU TIMPS ETDU MONDE Ftlur les jaïnistes, le temps est à la fois éternel et informe.

Il est assimilé à une roue subdivisée en douze quartiers appelés aras, ou •âges•.

La vie d'un homme est d'abord associée symboli­ quement aux six aras montants (dont les trois premiers, croissance, acquisi­ tion du savoir, joie de vivre, permet­ tent d'accéde r aux trois • joyaux •: la juste vision , la juste connaissance et la juste conduite), puis aux six aras des­ cendants, qui marquent les prémisses de sa déchéance physique.

L'ensem­ ble des quartiers de la roue est appelé ka/pa.

La vie du laïc est une étape pré­ paratoire à la vie stricte de l'ascèse.

Dans la cosmogonie jaïniste, le monde est divisé en deux moitiés, l'ajiva, formé de tout ce qui est inerte et dépourvu d'âme, et le ji va, qui englobe toutes les formes de vie.

Entre ces deux catégories il n'y a pas d'autre différence que celle de la conscience.

LES ADEPTES DU JAÏNISME Aux premiers temps de cette religion , les jaïnistes allaient totalement nus.

Ils se divisaient ensuite en deux sous­ groupes, les • vêtus de ciel•, et les •vêtus de vent•, renonçant à toute possession, y compris de simples bols.

Les femmes n'étaient pas autorisées à dévoiler leur nudité ni jugées dignes du salut.

Les moines jaïnistes les plus orthodoxes suivaient à la lettre l es règles fixées par le Mahavira: ne com ­ mettre aucune violence, ne pas men­ tir, ne pas voler, ne pas se vêtir, être chaste.

Ils considéraient l'ascétisme comme un absolu en soi, destiné à nettoyer et à purger l'âme de tout ce qui pouvait la contam iner.

LE JAÏNISME DANS !!HISTOIRE Le jaïnisme ne connut qu'un seul schisme, en 100 av.

J.-C. , quand les Digambara (•vê tus de ciel») se sépa­ rèrent des Svetambara, • vêtus de robes blanches •.

Ces derniers vou­ laient inclure les femmes dans le jaï­ nisme et leur faire porter des vête ­ ments.

En passant à un jaïnisme modéré l es Svetambara s'aliénèrent définitivement les •vê tus de ciel•, mais ils intégrèrent au reste de la société indienne.

Vers 500 de notre ère, lorsque l'islam s'implanta en Inde , les princes musulmans contraignirent les jaïnistes à vivre dans des monas­ tères.

Malgré cela, avec la prospérité économique, une majorité des jaï­ nistes se mit à jouer un rôle actif dans la vie économique, lui adaptant les divers aspects de la doctrine originelle du Mahavira.

Au milieu du XX' siècle, le mahatma (•grande âme•) Gandhi, dans sa lutte contre le colonialisme britannique, s'inspira larg em e nt des thèses non violentes des jaïnistes.

Aujourd'hui , les principales commu­ nautés jaïnistes se trouvent à Bombay et à Karachi, tandis que l'Occident découvre un aspect particulier de cette religion par la multiplication des écoles de yoga.

Toutefois , par tradi­ tion , les jaïnistes, ne s'adonnent à aucune form e de prosélytisme.. »