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« Le Gueux » de Guy de Maupassant : commentaire

Publié le 17/05/2020

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« « Le Gueux » de Guy de Maupassant : commentaire En 1889, Guy de Maupassant a fait publier dans « L'Echo de Paris » une nouvelle intitulée « Le Gueux ».

En quelques pages, Maupassant nous raconte un drame dela misère.

Il a sélectionné avec soin chaque détail afin que le lecteur se retrouve pris au piège d'un récit qu'il ne pourra lâcher.

Le genre de la nouvelle, de par sabrièveté, permet en quelques pages de dire l'essentiel et de conduire le lecteur vers une fin qui l'interpelle, une chute. L'histoire commence de façon abrupte : le début in media res nous plonge directement dans un constat désespéré :Il avait connu des jours meilleurs. Dès la 2e ligne, grâce à une anachronie rétrospective d'une quarantaine de lignes, tous les éléments nécessaires sont donnés au lecteur pour comprendre la situation.Ils forment la situation initiale du schéma narratif.

L'histoire se déroule dans la campagne normande et raconte la vie d'un pauvre infirme devenu vagabond, NicolasToussaint.

Enfant abandonné, il fut recueilli par un prêtre mais élevé sans amour et sans instruction.

Estropié à 15 ans suite à un accident, il perdit dès lors tout espoirde trouver du travail pour subvenir à ses besoins.

Pendant de longues années, il vécut de mendicité, dans une grande solitude et un grand mépris.

On l'appelled'ailleurs « Cloche », pour se moquer de sa démarche d'infirme.

Seule une baronne lui manifesta un peu de compassion.Au bout de quarante ans, voilà que les paysans refusent désormais de lui donner quoi que ce soit à manger, lassés de sa mendicité.Depuis deux jours, il n'avait point mangé.

Personne ne lui donnait plus rien.

On ne voulait plus de lui à la fin.C'est l'élément perturbateur du récit, celui qui explique le constat désolant de la première phrase Il avait connu des jours meilleurs et va faire basculer vers l'horreur lavie déjà si pénible de Cloche. A partir de là, les événement sont racontés dans un ordre chronologique.

Différentes péripéties vont conduire Nicolas à la déchéance.

Face au mépris et à l'hostilitédes gens, le voilà obligé de se traîner sur les routes pour atteindre un village plus éloigné.

Au bout de longues heures de marche, chassé de partout, il arrive dans laferme de Maître Chiquet.

Mourant de faim, il ne peut s'empêcher de tuer une poule pour la manger.

Mais le paysan l'attrape, le maltraite et l'accuse à tort de l'avoirattaqué.

Les gendarmes le jettent en prison, le ventre toujours vide.Le lendemain matin, il est découvert mort.

Cette situation finale particulièrement choquante correspond également à un épilogue en forme de chute :Quelle surprise !L'effet de surprise est en effet total, d'abord pour les gendarmes et les paysans, qui découvrent tout à coup que c'est un être humain qu'ils avaient face à eux, avec desbesoins vitaux :Cependant le fainéant avait besoin de manger tous les jours.Mais le lecteur aussi est surpris, qui espérait peut-être des jours meilleurs pour le pauvre Cloche. La mort de celui-ci entraîne la fin du récit, puisque c'est ce pauvre mendiant qui faisait l'objet de notre attention.

La fin est donc fermée. On le voit, cette histoire n'est pas très gaie, c'est le moins qu'on puisse dire.

Mais la vie n'est-elle pas désespérante ? La misère morale et physique, l'indifférence voirel'hostilité de ceux qui ont un peu plus de chance face aux plus faibles, tous ces thèmes développés ici, ne sont-ils pas des réalités de la vie de tous les jours ? « Réalité » : voilà un mot qui nous ramène à ce réalisme si cher à Maupassant.

Si ce pauvre Cloche n'a pas vraiment existé, sa vie ressemble pourtant à celle debeaucoup de vagabonds dont les journaux racontent les arrestations ou la triste fin dans la misère matérielle et affective la plus complète.

Avec Maupassant, lespetites gens se voient accorder la place qu'ils méritent dans la littérature : leur existence est aussi digne d'être racontée que celle des privilégiés.

Et quoi de plusmisérable qu'un pauvre gueux seul et infirme ? Son existence est rude et Maupassant n'a pas cherché à l'embellir.

Cloche n'a rien d'un héros (même s'il a été choisicomme héros de ce récit) et l'écrivain l'a montré dans ses descriptions.

Sa tête semble enfoncée entre 2 montagnes, ses béquilles lui ont fait remonter les épaules à lahauteur des oreilles.

Son corps est loqueteux et difforme.

La misère rend laid ! Il est comparé à une loque, à un lièvre, à une bête des bois, à une cloche, toutes sortesde comparaisons dénigrantes.

Il est animalisé.

On dit qu'il éprouve la peur du gibier devant le chasseur, de la souris devant le chat, tellement qu'il est misérable, à lamerci de tous. De même, il n'a pas voulu donner des paysans normands de son époque un portrait flatteur : ils se montrent aussi durs dans cette histoire qu'ils le sont dans la vieréelle.

Les paysans sont décrits comme une masse indifférenciée, brutale, âpre au gain.

Ils sont complices :…les paysans, las de le rencontrer toujours au bord de leurs champs ou lelong de leurs fossés, lui criaient:- Pourquoi qu'tu n'vas point dans l's autes villages, au lieu d'béquiller toujours par ci?Et brutaux :Les gens de la ferme arrivaient à leur tour qui se mirent avec le patron à assommer le mendiant.

Puis, quand ils furent las de le battre, ils le ramassèrent etl'emportèrent, et l'enfermèrent dans le bûcher pendant qu'on allait chercher les gendarmes.Cloche, à moitié mort, saignant et crevant de faim demeura couché sur le sol. Mais il n'a pas voulu non plus cacher le fait que la misère poussait à commettre des forfaits, et c'est bien suite à un vol que Nicolas est pris à partie par MaîtreChiquet.Le soupçon qu'il allait commettre un vol ne l'effleura pas.

Il prit une pierreà portée de sa main, et, comme il était adroit, il tua net, en la lançant, la volaille la plus proche de lui. A la fin, si Cloche meurt, c'est parce que dans la vie réelle, aucun miracle ne vient sauver les pauvres vagabonds : sa mort est la suite logique des privations qu'il aendurées. Le récit s'attarde sur la description de la vie dans les campagnes : le lecteur peut se croire transporté dans les paysages et le climat normand particulièrement rude enhiver, même si l'auteur a parfois inventé ou déformé le nom de certaines villes.Il avait parcouru Saint-Hilaire, Varville et les Billettes sans récolter un centime ou une vieille croûte.

Il ne lui restait d'espoir qu'à Tournolles; mais il lui fallait fairedeux lieues sur la grand-route, et il se sentait las à ne plus se traîner, ayant le ventre aussi vide que sa poche.Il se mit en marche pourtant.C'était en décembre, un vent froid courait sur les champs, sifflait dans les branches nues et les nuages galopaient à travers le ciel bas et sombre, se hâtant on ne saitoù. Maupassant a d'ailleurs veillé à faire parler les paysans dans leur patois normand ; il a donné à ce vagabond une identité, une histoire.

Tous ces procédésd'authentification contribuent à la vraisemblance de son propos.

L'absence de travail, la difficulté de se nourrir, de se loger, le handicap, voilà autant de sujetsconsidérés par certains comme trop « terre-à-terre » pour la littérature et qui sont au centre de cette histoire..Même si le narrateur de ce récit est externe (il ne parle pas en « je »), ce qui permet une apparente neutralité par rapport aux événements, le point de vue adopté estglobalement interne : nous voyons essentiellement le monde au travers des yeux de Cloche, c'est à ses sensations, ses sentiments, ses pensées que nous avons accès.En vivant ainsi les choses de son point de vue, le lecteur peut plus facilement s'identifier à lui, à ses souffrances.Il attendait on ne sait quoi, de cette vague attente qui demeure constamment en nous.

Il attendait au coin de cette cour, sous le vent glacé, l'aide mystérieuse qu'onespère toujours du ciel ou des hommes, sans se demander comment, ni pourquoi, ni par qui elle lui pourrait arriver. …puis il lui vint, plutôt au ventre que dans la tête, la sensation plutôt que l'idée qu'une de ces bêtes-là serait bonne à manger grillée sur un feu de bois mort.. »

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