Le gouvernement provisoire de 1848Une tentative de récupération.

« 1 / 2 Le gouvernement provisoire de 1848 Une tentative de récupération Le 24 février 1848, l'insurrection popu­ laire contraint Louis-Philippe à abdi­ quer en faveur de son petit-fils, le comte de Paris.

Le prétendant n'a que 9 ans et sa mère, la duchesse d'Orléans, se rend au Palais-Bourbon pour se faire accor­ der la régence.

La plupart des députés sont favorables à cette solution mais, sous la pression d'émeutiers qui envahis­ sent la Chambre, ils doivent acclamer la formation d'un gouvernement provi­ soire composé de parlementaires répu­ blicains, Dupont de l'Eure, Arago, Lamartine, Marie, Crémieux, Ledru­ Rollin, Garnier-Pagés, dont les noms avaient été avancés par le journal Le Na­ tional.

Soudain, on apprend au Palais législatif qu'un autre gouvernement se forme à l'Hôtel de Ville, au cœur même du Paris insurgé, là où le régime de Louis-Philippe avait reçu sa consécra­ tion en 1830.

Craignant que ce gouver­ nement n'obtienne toutes les faveurs du Paris populaire, Lamartine et ses collè­ gues se précipitent sur place et s 'adjoi­ gnent les élus du peuple, Marrast, Flo­ con, Louis Blanc, Albert l'Ouvrier, dont la liste avait été établie par accla­ mation dans la cour du journal socialiste La Réforme.

Ce manque d'unité du gouvernement provisoire préfigure les conflits futurs.

L'ancien Conventionnel Dupont de l'Eure, âgé de 81 ans, exerce une prési­ dence plus honorifique qu'effective.

Les républicains modérés, qui ont le souci de préserver l'ordre et les intérêts de la bourgeoisie, détiennent l'essentiel du pouvoir: Lamartine est aux Affaires étrangères, Crémieux à la Justice, Marie 24 février-lü mai 1848 aux Travaux publics, Arago à la Guerre et à la Marine, Garnier-Pagés, nommé maire de Paris le 24 février, démission­ nera de cette fonction le 5 mars pour s'installer aux Finances; Marrast lui succédera à l'Hôtel de Ville.

Malgré ses opinions radicales, Ledru-Rollin est à l'Intérieur, car il a de l'ascendant sur les révolutionnaires.

Les membres les plus avancés du gouvernement, Flocon et les socialistes Louis Blanc et Albert, ne reçoivent aucun portefeuille.

Ceux qui restent à pourvoir sont confiés à des étrangers au gouvernement.

Beth­ mont obtient le Commerce et Hippolyte Carnot l'Instruction publique.

Le gou­ vernement doit en outre composer avec Caussidière et Sobrier, que l'émeute a installés à la Préfecture de police, et avec Etienne Arago, qui s'est emparé de la di­ rection des Postes.

Unanime pour fon­ der la démocratie politique,le gouverne­ ment provisoire est divisé face à laques­ tion sociale.

Les modérés refuseront de satisfaire les revendications ouvrières.

Les élections à l'Assemblée constituante leur seront favorables.

Le JO mai, la majorité désignera une Commission exécutive de cinq modérés -Lamarti­ ne, Garnier-Pagés, Arago, Marie, Le­ dru-RoBin-, qui succédera au gouver­ nement provisoire.

Mais, dès juin, de sanglantes émeutes jetteront un jour si­ nistre sur les illusions du pouvoir. 2 / 2. »