Le club de l'EntresolUn bouillon de culture.

« 1 / 2 Le club de l'Entresol Un bouillon de culture Une intense fermentation intellectuelle agite le XVIII< siècle naissant.

La politi ­ que est au centre des préoccupations .

Des d écennies d'absolutisme royal ont contenu trop longtemps les interroga­ tion s.

Et, à la manière des clubs anglai s, de petits groupes se consacrent aux étu­ des politiques.

Parmi ces clubs, où l'on échange idée s et informations, celui de l'Entre sol devient le plus célèbre.

Fondé en 1720, il tient ses réunions chaque samedi, de 5 à 8 heure s, dans l'apparte­ ment de l'abbé Alary, à l'entre sol de l'hôtel du président Hénault, place Ven­ dôme .

Au nombr e d'une vingtaine, les «entre­ salien s» commentent en toute liberté le s dernier s événe ments.

Chacun d'entr e eux se livre à des études particulières dont il expose les conclusions devant l'assembl ée.

L 'abbé Alary étudie les ins­ titution s du Saint Empire; Champeaux, l'hi stoire diplomatique; M.

d'Oby se penche sur l'histo ire des états généraux et des parlements; Vert il lac est spécia­ lisé dan s les Constitutions de la Suisse, de la Pologne et de la Russie ; le comte d'Autry poursuit des recherches sur le s diver s gouvernements d'Italie; 1 'inten­ dant Pallu traite la question des finances françai ses; Caraman fait l'histoire du commerce et analyse les nouvelles doc­ trines économiques; l'abbé de Saint­ Pierre disserte sur la bienfaisance; le comte de Plélo examine les institution s monarchiques; le marquis d'Argenson s'intéresse au droit public et au droit ecclésiastique.

Certains entresoliens as­ socient les études à la pratique de la poli - 1720-1731 tique: le marquis de Champeaux sera ambassadeur à Genève ; M.

Pere lle est membre du Grand Conseil du roi.

Le club de 1 'Entresol est particulière­ ment attentif aux développ ements de la science politique à l'étranger.

Il acc u eille volontiers les personnalités de passage à Paris.

Walpole y fait une conférence en 1 826.

L'Ecossais Ramsay y expose ses plan s de réforme.

Lord Bolingbroke y est reçu .

Le club de l'Entr eso l apparaît comme un laboratoire d'étude s politi­ que s.

Les « entresoliens » n'h és itent pas à remettre en cause les insti tution s les mieux établies: «Vé rit a blem ent, nou s frondions quelquefois tout notre sao ul», rapporte d'Argenson.

Une telle liberté de ton finit par inquiéter le mini stère.

En 1731, le cardinal de Fleury fait savo ir qu'il souhaite la disparition du club.

D'Argenson reconstitue cependant une académie moins nombreuse .

Celle-ci doit à son tour cesser ses conférences en 1732.

L'Entre sol aura contribué à répandre les idées nouvelle s.

Ses tra vaux ins pireront les philosophes et, en particulier, Mon­ tesq uieu qui, semble-t-il, y a fait quel­ ques apparitions.

C'est aussi de ce labo­ ratoire qu'est sorti le fameux Proj et de paix perpétuelle de l'abbé de Saint­ Pie rre, véritable anticipation su r l'arbi ­ trage international. 2 / 2. »