Le cardinal de RetzUn prélat manqué.
Publié le 17/05/2020
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Un prélat manqué
On oublie aujourd'hui le physique in
grat de ce petit homme noiraud, myo
pe, à la figure large et courte, lorsqu'on lit les éblouissantes pages de ses Mémoi
res.
Fils de Philippe-Emmanuel de Gon di, général des galères, Jean-François
Paul de Gondi, né au château de Mont
mirail le 20 septembre 1613, se voit con
traint d'embrasser la carrière ecclésias
tique dès l'âge
de 10 ans, à la mort de son frère, de qui il hérite les abbayes.
Par la même occasion, il est destiné à
succéder à son oncle, l'archevêque de Paris.
Après des études au collège de Clermont, puis à la Sorbonne, il est
licencié en théologie.
En dépit de son
état - il est pourvu d'un canonicat à
Notre-Dame -, il mène une existence
facile, encombrée de duels et de galante
ries.
Il reconnaît lui-même qu'il a i'«âme la moins ecclésiastique de l'univers».
Vers 1632, il écrit son premier ouvrage, La Conjuration du comte Jean-Louis de
Fiesque.
Il rêve de devenir un grand
politique.
Resté en dehors du pouvoir, il n'a pu donner la mesure de l'homme
d'Etat que ses Mémoires révèlent.
Il tourna son «ardeur remuante» (Talle
mant des Réaux) vers les luttes de par
tis.
Il apparaît surtout remarquablement
doué pour l'intrigue, il complote contre
Richelieu.
A la mort
de Louis XIII, Anne
d'Autriche accepte néanmoins de le nommer coadjuteur de l'archevêque de Paris.
Le jeune prélat se fait apprécier
des foules grâce à ses aumônes et à son
talent
de prèdicateur.
Cette popularité
l'incite à participer à la Fronde.
Au dé part, il veut jouer un rôle de médiateur.
1613-1679
Il réussit à se faire nommer cardinal (il prend alors le nom de cardinal de Retz)
et obtient le départ de Mazarin, mais
son agitation, ses volte-face continuelles
finissent par indisposer tout
le monde.
En 1652, le cardinal est arrêté, transféré
à Vincennes, puis à Nantes, et obligé
par Mazarin
de renoncer à l'archevêché de Paris, devenu vacant.
S'étant évadé, il se réfugie à Madrid, puis à Rome, erre
ensuite aux Pays-Bas, se brouille avec le pape Alexandre VII, qu'il a contribué à
élire, mais continue à s'occuper des
affaires
de «son» archevêché de Paris,
dont il se considère toujours comme le titulaire.
A la mort de Mazarin, Retz est autorisé
à rentrer en France, à condition de renoncer à son évêché, mais il reçoit, en
compensation, de gros bénéfices.
Vivant
à Commercy ou à Saint-Mihiel,
il sera
cependant chargé d'une mission à Rome
en 1665, avant de jouer un rôle détermi
nant lors de divers conclaves.
Dans ses
dernières années, tout en rédigeant ses
Mémoires, publiés en 1 71 7, qui révèlent
en lui un des grands écrivains français,
Retz jouera à la perfection un dernier
rôle, celui d'un homme renonçant au
monde, jusqu'à sa mort, survenue à
Paris
le 24 août 1679.
Avec lui disparaît
un pur produit de l'âge féodal.
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