Le bleu du ciel

« Achevé en 1935 , Le Bleu du ciel ne paraîtr a qu'en 1957 .

Entre-temps ont explosé la g uerre d'E spagne et la Seconde Guerre mondiale, confirmant l'aspect tragiquement prémonitoire du livre .

Les trois personna ges féminins du texte sont fortement caractérisés par leur nom : Dirty s ignifie « sa le » en anglais, Lazare est le nom d'un homme ressuscité par Jésu s et Xénie renvoie au grec« xenos »,qui s ig nifie « étranger ».

Dessins de Clotilde Pasquier La traversée de l'Europe par un libertin ivrogne 1 ndifférent à tout ce qui lui arrive, Henri Tropp­ mann est ce qu'il est convenu d'appeler un débau­ ché : il boit jusqu'à se rendre malade , il trompe sa femme au gré de ses rencontre s.

Ses errances diurnes et nocturnes le conduisent à Londres, où il se saoule en compagnie de Dirty , qui partage son goût pour l'érotisme et l'alcool.

De retour à Paris, il rencontre Lazare , une jeune fille rigori s te et communiste, avec laquelle il a de longues discussions politiques, et Xénie, une bourgeoise qui lit l'Humanité.

Il retrouve ces trois femmes à Barcelone, que la guerre civile es­ pagnole commence à embraser .

Après plusieurs se­ maines de débauche, il part pour l'Allemagne avec Dirty.

Gorgés d 'alcool et enfiévrés, ils font l'amour près d'un cimetière, à Trèves, avant de se rendre à Francfort , où ils se séparent après avoir entendu , à la terrasse d'une brasserie , de s chants d'en­ fants nazis qui ont la beauté inquiétante des mauvais présages.

Un drame psychologique, érotique et historique R aconté à la première personne du sin­ gulier par Troppmann, Le Bleu du ciel est un texte sombre et désespéré qui ti sse des discours traditionnellement incompatibles.

Le disc ours psychologique est au premier plan et prend en charge le désespoir personnel de Troppmann, son indifférence tragique au monde, son état dépressif permanent.

Le discour s érotique, au second plan, donne un tour de vis supplémentaire : l'éroti sme du Bleu du ciel est sombre et glauque, les personnages font l'amour comme ils boivent , et le sexe, bien souvent, se résout dans le vomi.

Le discours historique , en toile de fond, accentue encore la dimen sion désespérée du livre ; désaffectée par Troppmann, l'hi stoire n 'es t que le lieu de consignation des signes annonciateurs de la déréliction dan s laquelle sera plongée l'Europe des XX• Sll. »