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Le bal à la Vaubyessard (Flaubert - Madame Bovary) - Commentaire de texte

Publié le 15/05/2020

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« Le bal à la Vaubyessard (Flaubert - Madame Bovary) - Commentaire de texte PRÉSENTATION ET SITUATION DU TEXTE Ce texte est extrait du chapitre VIII de la première partie de Madame Bovary.Il appartient à l'épisode du bal à la Vaubyessard, que Flaubert intercale entre les premières déconvenues conjugales d'Emma et les débuts conjoints de sesdépenses et de ses malaises qui terminent la première partie du roman. Le bal à la Vaubyessard On versa du vin de Champagne à la glace.

Emma frissonna de toute sa peau en sentant ce froid dans sa bouche.

Elle n'avait jamais vu de grenades ni mangéd'ananas.

Le sucre en poudre même lui parut plus blanc et plus fin qu'ailleurs.Les dames, ensuite, montèrent dans leurs chambres s'apprêter pour le bal.Emma fit sa toilette avec la conscience méticuleuse d'une actrice à son début.

Elle disposa ses cheveux d'après les recommandations du coiffeur, et elleentra dans sa robe de barège, étalée sur le lit.

Le pantalon de C harles le serrait au ventre.— Les sous-pieds vont me gêner pour danser, dit-il.— Danser? reprit Emma.— Oui !— Mais tu as perdu la tête ! on se moquerait de toi, reste à ta place.

D'ailleurs, c'est plus convenable pour un médecin, ajouta-t-elle.Charles se tut.

II marchait de long en large, attendant qu'Emma fût habillée.Il la voyait par-derrière, dans la glace, entre deux flambeaux.

Ses yeux noirs semblaient plus noirs.

Ses bandeaux, doucement bombés vers les oreilles,luisaient d'un éclat bleu; une rose à son chignon tremblait sur une tige mobile, avec des gouttes d'eau factices au bout de ses feuilles.

Elle avait une robe desafran pâle, relevée par trois bouquets de roses pompon mêlées de verdure.Charles vint l'embrasser sur l'épaule.— Laisse-moi ! dit-elle, tu me chiffonnes.On entendit une ritournelle de violon et les sons d'un cor.

Elle descendit l'escalier, se retenant de courir.Les quadrilles étaient commencés.

Il arrivait du monde.

On se poussait.

Elle se plaça près de la porte, sur une banquette. THÈMES ET MOUVEMENTS DU TEXTE Entre deux petits tableaux de genre qui plantent le décor et suggèrent l'atmosphère, se déploie une sorte de duo dialogué entre C harles et Emma.Cette scène donne une première image du couple Bovary tel qu'il ne cessera plus d'être : une Emma déçue et agacée par un Charles que sa beauté fascineet rend docile ; une Emma dont le corps s'abandonne aux sensations et qui fuit un mari dont le corps entravé ne pourra suivre le mouvement de la danse. AXES D'EXPLICATION Un rêve devenu réalitéLe bal à la Vaubyessard est un moment parfait où les rêves de la jeune femme coïncident avec la réalité.On sait que cet épisode restera pour Emma un moment de bonheur, et que le monde exotique auquel elle accède ici ne laissera bientôt qu'un souvenirnostalgique, qui servira de point de référence et lui permettra de mesurer l'étendue de son ennui.Dans ce château de roman d'amour, l'exotisme, en effet, est partout.

Dans les mets qu'elle goûte pour la première fois, comme dans cette haute société oùelle a le sentiment de faire son entrée, telle au théâtre « une actrice à son début ».

Or cet univers de luxe et de fête est exactement celui de ses lecturesd'enfant, que Flaubert a longuement décrites au chapitre VI.

Un univers qui la fait « frissonner de toute sa peau...

».Du rêve, cependant, cette réalité semble garder le côté factice qu'illustrent la coiffure et la robe d'Emma.

Le gros plan que fait Flaubert sur les fleursartificielles qui parent la jeune femme est à ce titre éloquent.

Fidèle à sa théorie de l'impersonnalité, l'auteur exagère un détail jusqu'à susciter chez sonlecteur le commentaire critique que le narrateur s'interdit.

Le ridicule de ce monde n'est pas dénoncé, il est simplement suggéré. La discorde du couple BovaryCette scène où les héros s'habillent met paradoxalement leurs coeurs à nu : elle illustre la discorde qui sépare désormais les époux.Pour Emma, en effet, Charles n'est plus qu'un gêneur ridicule, un personnage encombrant qui ferait mieux de « rester à sa place », c'est-à-dire hors champ.Ce qu'il fera d'ailleurs, disparaissant de la scène du bal jusqu'à ce qu'on le retrouve au petit matin, après qu'il eut « passé cinq heures de suite, tout deboutdevant les tables, à regarder jouer au whist, sans y rien comprendre ».

Lui interdisant de danser, Emma a exilé C harles loin du monde idéal des danseurs.C'est un monde, d'ailleurs, qu'ils ne sauraient partager.

Tandis qu'Emma « entre dans sa robe », Charles n'entre pas, ou mal, dans son pantalon qui « leserre au ventre », et tandis qu'elle doit se retenir de descendre en courant, il avoue être entravé par ses sous-pieds (étriers rattachés au bas du pantalon etpassant sous la chaussure).Privé de l'attention d'Emma, Charles se tait.

Il rejoint ce silence où il aime à se réfugier.

Il n'est plus rien que le regard qu'il porte sur elle, et encore est-ceun regard indirect, par l'intermédiaire d'une glace.

Si bien que le lecteur ne sait plus si le portrait d'Emma est dû à son mari ou au narrateur dont Charlespartage l'impersonnalité.

Il ne réapparaîtra que pour être éconduit : « Laisse-moi ! dit-elle, tu me chiffonnes.

»Dans le monde idéal d'Emma, Charles n'est plus qu'un faux pli. Une description impressionnisteLe monde de la fête, qui se meut autour des héros, est à la fois omniprésent et imprécis comme une toile de fond.Pour le décrire, Flaubert utilise une technique impressionniste où l'on ne distingue d'abord aucun personnage précisément.

Ainsi sa phrase multiplie-t-elleles tournures impersonnelles : le pronom indéfini « on » ; le passif (« Les quadrilles étaient commencés »); ou bien encore un tour comme « Il arrivait dumonde », où le sujet grammatical impersonnel « il» est repris par un sujet réel non moins indéfini « du monde».Or, cette technique stylistique n'a pas pour seul avantage de mettre au premier plan les deux héros, et tout spécialement Emma.

Elle permet également deprivilégier les sensations visuelles ou auditives, d'en détailler le mécanisme : ainsi le champagne versé ou la musique qui résonne existent-ils pour eux-mêmes, avant d'être goûté ou entendue.

Ce décalage entre le phénomène et sa sensation est une des clefs du réalisme de Flaubert : le lecteur perçoit laréalité telle que la perçoivent les personnages, avec le léger retard ordinaire de toute sensation. »

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