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Laurent de Médicis par André Rochon

Publié le 23/05/2020

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Ci-dessous un extrait traitant le sujet : Laurent de Médicis par André Rochon Professeur à la Sorbonne Devant le portrait de Laurent de Médicis, peint vers 1485. Ce document contient 3412 mots soit 8 pages. Pour le télécharger en entier, envoyez-nous un de vos documents grâce à notre système gratuit d’échange de ressources numériques. Cette aide totalement rédigée en format pdf sera utile aux lycéens ou étudiants ayant un devoir à réaliser ou une leçon à approfondir en Culture générale.


LAURENT DE MEDICIS, dit le Magnifique (Lorenzo de’ Medici). Né à Florence le 1er janvier 1448, il y mourut le 9 avril 1492. Il était fils de Piero de’ Medici et de Pia Lucrezia Tornabuoni, femme cultivée et vertueuse qui l’éleva dans l’amour des lettres et la piété; dès l’âge de dix-sept ans, Laurent, qui avait acquis de divers maîtres une culture vaste et très variée, fut chargé d’une importante mission diplomatique à Rome et auprès du roi de Naples Ferdinand Ier; l’année suivante, il représentait son père au Conseil des Cent, le plus important des organismes de la République de Florence, et y conduisit la lutte contre les Pitti. En 1471, la mort de son père le porta au pouvoir, et il continua de pratiquer à la tête de l’Etat les méthodes de son grand-père Cosme, confinant toujours plus la « Signoria » dans l’administration municipale. La clef de cette méthode de gouvernement était le système électoral : il s’agissait de confier à des fidèles du parti médicéen les charges d’« accoppiatori », qui recueillaient les bulletins de vote, pour la désignation aux Conseils et autres offices publics. De même, en politique étrangère, Laurent, comme son grand-père, s’attacha à maintenir l’équilibre de toute l’Italie. En 1478, Laurent et son frère Julien furent l’objet de la colère du pape Sixte IV, qui s’était heurté aux Médicis en voulant fonder en Romagne un État pour son neveu Gerolamo Riario. Cet ancien disciple de saint François d’Assise, qui fut le premier de la série des papes qui provoquèrent par leur conduite et leurs abus la Réforme protestante, envoya à Florence même le nouvel archevêque de Pise, Francesco Salviati, ennemi des Médicis en général, et notamment de Laurent, afin d’organiser un complot contre lui, en accord avec les Pazzi, banquiers pontificaux et rivaux des Médicis. Le 26 avril 1478, Julien fut assassiné dans la cathédrale, à la fin d’une messe célébrée par l’archevêque de Pise; Laurent, légèrement blessé, put s’échapper par la sacristie. Les conjurés tentèrent alors de s’emparer du palais communal et de susciter une rébellion populaire. Mais ce fut le peuple florentin qui leur donna la chasse, et fit d’eux un terrible carnage. La pendaison de Francesco Salviati donna à Sixte IV l’occasion de lancer l’interdit et de déchaîner une guerre contre Florence, avec l’alliance du roi de Naples, Ferdinand Ier. Le conflit traînant en longueur, Laurent se rendit lui-même brusquement à Naples, pour détacher le roi du pape, qui fit d’ailleurs la paix en 1480. En 1403, allié cette fois avec Venise contre Milan, Florence et Naples, Sixte IV attaqua Ferrare, mais il se retourna l’année suivante contre Venise; c’est Laurent, encore, qui fit cesser cette guerre; après quoi Sixte IV mourut, le 29 août 1484. A l’occasion de la conjuration des barons, un conflit éclata entre le nouveau pape, Innocent VIII, et le roi de Naples; Laurent appuya ce dernier, et imposa finalement la paix en 1486. Puis il resserra les liens avec le pape, en donnant sa fille Madeleine en mariage au bâtard du pape, Franceschetto Cibo, et il obtint le chapeau cardinalice pour son fils Jean, le futur pape Léon X, alors âgé de quatorze ans. En même temps, Laurent renforçait son propre pouvoir à Florence. En 1480 fut institué le Conseil des Soixante-Dix, dont les membres étaient élus à vie et qui disposait de la nomination aux charges communales. En 1490, ce même pouvoir fut confié à une commission de dix-sept membres désignés par Laurent. Ainsi se formait peu à peu une oligarchie toujours plus restreinte, dévouée aux ordres de Laurent, qui ne prit d’ailleurs jamais aucun titre officiel, affectant de rester simple citoyen. Mais comme tout ce système dépendait étroitement de son habileté politique personnelle, il ne tarda guère à s’écrouler sous l’incapable administration du fils de Laurent, Pierre. Laurent le Magnifique avait épousé tôt, le 4 juin 1469, pour des raisons politiques, une Romaine, Clarice Orsini, qui lui donna plusieurs enfants; par la suite, il aima Lucrèce Donati, à qui il dédia son Canzoniere , composé suivant la tradition du « stil nuovo », Mécene, il protégea les artistes, les écrivains et les savants; lui-même élève de Marsile Ficin, de Cristoforo Landino et de Jean Argyropoulos, il confia à Ange Politien, son favori, dont il avait découvert le talent, l’éducation de ses enfants, donna la direction de sa maison à Luigi Pulci, accueillit Paolo del Pozzo Toscanelli. De son palais, dans la via Larga, il fit un véritable musée, notamment de sculptures antiques où Michel-Ange put étudier à loisir. C’est sous la protection de Laurent que réalisèrent leur œuvre Verrochio, Pollaiulo, Botticelli, Ghirlandaio, Filippo et Filippino Lippi, Benozzo Gozzoli, et bien d’autres. Bref, pendant les vingt et quelques années de son principat, il fut au centre de cette magnifique floraison artistique de la fin du XVe siècle florentin, y participant lui-même comme écrivain, sensible parfois à l’influence de ses protégés, notamment de Politien et de Pulci. Nous n’avons guère de ses œuvres une chronologie exacte, et il n’est par conséquent pas possible d’en reconstituer la genèse; toutefois, la variété des sujets abordés et des formes employées est le signe d’un enchaînement capricieux d’intérêts divers, momentanés et contradictoires, plus que d’une vraie maturité littéraire. Ainsi, le Canzoniere et les Bois d’amour chantent l’amour platonique, alors que la sensualité resplendit dans L’Ambra et Les Amours de Vénus et de Mars [Amori di Venere e Marte], comme la frénésie des plaisirs dans les Chansons carnavalesques , les Ballades , les Chansons à danser [Canzoni a ballo]; après les plaisanteries contre le clergé et la religion des Beoni , les Oraisons [Orazioni], les Louanges spirituelles et la Représentation des saints Jean et Paul [Rappresentazione di san Giovanni e Paulo] surprennent; il est un témoin de la transition qui sépare les auteurs du XIVe siècle des classiques, mais l’on constate aussi un réalisme de caractère populaire dans La Nencia da Barberino et dans La Chasse au faucon . Véritable homme de la Renaissance, Laurent le Magnifique, dans son désir d’universalisme, se dispersa et ne parvint pas à devenir un grand créateur; de fait, il fut plutôt un diplomate qu’un homme politique, plutôt un lettré qu’un poète; son génie était incomplet et fragmentaire. Il connut cependant, parmi ses activités multiples, des instants de vrai bonheur, et le Triomphe de Bacchus et d’Ariane n’est pas seulement sa propre confession, mais aussi la voix de son siècle, de sa gaieté comme de sa mélancolie.

« Laurent de Médicis. »

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