« L’Assommoir est le « premier roman sur le peuple qui ne mente pas et qui ait l’odeur du peuple. »
Publié le 08/08/2021
Extrait du document
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DISSERTATION LITTERAIRE Ç LÕAssommoir est le Ç premier roman sur le peuple qui ne mente pas et qui ait lÕodeur du peuple.
È Discutez cette affirmation de Zola que lÕon trouve dans la prface de son ouvrage.
Dans la prface de LÕAssommoir, Emile Zola entend dfendre son roman dont la publication fait lÕobjet dÕun scandale et justifier la lgitimit de son travail.
Sa dfinition du texte comme Ç le premier roman sur le peuple qui ne mente pas et qui ait lÕodeur du peuple È met dÕabord lÕaccent sur lÕoriginalit du projet, originalit porte au compte du choix du sujet et du traitement sans prcdent de celui-ci.
Les deux subordonnes relatives coordonnes aux accents publicitaires insistent dÕailleurs sur la vrit de la reprsentation du peuple.
Le propos de Zola invite considrer dÕabord en quoi LÕAssommoir tmoigne dÕun vritable souci de respecter la ralit et dÕoffrir une peinture objective des milieux populaires.
Pourtant, quelques que soient les dclarations dÕintention de lÕcrivain, un roman ne se confond pas avec un document.
On relvera ainsi certains lments qui dnoncent les limites de la vise documentaire et le triomphe du romanesque.
De plus, dans le rseau dÕimages qui fournissent au roman une trame symbolique, on verra comment la volont de dnoncer lÕalination des ouvriers sÕassocie lÕexpression dÕobsessions propres au romancier.
Commenons par montrer quÕEmile Zola se revendique original puisque, selon lui, cÕest la premire fois quÕun auteur refus lÕidalisation romanesque pour faire une Ïuvre quasi ethnographique sur un milieu considr comme peu noble.
En effet, en utilisant lÕadjectif Ç premier È, Zola semble vouloir se dmarquer dÕune tradition romanesque qui a dj propos une peinture du milieu populaire.
Le choix du terme souligne que le romancier veut offrir une autre vision que celles donnes dans les Mystres de Paris dÕEugne Sue ou dans Les Misrables de Victor Hugo.
Il sÕagirait de refuser tout clich, tout raccourci, tout lment romanesque pour privilgier un aspect strictement objectif et documentaire.
Il est vrai que le rcit offre une belle place la peinture de la vie quotidienne dans un faubourg parisien.
Il sÕagit en effet, pour cet crivain bourgeois qui sÕadresse des lecteurs bourgeois de faire dcouvrir son public les us et coutumes des ouvriers en dcrivant leurs logements, leurs pratiques alimentaires, leurs ftes.
Dans le mme ordre dÕides, Zola refuse de prter artificiellement ses personnages la matrise du franais parl par les classes aises.
LÕauthenticit de la description passe par lÕutilisation dÕun langage grossier, cÕest--dire du franais populaire et argotique, que rend bien lÕusage trs frquent du discours indirect libre.
La dmarche de Zola va plus loin encore : si dans la citation, lÕexpression Ç odeur du peuple È peut sembler neutre, elle est en fait pjorative.
Elle vaut pour Ç puanteur È, thme annonc dÕemble par la prface qui promet une peinture du Ç milieu empest de notre faubourg È, une description des Ç ordures de la promiscuit È.
DÕailleurs, LÕAssommoir, qui raconte lÕhistoire dÕune blanchisseuse se laissant contaminer par la souillure de son milieu, ne fait pas lÕconomie des pisodes crus ou violents : il dcrit dans ses dtails la dchance de lÕhrone jusquÕ sa fin particulirement dgoutante.
Zola a pouss le trait si loin quÕon a pu dnoncer les excs de cette peinture et dire que lÕauteur dressait un tableau trop noir du milieu ouvrier.
Le refus de lÕidalisation conduirait une vocation caricaturale.
En effet, quelle que soit la prcision documentaire de LÕAssommoir, un roman ne se confond pas avec un article de journal.
DÕailleurs, pour convaincre son lecteur, Zola organise les donnes de la ralit et, dans un sens, les sublime de faon ce que les effets soient le plus.
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