L'Arctique

« L'Arctique Pendant plus de trois siècles, de nombreux explorateurs ont recherché le passage du Nord-Est, la route navigable del'Europe vers la Chine par le nord de la Sibérie.

Chacun d'entre eux, depuis l'Anglais Willoughby, qui partit le premierà la découverte du fameux passage, et qui le premier y laissa sa vie, chacun d'entre eux, ceux qui réussirent etceux qui échouèrent, apportèrent leur part à la connaissance de ces régions boréales.

Je ne puis que citer lesprincipaux : l'Anglais Chancellor, qui atteignit la mer Blanche ; le Hollandais Barents, qui explora la Nouvelle Zembleet qui y mourut en 1597, après avoir dirigé avec sagacité le premier hivernage dans les glaces arctiques ; la longuesuite des explorateurs russes, qui firent la carte des côtes et des grands fleuves sibériens, et dont les plus célèbressont Laptiev et Tchéliouskine, qui atteignit en traîneau le cap septentrional de la Sibérie auquel on a donné sonnom. Puis le Suédois Nordenskjöld, en 1878-1879, réussit à bord de la Vega à longer le long ruban des côtes sibérienneset à faire le premier, avec le même navire, le tour complet de l'Europe et de l'Asie.

En 1915-1916, le Russe Vilkitski,avec les brise-glaces Taymir et Vaigatch, réussit le passage en sens inverse du détroit de Béring à Arkhangelsk.

LaVega, comme le Taymir et le Vaigatch, avaient mis deux années pour franchir le passage du Nord-Est.

En 1932, leprofesseur russe Schmidt, à bord du Sibiriakov, fit la traversée d'Arkhangelsk au détroit de Béring en moins de troismois, et en 1934, le Lutke accomplit la traversée d'est en ouest en une seule saison.

Depuis, la route arctique dunord-est est devenue une route commerciale régulière. Du côté américain, la limite de l'océan Arctique est formée par la côte septentrionale de l'Alaska et du Canada, parles îles septentrionales de l'archipel polaire américain, par la cote nord du Groenland.

Les chercheurs du passage duNord-Ouest dessinèrent les premières cartes.

En 1497, quatre années seulement après le premier voyage deChristophe Colomb, le marchand vénitien Jean Cabot rechercha par le nord une route vers les Indes et la Chine etdécouvrit le Labrador.

Cortereal partit à son tour à la découverte et ne revint pas.

Jacques Cartier fit quatrevoyages célèbres à Terre-Neuve et au Saint-Laurent.

Frobisher crut avoir découvert des mines d'or sur la cote duGroenland.

John Davis remonta le long de la cote occidentale du Groenland jusqu'au 72e degré de latitude.

Enfin lemalheureux Hudson pénétra en 1610 dans la vaste baie qui porte son nom : son équipage révolté l'obligea à quitterson navire dans une embarcation et il mourut sans laisser de traces. Ce ne fut qu'au début du XIXe siècle, après les guerres de Napoléon, que l'Angleterre reprit vraiment la recherche dupassage du Nord-Ouest.

Coup sur coup, de 1818 à 1833, Ross, Parry explorent une partie des chenaux de l'archipelpolaire, mais sans arriver à trouver le fameux passage.

En 1845, Franklin part avec deux navires, l'Erebus et leTerror, et ne donne plus de ses nouvelles. Pendant plus de dix ans, l'Angleterre envoi des expéditions successives d'abord pour sauver les survivants s'il y ena, ensuite pour savoir exactement ce qui s'est passé.

Chacune de ces expéditions de secours apporte de nouveauxcompléments à nos connaissances géographiques et Mac Clure, qui depuis 1850 participait à ces recherches à bordde l'Investigator, réussit à franchir vraiment le passage, mais en y laissant son navire et en faisant à pied une partiedu chemin. En 1903, le Norvégien Amundsen, qui devait devenir un des plus grands explorateurs polaires, partit de Norvège àbord d'un cotre de quarante-sept tonneaux, le Gjoa, et après trois hivernages, réussit à atteindre la mer de Béringsur son petit navire.

L'exploit d'Amundsen fut renouvelé dans les années 40, et fort brillamment, dans les deux sens,par le navire canadien de quatre-vingts tonneaux Saint-Roch : parti de Vancouver en juin 1940, il arriva en octobre1942 dans l'Atlantique ; et en 1944 il réussit en une seule saison à passer de l'Atlantique au Pacifique. Pour atteindre le pôle Nord, les explorateurs ont suivi quatre routes principales : la route du Spitzberg et de la terreFrançois- Joseph ; la route du détroit de Béring ; la dérive de l'océan Arctique ; la mer de Baffin et le détroit deDavis. Le Spitzberg, découvert en 1596 par Barents, servit de base pour la conquête du pôle Nord à Parry qui, en 1827,réussit à traîner sur la glace deux lourdes chaloupes jusqu'à la latitude de 82° 47', record qui ne fut pas dépassépendant cinquante ans.

Personne ne songea plus à reprendre la même route, car Parry avait découvert que la dérivedes glaces le ramenait chaque jour en arrière d'une distance sensiblement égale à celle qu'il pouvait parcourir dansune étape quotidienne. La terre François-Joseph, découverte en 1873 par Weyprecht et Payer, fut utilisée comme base par le duc desAbruzzes en 1899 : le 25 avril 1900, le lieutenant de vaisseau italien Cagni réussit à s'avancer jusqu'à la latitude de86° 34'. En partant du détroit de Béring, en 1879, le navire américain Jeannette, commandé par de Long, avait été pris parles glaces et avait fini par être écrasé au nord des îles de la Nouvelle Sibérie (1881).

L'équipage avait gagnépéniblement la côte sibérienne et la plupart des membres de l'expédition avaient péri.

Ce fut une des plus tragiquesexpéditions de l'histoire arctique.

Or, trois années après le naufrage de la Jeannette, des Esquimaux trouvèrent surun glaçon, dans le voisinage de l'extrémité méridionale du Groenland, des épaves provenant sans aucun doute dunavire naufragé.

Le bloc de glace chargé de ces débris n'avait pu arriver au Groenland qu'en traversant le bassinpolaire : suivant toute vraisemblance, les épaves avaient passé au nord de la terre François-Joseph et du Spitzberg,. »