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L'ABSTRACTION

Publié le 15/05/2020

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« Henri Bergson : Extraits La conscience et la vie. « Quand la conférence qu'on doit faire est dédiée à la mémoire d'un savant, on peut se sentir gêné par l'obligation de traiter un sujetqui l'eût plus ou moins intéressé.

Je n'éprouve aucun embarras de ce genre devant le nom de Huxley.

La difficulté serait plutôt detrouver un problème qui eût laissé indifférent ce grand esprit, un des plus vastes que l'Angleterre ait produits au cours du siècledernier.

Il m'a paru toutefois que la triple question de la conscience, de la vie et de leur rapport, avait dû s'imposer avec une forceparticulière à la réflexion d'un naturaliste qui fut un philosophe; et comme, pour ma part, je n'en connais pas de plus importante, c'estcelle-là que j'ai choisie. [Critique des systèmes d'explications “ abstraits ”] Mais, au moment d'attaquer le problème, je n'ose trop compter sur l'appui des systèmes philosophiques.

Ce qui est troublant,angoissant, passionnant pour la plupart des hommes n'est pas toujours ce qui tient la première place dans les spéculations des méta-physiciens.

D'où venons nous ? que sommes nous ? où allons nous ? Voilà des questions vitales, devant lesquelles nous nousplacerions tout de suite si nous philosophions sans passer par les systèmes.

Mais, entre ces questions et nous, une philosophie tropsystématique interpose d'autres problèmes.

“ avant de chercher la solution, dit elle, ne faut il pas savoir comment on la cherchera?Etudiez le mécanisme de votre pensée, discutez votre connaissance et critiquez votre critique: quand vous serez assurés de la valeurde l'instrument, vous verrez à vous en servir.

” Hélas! ce moment ne viendra jamais.

Je ne vois qu'un moyen de savoir jusqu'où l'onpeut aller : c'est de se mettre en route et de marcher.

Si la connaissance que nous cherchons est réellement instructive, si elle doitdilater notre pensée, toute analyse préalable du mécanisme de la pensée ne pourrait que nous montrer l'impossibilité d'aller aussi loin,puisque nous aurions étudié notre pensée avant la dilatation qu'il s'agit d'obtenir d'elle. Une réflexion prématurée de l'esprit sur lui-même le découragera d'avancer, alors qu'en avançant purement et simplement il se fûtrapproché du but et se fût aperçu, par surcroît, que les obstacles signalés étaient pour la plupart des effets de mirage. Mais supposons même que le métaphysicien ne lâche pas ainsi la philosophie pour la critique, la fin pour les moyens, la proie pourl'ombre.

Trop souvent, quand il arrive devant le problème de l'origine, de la nature et de la destinée de l'homme, il passe outre pourse transporter à des questions qu'il juge plus hautes et d'où la solution de celle-là dépendrait : il spécule sur l'existence en général, surle possible et sur le réel, sur le temps et sur l'espace, sur la spiritualité et sur la matérialité; puis il descend, de degré en degré, à laconscience et à la vie, dont il voudrait pénétrer l'essence.

Mais qui ne voit que ses spéculations sont alors purement abstraites etqu'elles portent, non pas sur les choses mêmes, mais sur l'idée trop simple qu'il se fait d'elles avant de les avoir étudiéesempiriquement ? On ne s'expliquerait pas l'attachement de tel ou tel philosophe à une méthode aussi étrange si elle n'avait le tripleavantage de flatter son amour-propre, de faciliter son travail, et de lui donner l'illusion de la connaissance définitive.

Comme elle leconduit à quelque théorie très générale, à une idée à peu près vide, il pourra toujours, plus tard, placer rétrospectivement dans l'idéetout ce que l'expérience aura enseigné de la chose : il prétendra alors avoir anticipé sur l'expérience par la seule force duraisonnement, avoir embrassé par avance dans une conception plus vaste les conceptions plus restreintes en effet, mais seulesdifficiles à former et seules utiles à conserver, auxquelles on arrive par l'approfondissement des faits.

Comme, d'autre part, rien n'estplus aisé que de raisonner géométriquement, sur des idées abstraites, il construit sans peine une doctrine où tout se tient, et qui paraits'imposer par sa rigueur.

Mais cette rigueur vient de ce qu'on a opéré sur une idée schématique et raide, au lieu de suivre lescontours sinueux et mobiles de la réalité. [ Question de méthode : une approche graduelle de “ lignes de faits ” ] Combien serait préférable une philosophie plus modeste, qui irait tout droit à l'objet sans s'inquiéter des principes dont il paraitdépendre! Elle n'ambitionnerait plus une certitude immédiate, qui ne peut être qu'éphémère.

Elle prendrait son temps.

Ce serait uneascension graduelle à la lumière.

Portés par une expérience de plus en plus vaste à des probabilités de plus en plus hautes, nous ten-. »

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