La princesse MathildeUne femme de tête.
Publié le 17/05/2020
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«
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Une femme de tête 1820-1904
«Son front est fait pour le diadème», disait Sainte-Beuve, célébrant l'éclat de Mathilde Letizia Wilhelmine Bonaparte.
Fille de Jérôme, éphémère roi de West
phalie, elle naquit à Trieste en 1820.
Elevée à Rome et à Florence, elle devait
rencontrer son cousin Louis-Napoléon
lors d'un séjour
en Suisse, à Arenenberg,
chez sa tante la reine Hortense.
Elle l'aima.
Il fut question d'hyménée.
Mais
Jérôme, peu confiant dans l'avenir de son neveu, s'y opposa.
Riche héritière
par sa mère, qui était fille du roi de Wurtemberg, mais appauvrie par les dilapidations de son père, elle épousa, en 1841, le comte russe Anatole Demidov,
brutal, volage et jaloux mais très fortuné,
et prince toscan
de San Donato.
En
1845, giflée en public par son mari, elle le quitta aussitôt et obtint du tsar la sé paration de corps et une rente considé
rable (200000 roubles).
Revenue en France sous le nom de com
tesse de Montfort, elle devint la premiè
re dame de France à l'Elysée, puis aux
Tuileries, quand son cousin Louis
Napoléon Bonaparte, encore célibataire,
devint président
de la République, puis
empereur.
Son aisance, son élégance,
son charme et son esprit contribuèrent à la résurrection de la cour.
Quand Napo
léon III épousa Eugénie qu'il avait vue pour la première fois chez elle, son étoile
pâlit en même temps que sa puissance.
Les deux femmes
ne s'entendaient pas,
Mathilde restant attachée, comme son
frère Jérôme, dit
«Plon-Plon», aux ten
dances libérales et anticléricales com
battues par l'impératrice.
Elle vivait librement, ayant fait du
comte de Nieuwerkerke, son amant
quasi légitime, le surintendant des
beaux-arts, et de son château de Saint
Gratien, comme de son hôtel parisien,
un centre intellectuel fréquenté par des
hommes
de toutes tendances et de tou
tes opinions, légitimistes, orléanistes, ré
publicains et bonapartistes.
Son salon,
qu'on appelait «l'académie mathildien ne», fut sans égal au XIX• siècle.
C'était
une véritable chapelle dans la société
impériale.
On y rencontrait notamment
des écrivains comme Sainte-Beuve,
Prosper Mérimée,
les frères Goncourt et
Théophile Gautier, des peintres comme
Fromentin ou Ary Scheffer, des auteurs
dramatiques comme Dumas
fils et Sar dou, des architectes comme Viollet-le
Duc, et un philosophe comme Renan.
Ce n'était pas pour l'empereur une
parente de tout repos.
Son indépendan
ce d'esprit lui faisait critiquer aussi bien la politique de son cousin que les juge
ments de l'opinion publique.
Ainsi, elle n'hésita pas à faire l'éloge de Nicolas 1•r
pendant la guerre de Crimée et à approuver la politique de Cavour.
Mais
la protection efficace qu'elle sut appor
ter aux hommes
de lettres et aux artistes lui valut d'être surnommée «Notre Dame des Arts».
Ulustraûon: La princesse Mathilde en 1861, par
Giraud
Musée de Compiègne/Photo Tallandier © 1980, Edito-Service S.A., Genève, et Lib.
J.
Tallandier, Paris Imprimé en Italie 16 305 28-20
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