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LA III REPUBLIQUE AVANT 1914 : UN REGIME POLITIQUE, UN EMPIRE COLONIAL Chapitre VI La mise en œuvre du projet républicain (1870-1914)

Publié le 30/10/2023

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« THEME III LA III REPUBLIQUE AVANT 1914 : UN REGIME POLITIQUE, UN EMPIRE COLONIAL Chapitre VI La mise en œuvre du projet républicain (1870-1914) (5h) A L’épisode de la Commune B La IIIème République de 1870 à 1914 A La Commune (18 mars – 28 mai 1871) Contexte historique : La Commune est un des événements les plus sombres de l’histoire nationale : une guerre civile qui s’est produite sous les yeux de l’ennemi.

Mais c’est aussi une insurrection sociale et politique porteuse d’avenir, au point de constituer un véritable mythe pour la gauche française.

L’histoire de la Commune souffre de deux représentations partiales et opposées.

L’une, hostile, a présenté les communards comme des assassins, des incendiaires (ainsi le surnom de « Pétroleuses » donné aux femmes ayant participé à la Commune), des fusilleurs d’otages.

Cette description partiale des communards visait à légitimer la répression menée par Adolphe Thiers. L’autre représentation, favorable cette fois à la Commune, l’a présentée comme une insurrection populaire.

La Commune serait pour ses partisans l’aboutissement d’un processus historique né en 1789, la première expérience socialiste de l’humanité, noyée dans le sang par les armées « versaillaises » avec la complicité de l’ennemi allemand (les communards seraient ainsi des martyrs). Le contexte qui préside au déclenchement de la Commune est celui de la guerre francoprussienne depuis juillet 1870.

La défaite de Sedan a précipité la chute du Second Empire et la proclamation de la République le 4 septembre 1870.

Un gouvernement de défense nationale s’est alors constitué, dirigé par le général Trochu.

Mais les défaites succèdent aux défaites et les différentes armées levées contre l’envahisseur prussien ne cessent de reculer.

Finalement, Paris capitule et l’armistice avec la Prusse est signé le 28 janvier 1871.

Il prévoit l’élection d’une assemblée chargée de faire la paix.

Les élections dégagent une majorité de royalistes (400) contre 200 républicains et 30 bonapartistes.

La III République affiche donc dès sa naissance un paradoxe ; c’est un régime parlementaire dominé par les royalistes ! Thiers est élu chef du pouvoir exécutif mais la nouvelle assemblée se déplace de Bordeaux à Versailles, refusant de réinvestir Paris jugé trop instable. I - Une insurrection populaire 1.

Les origines Plusieurs raisons se conjuguent pour expliquer le déclenchement de la Commune.

Les causes sont à la fois psychologiques, économiques et politiques : ▪ l’humiliation de la défaite : le sentiment national a été particulièrement exacerbé pendant le siège de Paris.

La population parisienne a souffert du siège mais pourtant elle n’a jamais envisagé de se rendre, souhaitant au contraire se battre jusqu’au bout. Elle vit donc la capitulation comme une trahison, et l’entrée des Prussiens dans Paris comme une humiliation, une insulte. ▪ une situation économique dramatique : le chômage est omniprésent, aggravé par l’annonce du licenciement des gardes nationaux (Paris est en armes) qui ne toucheront donc plus de solde. ▪ développement d’un état d’esprit révolutionnaire, apparu dés septembre 1870 avec la chute de l’Empire.

Comme en 1848, il règne alors à Paris une atmosphère de liberté, les clubs se multiplient, la liberté de la presse est totale. ▪ l’exaspération contre l’assemblée conservatrice élue en février 1871 : les Parisiens font preuve d’un jacobinisme exacerbé et d’un fort radicalisme républicain, qui s’opposent au conservatisme et au royalisme de l’assemblée de Bordeaux : cette dernière se méfie de la capitale et s’installe à Versailles.

Paris est décapitalisé : c’est la revanche des royalistes sur les journées d’octobre 1789 (roi Louis XVI forcé de quitter Versailles pour s’installer à Paris). 2.

La rupture entre Versailles et Paris Thiers s’inquiète que les gardes nationaux aient conservé leurs armes et disposent de plus de 200 canons installés sur les hauteurs de Montmartre et Belleville : il décide de les enlever le 18 mars 1871.

L’opération lancée par Thiers va mal tourner car la foule et les gardes nationaux fraternisent avec la troupe venue enlever les canons, et bientôt c’est l’émeute : les généraux Lecomte et Thomas sont fusillés. Thiers choisit alors l’affrontement et décide de faire retirer les troupes de la capitale et de l’abandonner à la révolution, afin de mieux la reprendre ensuite par le combat militaire en anéantissant les émeutiers.

Des républicains sincères, comme le maire du XVIIIe arrondissement Georges Clemenceau, tentent d’éviter cette rupture et cette stratégie de l’affrontement.

Mais l’opinion parisienne n’est plus contrôlable et le gouvernement versaillais redoute trop l’agitation révolutionnaire de la capitale pour qu’un arrangement soit possible. Le 18 mars 1871, sans l’avoir vraiment désiré, le comité central de la garde nationale se retrouve maître de la capitale.

Désormais, les « fédérés » (républicains communards) s’opposent aux « Versaillais » (partisans de Thiers, conservateurs et royalistes). II - Une révolution noyée dans le sang 1.

L’œuvre de la Commune Quelques mesures symboliques sont adoptées : le drapeau de la Commune est le drapeau rouge, on rétablit le calendrier républicain.

On entreprend également des réformes économiques et sociales : ▪ création d’un ministère du travail ▪ légalisation des syndicats généralisés et prenant en charge la production ▪ instauration d’un salaire minimum ▪ rétablissement du moratoire des loyers (supprimé par l’assemblée de Versailles au mois de mars précédent) Adoption d’un certain nombre de mesures politiques : ▪ l’école primaire publique devient laïque et obligatoire ▪ séparation de l’Eglise et de l’Etat ▪ abolition de la conscription, remplacée par une armée populaire ▪ élection des fonctionnaires Au total une œuvre somme toute hardie mais pas socialiste ni révolutionnaire, d’ailleurs les communards ont respecté le trésor de la banque de France.

En fait, la priorité de la Commune est ailleurs : il s’agit d’entretenir et de préparer 200.000 hommes pour lutter contre les troupes de Thiers ; mais l’armée de la Commune est très indisciplinée : pas plus de 30.000 hommes ont finalement combattu de façon organisée. Thiers de son côté rassemble une armée de 130.000 hommes commandée par Mac Mahon (avec l’autorisation de Bismarck, qui libère même des prisonniers français pour leur permettre de rejoindre les troupes versaillaises).

Une sortie des fédérés vers Versailles le 3 avril 1871 est rapidement arrêtée par l’artillerie de Thiers au Mont Valérien : les insurgés capturés sont fusillés, il n’y a pas de prisonniers.

Ainsi il n’y a pas pour les communards d’autre alternative que la victoire ou la mort : Thiers veut une guerre sans merci. 2.

La « semaine sanglante » (21-28 mai 1871) L’offensive des Versaillais a lieu le 21 mai par le Sud Ouest de la capitale (c’est-à-dire les quartiers les moins populaires).

Les communards établissent aussitôt cinq cents barricades et opposent une résistance acharnée pendant une semaine, surtout dans le Nord et l’est de Paris (quartiers ouvriers) où les ont repoussés les troupes versaillaises.

Aux fusillades sans jugement opérées par les Versaillais, les communards répondent par l’exécution de 78 otages.

Allumés par le feu de l’artillerie versaillaise ou par les communards eux-mêmes, des incendies ravagent divers points de la capitale : Palais des Tuileries, Hôtel de Ville, Palais de Justice…Les derniers combats ont lieu le long du mur du cimetière du PèreLachaise et à Belleville. Moins de mille communards sont morts sur les barricades, mais 20.000 vont être exécutés sans jugement, 13.000 (sur 36.000 dénoncés) sont condamnés, essentiellement à la déportation.

L’état de siège subsiste jusqu’en 1876 et l’amnistie des communards ne fut votée qu’en 1879. Le mouvement révolutionnaire français a été brisé par la répression de la Commune.

Il faudra plus de dix ans pour que renaisse en France un mouvement socialiste.

La Commune est la dernière révolution « parisienne », Paris ayant depuis 1789 dicté l’histoire du pays.

Cette fois-ci c’est la province rurale et conservatrice qui a triomphé. Mais si les bourgeois et les paysans ont de nouveau tremblé par peur des « rouges », cette fois ils n’en rendent pas la République responsable (à l’inverse de 1848).

La République de Thiers a montré au contraire qu’elle pouvait être conservatrice, et maintenir l’ordre social. Malgré son échec, la Commune devient un mythe révolutionnaire, et représente aux yeux de la gauche la première expérience socialiste.

Le jour où la révolution bolchevique dépassera d’une journée la durée de la Commune, Lénine dansera de joie. B La IIIème République de 1870 à 1914 La République qui naît le 4 septembre 1870 au lendemain de la défaite de Napoléon III à Sedan semble dès ses débuts bien menacée.

Elle va pourtant tenir 75 ans puisqu'il faudra une autre défaite, celle de mai-juin 1940, pour disparaître. Dans quelle mesure ce demi siècle a-t-il alors été essentiel dans l’enracinement du régime républicain en France ? La périodisation (le découpage chronologique) de la période 1870-1914 est assez difficile à établir en raison de sa densité historique. Pour notre part, nous étudierons successivement les périodes : I 1870-1879 : Les difficultés d’implantation du nouveau régime. II 1879-1885 : La consolidation de la République. III 1885-1899 : La République confrontée à des difficultés. IV 1899-1914 : Le glissement vers la gauche de la République. I – Les difficultés d’implantation du nouveau régime Une naissance paradoxale Il faut se souvenir qu'en.... »

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