La Famille de Charles IVPeint en 1799, ce tableau marque l'apogée de la carrière officielle de Goya.

« La Famille de Charles IV Peint en 1799, ce tableau marque l’apogée de la carrière officielle de Goya. Pourtant, ce n’est en rien un portrait de famille conventionnel.

Tout d’abord, contre toutes les règles du protocole, ce n’est pas le roi qui domine l’assemblée, c’est la reine.

Mais Marie-Louise, femme vaniteuse et intrigante, n’était-elle pas celle qui tenait les rênes du couple royal ? Plusieurs autres détails inhabituels dans ce genre de tableau frappent le regard : l’infante doña Marie-Louise Josefina posant avec son dernier-né dans les bras, la future épouse du prince héritier Ferdinand VII dont on n’aperçoit que la tête tournée vers Marie-Louise, ou encore cette énorme tache noire qui macule la tempe de l’infante Maria Josepha, s œ ur du roi, et que Goya n’a pas cherché à atténuer. Pas plus qu’il n’a voulu embellir les autres personnages ou même leur donner l’air intelligent.

Excepté les plus jeunes enfants et peut-être le roi, tous ont l’air autoritaire et vaguement agressif. Certains ont cru déceler dans ce cruel portrait officiel des intentions caricaturales et subversives : la dénonciation des vices d’une race sur le déclin. Rien n’est moins sûr.

Goya, premier peintre de la Chambre depuis 1789, n’aurait sans doute pas voulu jouer sa carrière sur une commande aussi prestigieuse. Marie-Louise se serait d’ailleurs déclarée très satisfaite du tableau, estimant que le peintre avait été fidèle aux modèles... Mais Goya avait en mémoire un autre portrait de famille royale, modèle du genre lui aussi fort peu classique :Les Ménines de Vélasquez, qu’il avait gravé en 1778.

C’est sans aucun doute à ce tableau fascinant qu’il rend hommage en se peignant dans la pénombre du second plan à gauche, tourné vers le spectateur, comme Vélasquez l’a fait avant lui dans son portrait de la famille de Philippe IV.. »