La création de l'Académie françaiseLa littérature nationalisée.
Publié le 17/05/2020
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«
1 / 2 La création de l'Académie française
La littérature nationalisée
Le 2 janvier 1635, des lettres patentes
annoncèrent «la création d'un corps
chargé de rendre le langage français non
seulement élégant, mais capable de trai
ter tous les arts et toutes les sciences)).
Vaste et noble programme! Les hom
mes chargés de former ce nouveau
corps exerçaient depuis longtemps leur
sens critique dans un même effort lin
guistique et littéraire.
Depuis 1629,
quelques amateurs de belles-lettres,
parmi lesquels
le poète Gombauld, le traducteur Louis Giry, Germain
Habert, abbé de Cerisy, et son frère,
Habert de Montmort, Chapelain, futur
auteur vilipendé
de La Pucelle, le romancier Desmarets de Saint-Sorlin,
l'abbé Godeau, familier de l'hôtel de
Rambouillet, se réunissaient chaque
semaine rue Saint-Martin chez leur con
frère Valentin Conrart, mécène à ses
heures, pour discuter de grammaire et
d'esthétique.
Le seul désir du groupe
était de demeurer ignoré: nul ne son
geait
à former un corps officiel.
Richelieu fut pourtant mis au courant
de ces réunions par un de ses fidèles,
Boisrobert.
L'autoritaire cardinal ne pri
sait guère les assemblées qu'il ne domi
nait pas.
Il désira tenir sous
sa houlette
ces amis des lettres françaises et tirer
ainsi un nouveau prestige de l'appui offi
ciel qu'il leur accorderait.
Il proposa
donc
à Conrart d'ériger le petit groupe
en une académie dont il deviendrait le protecteur.
Les écrivains, d'abord cons
ternés, comprirent vite qu'il n'était pas
question d'éluder l'invitation d'un
homme
«qui ne voulait pas médiocre
ment ce qu'il voulait>>.
En cette année
1635
1634, ils étaient une vingtaine.
Il fallut
trouver de nouvelles recrues pour arri
ver au chiffre
de quarante auquel on
s'était arrêté.
Les candidatures affluè rent.
Richelieu imposa quelques noms,
accepta certains autres, parmi lesquels
le grammairien Vaugelas, Guez de Bal
zac, l'épistolier, les poètes Racan et Voi
ture, ainsi que le chancelier Pierre Sé guier.
En 1635, ils n'étaient encore que
trente-six.
Ils ne furent au complet qu'en
1639.
Il fut entendu que les académi
ciens travailleraient à l'élaboration d'un
dictionnaire, d'une grammaire, d'une
rhétorique et d'une poétique.
Conrart
prépara les statuts qui furent soumis au
cardinal.
Comment allait-on appeler la
nouvelle assemblée?
On hésita entre «Académie des beaux esprits)), «Acadé mie des polis)), «Académie de l'éloquen ce)).
Finalement, la majorité se rallia au
nom plus simple d'«Académie fran
çaise)).
Les ennemis de Richelieu ridiculisaient
la jeune institution.
Le parlement ne
montrait aucune chaleur pour la créa
tion de l'Eminentissime protecteur et
il fallut attendre le 10 juillet 1637 pour
que les lettres patentes fussent enregis
trées.
L'Académie commençait
sa car
rière, avec la ferme volonté d'ignorer
critiques, satires et brocards.
Elle est
toujours vivante.
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