La cour impérialeUrie cour militarisée.
Publié le 17/05/2020
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Une cour militarisée
Devenu Premier consul, Bonaparte ne songe pas tout d'abord à organiser une
cour.
Il vit simplement, entouré de ses
compagnons d'armes, de ses aides de camp ou de ses secrétaires.
Aux Tuile
ries, où il s'est installé le 19 février 1800, existent les différents services nécessai
res au bon fonctionnement du palais.
Déjà Joséphine préside des
tëtes somp
tueuses.
Les uniformes chamarrés don
nent un éclat tout neuf à une figuration
mélangée.
Tout change avec la proclamation
de l'Empire.
Napoléon estime qu'il est
indispensable de posséder une cour et des courtisans.
La vieille noblesse reve
nue d'émigration boude les Tuileries: «C'est ainsi? déclare l'Empereur.
Eh
bien, nous allons à notre tour créer une
noblesse!» Et, en quelques années, tout un personnel d'apparat est constitué.
Comme il lui est difficile de reprendre
les titres des grands offices de la monar chie héréditaire, Na po léon choisit pour
modèles la cour d'Autriche...
et celle
de Charlemagne! Plusieurs sénatus
consultes organisent cette cour: les mâ les de la famille impériale sont créés dès
1804 «princes français».
Puis viennent les grands dignitaires: l'archichancelier
d'Empire Cambacérès, l'archichance
lier d'Etat Lebrun.
A côté
des maré
chaux d'Empire qui sont seize au maxi
mum,
les grands officiers civils d'un
rang inférieur.
Enfin, de toutes pièces,
Napoléon crée une noblesse d'Empire.
Celle-ci comptera fmalement trois prin
ces, quatre cents comtes et un millier
de barons.
La maison de l'impératrice n'est
1804-1814
pas moins fournie: dames d'honneur,
dames pour accompagner, etc.
Mais,
pour appartenir
à la cour, il faut -tout
comme au temps de Louis XIV ou de Louis XV -avoir été «présenté».
Pour toutes les cérémonies, la figuration
est maintenant assurée.
Encore faut-il
faire revivre
les manières des cours.
Un certain nombre de membres de la
noblesse du XVIII• siècle acceptent de servir le nouveau maître et d'enseigner
discrètement les usages, tels le grand
maître des cérémonies, le comte de Sé gur, ou le marquis de Caulaincourt.
Les réceptions impériales sont fastueu
ses et éblouissent les étrangers, mais
elles sont mortellement ennuyeuses.
L'Empereur a imposé une discipline
aussi stricte qu'à l'armée et, quand
il fait le tour des salons, on a l'impression qu'il
passe une revue de détail.
Le déroule
ment de la tëte est minutieusement réglé:
on ne doit pas quitter la place qui vous a
été assignée, on ne doit pas danser avant
une heure déterminée, on n'ose même
pas tousser
en présence de l'Empereur.
Celui-ci adresse quelques mots çà et là.
Bientôt il se retire.
On se détend alors.
On danse un peu, mais tous les assis
tants ne tardent pas à s'en aller.
ll y a une cour: il n'y a pas de courti
sans, mais des figurants.
Illustration: Défilé du cortège impérial dans la
Galerie du Louvre (181 O)
Photo Hubert Josse © 1980, Edito~Service S.A., Genève, et Lib.
J.
Tallandier, Paris Imprimé en Ita1ie A 16 305 27-19
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