La comédie dans Le Malade Imaginaire est-elle seulement un spectacle ? dissertation français
Publié le 20/05/2023
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Sujet : La comédie dans Le Malade Imaginaire est-elle seulement un spectacle ?
La comédie a souvent été considérée comme un spectacle léger, le but qu'elle affiche : faire
rire le spectateur, l'a souvent reléguée au rang de simple distraction sans conséquence et cela depuis
le règne de Louis 14 qui ne lésiné pas sur les moyens pour son propre divertissement, en effet en la
personne de Molière, le Roi Soleil trouve un esprit qui charme son intellect, les bons mots des
textes de Molière font rire le roi.
Au théâtre du Palais-Royal : Molière, qui joue le rôle d'Argan,
meurt juste après la quatrième représentation et laisse comme testament dramaturgique Le Malade
Imaginaire qui réaffirme plus que jamais les deux préceptes qui guidaient Molière : la volonté de
plaire et la liberté de critiquer car certes, la comédie fait rire à gorge déployée à partir de petits
riens, de situations futiles, mais cela signifie-t-il pour autant qu'il ne faille pas la prendre au
sérieux ? N'a-t-elle cependant pas d'autre visée que d'offrir un passe-temps agréable ?
Nous nous demanderons donc si la comédie dans Le Malade Imaginaire est seulement un
spectacle ?
Nous verrons d'abord que la comédie constitue bel et bien un spectacle divertissant, qui suscite le
rire.
Nous montrerons ensuite que la comédie peut aussi instruire le spectateur.
Dès l'Antiquité, un des buts de la comédie est de divertir le spectateur en lui offrant
notamment une grande diversité en utilisant toutes les ressources de la comédie.
Premièrement, quand, dans Le Malade imaginaire , Thomas Diafoirus fait son compliment de futur
gendre sous le regard de son père et qu'il se trompe de belle-mère (il s'adresse à Angélique au lieu
de Béline, la femme d'Argan), c'est au comique de situation que Molière recourt.
De plus, la force
comique de la comédie est aussi portée par la vivacité des dialogues, les jeux de mots, les imitations
des jargons professionnels, etc.
Quand Toinette, déguisée en médecin, fait le diagnostic du mal
imaginaire dont souffre Argan, la répétition de la formule « le poumon » repose sur le comique de
mot et de langage, de même que l'utilisation d'un jargon franco-latin lors de la « cérémonie
burlesque » qui met fin pièce.
Les comédies de Molière sont souvent centrées sur des personnages
extravagants : Argan veut toujours avoir un médecin à proximité, son fauteuil de malade trônant au
milieu de la scène, symbole de son obsession ridicule.
Cela peut nous faire penser à Ubu roi de
Jarry, où le père Ubu est un tyran grotesque avide de pouvoir et d'argent, qui n'hésite pas sacrifier
tous les nobles de Pologne pour redresser ses « phynances ».
L’utilisation de ce type de figures
risibles relève du comique de caractère.
Au théâtre, tout est illusion : le lieu, le temps, l'action ; le plaisir du spectateur repose sur cette
illusion.
Quand les personnages d'une comédie jouent eux-mêmes la comédie sur scène, l'artifice est
à son comble et le public jubile:c’est la mise en abyme.
Dans Le Malade imaginaire, Toinette se
déguise en médecin, se dédoublant aux yeux du spectateur, dans de rapides allers-retours sur scène ;
Argan, quant à lui, feint d'être mort pour piéger sa femme.
D’ailleurs, c’est la feinte, le jeu, qui
permet de faire triompher le vrai et le juste : Toinette déguisée en médecin réussit à provoquer
pour la première première fois la rébellion d’Argan contre une prescription médicale à la fin de
la scène 10 de l’acte III.
La comédie de la mort de que Toinette invite Argan à jouer dans l’acte
III, et qui fait suite à celle de Louison dans la scène 8 de l’acte II, marque d’autres révolutions :
Argan laisse enfin cours à sa bonté naturelle face à sa fille ; le fait de jouer la comédie de sa
propre mort lui permet d’apprivoiser ses angoisses, met à jour les imposteurs et rétablit l’unité
familiale.
La feinte montre la vérité dans les coeurs de chacun, comme cela avait déjà été le cas
dans l’opéra impromptu entre Cléante et Angélique.
Alors que Toinette et Béralde échoue à
raisonner Argan, ils parviennent à leur fins en jouant la comédie.
Le jeu de la mise en abyme permet
un spectacle démultiplié.
Les scènes de théâtre dans le théâtre sont nombreuses dans la pièce.
La
comédie de la mort jouée par Argan sous les conseils de Toinette avec ce qu’elle permet de
révéler peut se lire comme étant une métaphore du jeu théâtral lui-même, qui demande de prendre
la place d’un autre et de mourir à soi même.
Les spectateurs font aussi ces expériences différées le
temps de la représentation : en regardant le spectacle, ils s’oublient et prennent plaisir au
divertissement.
La pièce de Molière constitue une éloge du théâtre lui même.
La comédie peut mobiliser d'autres arts, tels la musique et la danse, et créer ainsi, outre des
occasions de rire, la joie, la surprise ou encore l'émerveillement.
La comédie-ballet, genre nouveau
au xviie siècle, mélange ainsi les arts pour former un spectacle complet propre à charmer tous les
sens du spectateur.
Dans Le Malade imaginaire, c'est une « églogue en musique et en danse » ainsi
que des ballets champêtres qui ouvrent la pièce.
Les actes traditionnels sont ponctués par
des intermèdes chorégraphiques comme les « danses entremêlées de chansons » .Un siècle plus tard,
Beaumarchais rythme Le Mariage de Figaro de chants, telle la romance de Chérubin à l'acte II ou le
vaudeville final, dont chaque personnage entonne un couplet.
Mais le divertissement que propose
cette comédie ballet se traduit aussi par un art de séduire et fasciner le spectateur en mêlant théâtre,
danse et musique.
Dans Le Malade imaginaire, le prologue et les trois intermèdes mettent en scène
des univers très différents, de la pastorale au carnaval en passant par la commedia dell'arte et
l'orientalisme.
Outre l'animation produite par la musique et la danse, on imagine assez bien le faste
des costumes, des maquillages, des lumières tel qu'a pu essayer de les reproduire Jean-Marie
Villégier dans sa mise en scène au théâtre du Châtelet en mars 1990.
La comédie s'affirme comme un divertissement préoccupé seulement de plaire et d'amuser.
Pourtant
le rire qu'elle provoque n'est pas aussi bénin qu'il le semble.
La comédie, notamment chez Molière peut avoir également une portée sociale.
Le Malade
imaginaire propose une satire acerbe de la médecine : tous les médecins y sont présentés comme
des charlatans, à commencer par ce « grand benêt » de Thomas Diafoirus.
Le travestissement de
Toinette, ainsi que la « cérémonie burlesque d'un homme qu'on fait médecin en récit, chant et
danse » qui clôt la pièce, achèvent de dénoncer l'imposture médicale.
Romains file la thématique de
la médecine dans Knock: le....
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