La comédie dans Le Malade imaginaire n'est-elle seulement qu'un spectacle ?

« Séance 15: Correction du type bac (3h) Dissertation Sujet : La comédie dans Le Malade imaginaire n'est-elle seulement qu'un spectacle ? Le Malade imaginaire est la dernière pièce écrite, mise en scène et jouée par Molière avant sa mort, après la quatrième représentation du 17 février 1673.

Cette disparition peu de temps après sa dernière interprétation d'Argan, le rôle du personnage éponyme, a contribué à créer autour de Molière la légende du dramaturge inspiré par sa propre peur de la mort et ses désillusion personnelles.

L'intérêt de cette pièce se trouve pourtant bien au-delà de ces hypothèses hardeuses qui réduisent la création littéraire de Molière à une simple transcription des circonstances.

Le Malade imaginaire est en effet la dernière des pièces du dramaturge mais aussi la dernière de ses comédies-ballets, genre dont il est l'inventeur et qui ne lui survécut pas.

Elle témoigne de l'inventivité de son auteur qui n'a eu de cesse de renouveler son écriture théâtrale tout au long de sa vie au service des plus grands, depuis le Duc d'Epernon jusqu'au Roi de France lui-même, Louis XIV.

Avec ses comédies-ballets, écrites en collaboration avec le musicien Lully puis Charpentier, et le chorégraphe Beauchamp, il a participé à la magnificence des fêtes des Plaisirs de l'île enchantée de Versailles, lieu où Le Malade imaginaire fut représenté aussi en juillet 1674, plus d'un an après sa mort.

Le goût du spectacle dans la création mêlant la musique , la danse, les chants et le théâtre peut cependant nous amener à nous demander si la comédie jouée dans cette pièce n'a comme exclusive visée que la représentation d'un spectacle divertissant.

L'attention porté au plaisir du spectateur par la variété de l'expression artistique et des jeux scéniques peut en effet nous amener à nous demander si la comédie ballet poursuit également un but sérieux.

Pour répondre à cette question, nous verrons dans un premier temps que la comédie est évidemment un grand spectacle éblouissant et plaisant pour le spectateur.

Mais nous montrerons que le plaisir de la comédie est mis au service de la réflexion puisqu'il s'agit bien pour le dramaturge de provoquer le questionnement.

Plaire et instruire sont, dans la comédie de Molière, les deux maîtres mots indissociables.

Il nous tout d'abord concéder que Le Malade imaginaire est effectivement un spectacle, et des plus divertissants.

La pièce est écrite pour le plaisir du spectateur en dévoilant tout l'art de la comédie dont Molière s'est rendu maître.

Nous retrouvons et reconnaissons ici en premier lieu toutes les ressources de la comédie par les personnages qui en rappellent d'autres issus également du théâtre de Molière : Toinette est une nouvelle servante effrontée, dans la continuité de Nicole dans Le Bourgeois gentilhomme, La Flèche dans L'Avare ou encore Scapin dans Les Fourberies de Scapin.

Son apparition sur scène, moqueuse et sous les injures vaines de son maître, est la promesse d'un spectacle plaisant.

De même, nous reconnaissons le couple d'amants qui devra déjouer les projets ridicules et autoritaires d'un père, et nous identifions tout de suite Argan comme celui qui se ridiculise par son obsession : traiter ou prévenir un état maladif.

Le choix de la médecine et l'évocation du corps dans ses fonctions primaires est également une source certaine de plaisir chez le spectateur dans le rire provoqué par la répétitions des lavements prescrits par Monsieur Purgon et préparés par Monsieur Fleurant, deux personnages aux noms évocateurs et explicites.

La comédie du Malade imaginaire présente donc un spectacle plaisant immédiatement au spectateur, ou au lecteur puisqu'elle fait appel aux ressources traditionnels de la comédie chez Molière.

Par ailleurs, le spectateur se trouve démultiplié par un jeu de mise en abyme : tout au long de la pièce le spectacle devient lui-même lieu de spectacle, le plateau théâtral, lieu de la représentation théâtrale pour les personnages devenus spectateurs ou acteurs.

Ainsi, comme plus tard, chez Marivaux par exemple dans Le Jeu de l'Amour et du hasard, les personnages se travestissent ou dissimulent pour mieux découvrir l'autre ou mener à bien leur projet.

Chez Marivaux, Silvia et Dorante échangent ainsi de rôles avec leurs serviteurs pour mieux approcher celle ou celui à qui ils sont promis en mariage.

Et ce faisant, ils se trompent eux-mêmes puisqu'ils ont eu tous les deux la même idée sans le savoir.

Dans Le Malade imaginaire, Béline qui a pris le masque de la femme aimante révèle trop tôt son vrai visage, pensant son mari mort.

Le jeu d'Argan, sous la mise en scène de Toinette, a donc servi à révéler la vérité des sentiments chez Marivaux.

Dans ces. »