La chute du TriumviratLa «Saint-Barthélemy des ministres».

« 1 / 2 La chute du Triumvirat La «Saint-Barthélemy des ministres)) 1774 En 1770, Choiseul renvoyé, Louis XV fait appel à trois ministres décidés, ambitieux et travailleurs: le duc d'Ai­ guillon pour la Guerre et les Affai­ res étrangères, le chancelier Maupeou pour la Justice, l'abbé Terray pour les Finances .

De 1770 à 1774, ces hommes prennent d'énergiques mesures pour redresser la situation financière et l'autorité de l'Etat; ils suppriment les parlements , fonctionnarisent les magis­ trats, opèrent des coupes sombres dans les rentes, les bénéfices et les pensions.

Tout cela provoque l'opposition de la noblesse et de la haute bourgeoisie .

A la cour , si le Triumvirat ministériel a l'appui de Mme du Barry, il est haï par les ennemis de la favorite, la jeune dau­ phine Marie-Antoinette en tête.

Louis XV meurt le 10 mai 1774.

Par crainte de la petite vérole qui vient d'emporter son grand-père, on isole Louis XVI et sa femme à Choisy, puis au château de la Muette.

Le jeune roi n'a aucun contact avec les ministres qui, ayant eu audience avec Louis XV dans les derniers jours de sa maladie, risquent d'être contagieux.

Sans éducation politi­ que, tenu jusqu'alors à l'écart des affai­ res, affolé par son inexpérience et le manque de conseillers, le nouveau sou­ verain appelle à son secours un mentor de 7 4 ans , ancien ministre de la Marine, chassé par Mme de Pompadour en 1749, le comte de Maurepas.

Relégué dans ses terres, le vieux monsieur accourt le 13 mai, triomphant.

La veille, Mme du Barry a été expèdiée à l'abbaye de Pont-aux-Dames.

A cette satisfac­ tion, Marie-Antoinette veut ajouter celle du renvoi d'Aiguillon , «cette face jaune qu'elle ne peut plus voir».

Maurepas et Louis XVI hésitent.

Ils n'auront pas pourtant à disgracier le duc qui donne sa démission le 2 juin.

Louis XVI lui octroie une pension et lui fait un cadeau de départ de 500000 livres.

La reine voudrait le retour de Choiseul qui arrive le 10 juin; l'accueil glacial du roi le fait retourner promptement chez lui.

En juin , événement extraordinaire, le roi et ses frères sont vaccinés contre la petite vérole ; en juillet , on inhume solennelle­ ment Louis XV à Saint-Denis .

Mau­ peou et Terray sont toujours en place, ce qui les étonne, inquiète certains et indispose d'autres qui attendent une «Saint-Barthélemy des ministres».

Mau­ repas n'obtient de Louis XVI aucune précision; pour éviter les questions de son mentor, le roi va chasser à Compiè­ gne.

Le 24 août, Maurepas, qui a pris conscience de la faiblesse de son souve ­ rain, le presse de prendre une décision, faute de quoi il se retirerait.

Devant cet argument brutal, Louis XVI s'exécute: une lettre de cachet est envoyée au chan­ celier Maupeou, l'exilant en Normandie .

«Vide-gousset» (l'abbé Terray), qui a d'ailleurs fait fortune, se retire dans ses terres sans demander son reste; Turgot lui succède comme contrôleur général des Finances, tandis que Vergennes remplace le duc d'Aiguillon . 2 / 2. »