La Champmeslé

« La Champmeslé (1642-1698) La muse d'un grand poète.

Marie Desmares, de bonne famille rouennaise, veuve à 23 ans d'un bourgeois d'Honfleur,débute au théâtre du Jeu de paume, dans sa ville natale.

Peu après, elle épouse un acteur, Chevillet, sieur deChampmeslé, qui l'emmène à Paris et la fait entrer avec lui, en 1669, dans la troupe du Marais.

Après des débutsprometteurs, Marie passe à l'hôtel de Bourgogne, théâtre parisien rival du sien.

Son interprétation, au pied levé, durôle d'Hermione dans Andromaque enthousiasme Racine qui vient de perdre sa principale interprète, la Du Parc.

Ils'attache donc la Champmeslé.

Pendant sept ans, celle-ci domine son cœur; il en fait son élève et son interprète.La gloire de la tragédienne et du poète grandit à l'unisson.

C'est sous le «règne» de la Champmeslé que Racine est leplus fécond.

En 1670, il écrit pour elle Bérénice, sa pièce la plus tendre, qui supplante Corneille; toujours pour elle,lui faisant lui-même répéter ses rôles, il produit des chefs-d'œuvre comme Bajazet (1672), Mithridate (1673),Iphigénie (1674), Phèdre (1677).

Les cabales dirigées contre cette dernière pièce l'amènent cependant à renoncer àla carrière dramatique.

Ajoutons toutefois que la «tromperie» de la Champmeslé avec le comte de Clermont-Tonnerren'est pas étrangère à cette décision.

Il est flatteur, certes, d'être liée à un haut personnage, porteur d'un grandnom; mais naturellement coquette et frivole, Marie Champmeslé n'a jamais brillé par sa fidélité.

Autour d'un maricomplaisant, elle réunit Racine, Boileau, La Fontaine; de nombreux soupirants suivent; parmi eux, on relève le jeuneCharles de Sévigné: délaissant les 51 ans de Ninon de Lenclos, il s'éprend furieusement de l'actrice que la mère dujeune homme, la marquise, appelle sa «belle-fille» ou «la petite chimère».

En 1679, la Champmeslé passe dans latroupe royale de l'hôtel de Guénégaud.

En 1680, unissant les trois théâtres parisiens, Louis XIV crée la Comédie-Française.

Les Champmeslé en font tous deux partie.

Marie reprend les pièces de Racine, mais elle joue aussi lesautres auteurs de l'époque, La Chapelle, Pradon, Campistron...

C'est pour sa voix que la Champmeslé est le pluslouée; critiques et admirateurs la trouvent sublime.

Tragédienne reconnue et applaudie, Marie Champmeslé termineses jours dans le village d'Auteuil où elle se reposait d'une vie exaltante.Marie Champmeslé est la première interprète des rôles de Bérénice, Monime, Iphigénie et Phèdre.

On imiteralongtemps son art de déclamer les vers raciniens, qui charma Louis XIV et sa cour.. »