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Marie Desmares, dite la Champmeslé

Publié le 09/12/2021

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Marie Desmares, dite la Champmeslé 1642-1698 Lorsque deux ou trois siècles ont passé sur la gloire d'un acteur, il ne nous reste que des doutes, à nous, quant au talent tant vanté, ou bien la commodité d'y croire de confiance. Même les réputations de beauté, qui sont pourtant contingentes et trompeuses, se vérifient plus aisément : il y a toujours des portraits ! La Champmeslé fut-elle une grande tragédienne ? On peut au moins répondre que les témoignages favorables sont plus convaincants que les autres. Mais enfin, le vrai coup de chance de l'actrice ne fut pas là. Son nom n'aurait pas traversé deux cent cinquante années, si pendant quelque sept ans, Racine et elle n'avaient pas vécu un de ces attachements d'auteur à interprète, où les sentiments ne font pas toujours l'essentiel. On a tôt fait de parler d'amour ! Même à travers le temps, une grande affaire romanesque, un sentiment qui brûla et déchira deux vies, cela se reconnaît. Rien de tel entre Racine et la Champmeslé, semble-t-il. La petite actrice normande a survécu dans les mémoires, grâce à ce hasard : Racine se prit de goût pour elle (après l'avoir applaudie dans Hermione : c'est déjà la bonne mécanique théâtrale qu'il appréciait…) et c'est à côté d'elle — disons même "pour elle" — qu'il écrivit "Bérénice, Bajazet, Mithridate, Iphigénie" et Phèdre. Mais pour ses contemporains, la Champmeslé fut tout aussi bien l'interprète idéale de Pradon, La Chapelle, Catherine Bernard, La Grange-Chancel, Longe-pierre, l'abbé Boyer ou La Fosse. Dans cette incertitude, choisissons donc de parier sur le talent, et gageons que la Champmeslé en était comblée.

« Marie Des mares, dite la C hampmeslé1642-1698 Lorsque deux ou trois siècles ont passé sur la gloire d'un acteur, il ne nous reste que des doutes, à nous, quant au talent tant vanté, ou bien la commoditéd'y croire de confiance.

Même les réputations de beauté, qui sont pourtant contingentes et trompeuses, se vérifient plus aisément : il y a toujours desportraits ! La Champmeslé fut-elle une grande tragédienne ? On peut au moins répondre que les témoignages favorables sont plus convaincants que lesautres.

Mais enfin, le vrai coup de chance de l'actrice ne fut pas là.

Son nom n'aurait pas traversé deux cent cinquante années, si pendant quelque sept ans,Racine et elle n'avaient pas vécu un de ces attachements d'auteur à interprète, où les sentiments ne font pas toujours l'es sentiel.

On a tôt fait de parlerd'amour ! Même à travers le temps, une grande affaire romanesque, un s entiment qui brûla et déchira deux vies, cela se reconnaît.

Rien de tel entre Racineet la Champmeslé, semble-t-il.

La petite ac trice normande a survécu dans les mémoires, grâce à ce hasard : Racine se prit de goût pour elle (après l'avoirapplaudie dans Hermione : c'est déjà la bonne mécanique théâtrale qu'il appréciait…) et c'est à côté d'elle — disons même "pour elle" — qu'il écrivit"Bérénice, Bajazet, Mithridate, Iphigénie" et Phèdre.

Mais pour ses contemporains, la Champmeslé fut tout aus si bien l'interprète idéale de Pradon, LaChapelle, C atherine Bernard, La Grange-C hancel, Longe-pierre, l'abbé Boyer ou La Fos se.

Dans cette incertitude, choisissons donc de parier sur le talent, etgageons que la Champmeslé en était c omblée. Marie Des mares naquit à Rouen en 1642.

Lorsqu'elle débuta au théâtre, à 23 ans, au "Jeu de Paume des Braques, rue Saint-Éloi", elle était déjà veuve d'unbourgeois de Honfleur.

Elle fit vite carrière.

A près un an, elle épousa un acteur de la troupe, C hevillet, sieur de Champmeslé (écrivons-le ainsi ; on trouvejusqu'à sept orthographes de son nom !) et le suivit en 1669 à Paris, lorsqu'il fut engagé au T héâtre du Marais.

En peu de mois, elle y connut le succès dansquelques Fête de Vénus, Polycrate et autres Amour de V énus et Adonis.

C'est d'elle, cette année-là, que l'intarissable Robinet écrivait : … "La pouponne de C hampmesléPar qui l'on est tout stimulé,C 'est-à-dire ému, représ ented'une manière très galanteet qui charme tant rien plusLa belle déesse Vénus ; et dans ce rôle cette ac triceest une parfaite enchantrice…" "Enchantrice" au point que l'Hôtel de Bourgogne l'enleva au Marais .

(Et cette fois, c'est son mari qui la suivit, tiré par elle et désormais dans son ombre).

Àl'Hôtel de Bourgogne, le destin la guettait : M arie joua "Andromaque" au pied levé, enthousias ma Racine venu l'entendre à contrecoeur, lui plut, enfin sel'attacha.

Avant que l'année s'écoulât, il lui donnait à créer le rôle de Bérénice, ce rôle si bien fait pour elle qui triomphait, nous est-il revenu, "dans le styletendre". De 1670 à 1677, brille incomparablement l'étoile de la C hampmeslé.

Racine est dans sa gloire (il est entré à l'A cadémie en 1673) et il paraît amoureuxd'elle.

Non pas, certes, comme il l'avait été de la Du P arc, morte en 1668 et qu'il avait pleurée, mais enfin assez attaché pour que Madame de Sévignéécrive sans sourciller : “…Racine fait des comédies pour la Champmeslé, ce n'es t pas pour les siècles à venir.

Si jamais il n'est plus jeune et qu'il cessed'être amoureux, ce ne s era plus la même chose…" Prédiction qui ne se révéla pas si fausse : on a lu ci-dessus la liste des auteurs qu'illustra M arie lorsqueRacine, après la cabale de Phèdre, se fut retiré.

Mais il entra aussi dans cette retraite, outre tout ce que l'on en sait et dit, une déc eption amoureuse qui a saplace ici. À la plus tendre amour, elle fut des tinéeQui prit longtemps Racine dans son coeur ;Mais par un ins igne malheurLe Tonnerre est venu qui l'a dé-Racinée. Ainsi, la C hampmeslé se livra-t-elle as sez impétueusement au grand nom et au pouvoir amoureux du comte de C lermont-Tonnerre.

Oui ou non, la peine queput infliger à l'écrivain cette trahis on fut-elle déterminante dans sa décis ion de se retirer ? Il est difficile de le croire.

Cette liaison n'avait pas les allures qui font les grandes souffrances.

C onsidérons ce que nous s avons de la vie amoureuse deMarie Des mares : nous n'éprouvons pas un sentiment bien pathétique.

Un mari complaisant, des amis joyeux, l'argent facile, le goût de préserver sonménage : pas de drames là-dessous. Mme de Sévigné donne d'amusants détails sur l'amourette qui lia un moment s on fils Charles à la Champmeslé.

Le jeune Sévigné partageait alors sesfaiblesses entre les cinquante et un ans de Ninon de Lenclos et la fraîche trentaine de l'actrice ; il hésitait.

Des lettres du printemps 1771 nous livrent lessecrets de ces incertitudes :… "Votre frère est à St-Germain, et il est entre Ninon et une comédienne, Despréaux sur le tout ; nous lui faisons une vieenragée.

Dieux ! Quelle folie !" Et dix jours plus tard : "Il y a de plus une petite comédienne, et les Despréaux et les Rac ine avec elle ; ce sont des soupersdélicieux, c'est-à-dire des diableries." Puis voici une plus scabreuse histoire : il semble que, dans les bras de notre ac trice, Charles de Sévigné ait connuune de ces défaillances de l'éloquenc e amoureuse qui humilient même les vieillards… Viennent ensuite des affaires de lettres dérobées, "chaudes etpassionnées", inspirées à Charles par Marie, puis rendues , remises ensuite à Ninon qui menaçait de les donner à lire à un autre amant, — Racine peut-être…Ah, non ! Tout cela ne sent guère l'amour.

Seulement l'alcôve.

Si l'on pense que le mari, lui, contemplait, acc eptait, partageait, et Racine comme lui, et LaFontaine et Boileau comme eux, on sera vite un peu écoeuré.

Enfin, le jeune Sévigné quitte la Champmeslé.

Voici ce qu'en écrit sa mère : "Il a quitté lacomédienne, après l'avoir aimée par-ci, par-là.

Quand il la voyait, (…) c'était de bonne foi ; un moment après, il s'en moquait à bride abattue." Le ton,heureusement, est moins désobligeant quand il s'agit de choses sérieuses, théâtre et talent.

Sur celle qu'elle appelle drôlement "ma belle-fille", ou "la petiteChimère", ou "la P rincesse", Mme de Sévigné ne tarit pas d'éloge. 1680-1698 : la Champmes lé est installée.

Non seulement arrivée, mais installée.

Les trois troupes parisiennes ont donné naissance à la Comédie-Franç aise et là, Marie D esmares est une grande dame.

D éjà, en 1679, l'Hôtel Guénégaud a vu ses bénéfices doubler après avoir accueilli l'actrice : c'estcette même année que les C hampmeslé ont gagné, à eux deux, 14 170 livres et 20 sols.

C e sont d'ailleurs des temps troublés pour les comédiens français: la Sorbonne leur cherche noise, on les chasse de paroisse en parois se.

La Champmeslé reprend Racine, mais elle s'épuise aussi dans Longepierre etCampistron.

En elle, l'amoureuse non plus n'a pas désarmé.

C royons-en encore la divine M arquise : "…Les efforts de la C hampmeslé pour conserver tousses amants, sans préjudice des rôles d'A talide, de Bérénice et de Phèdre…" Enfin, malade, fatiguée, l'infatigable se retire le 8 juillet 1698, âgée de c inquante six ans.

Elle mourra peu après, en chrétienne, mais n'ayant prononcé qu'àla dernière extrémité la formule de renoncement qu'exigeait l'Église des comédiens… Il y avait, en somme, la voix : il paraît qu'elle était sublime ; tout le monde en a parlé, écrit ; plus que de la beauté, qui devait être moyenne.

Si ce des tinnous fait rêver, ce n'est pas pour le romanesque d'une vie qui en a plutôt manqué.

(Des soupers, un cocu aimable, du succès : cela ne fait pas une belle vie.)Nous rêvons sur Bérénice, sur M onime, sur Iphigénie, sur Phèdre.

Avoir été leur première voix, c'est une assez grande aventure.

Là-dessus, bien sûr, un peud'amour.

Un tout petit peu : Rac ine, l'été 1698, ironisa lourdement sur son ancienne amie morte de la veille.

O n ne fait pas cela.

L'histoire de M arieDesmares s'achève sur cette faute de goût de l'homme à qui elle devait tant… Peut-être es t-ce pourquoi cette vie réussie ne laisse pas tout à faitl'impression d'un compte qui tombe jus te ?. »

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