KAMA-SUTRA

« KAMA-SUTRA [ Aphorismes sur le Plai- sir].

Titre d'un traité hindou sur l'« art d'aimer », composé aux environs de l'an 500 après J.-C.

On s'accorde pour penser que l'auteur de ce traité Vâtsyâyana, en rédigeant cette oeuvre n'a fait que recueillir un enseignement doctrinal, d'origine notablement plus ancienne, ayant partie liée avec les deux autres branches du « tri- varga » (« les trois choses »), c.-à-d.

la connais- sance des trois activités fondamentales de la vie humaine.

Cette doctrine, qui remonte probable- ment à la moitié du premier millénaire avant J.-C.

et qui devint, par la suite, une des théories pan-hindoues intimement liée au développement culturel de ce pays, détermine les trois principaux buts de l'existence : le « dharma » (c.-à-d.

l'obser- vance des devoirs religieux et moraux), « artha » (c.-à-d.

l'activité dans le cadre de la vie pra- tique, comprenant la jouissance de l'argent et des richesses en général) et le « kâma » (ou satis- faction de l'amour physique).

Tandis que la branche des connaissances reliées au « dharma possède une abondante littérature juridique (« dharma-çâstra »), tandis que celles reliées a « artha » sont rassemblées dans le très important traité administratif et judiciaire ayant pour titre Artha-Çastra (p), le traité le plus ancien et le plus significatif de la branche du « kâma » (« kâma-çastra ») est le Kâma-Sûtra de Vâtsyâyana.

Par sa division en chapitres traités selon un modèle immuable, par la forme de son exposé (en prose et en vers), ainsi que par l'analogie qu'il y a entre son intro- duction et sa conclusion, le Kâma-Sûtra rappelle de très près l' Artha-Castra.

Cette étroite parenté est visible surtout dans ce singulier machiavé- lisme qui, dans l'ceuvre de Kautilya, s'emploie à réaliser la fortune du roi, et — dans le traité de Vâtsyâyana — à triompher dans le domaine de l'amour.

Cette oeuvre, dont la substance est sou- vent licencieuse, se divise en sept parties, trai- tant de l'amour en tant qu'il est un des éléments du « trivarga » (introduction philosophique) : de l'union sexuelle de l'acquisition d'une épouse de l'épouse ; des épouses d'autrui ; des courti- sanes ; des moyens de s'attacher les autres.

Ce traité se signale, en outre, par les renseignements qu'il fournit sur les us et coutumes de la vie privée dans l'Inde ancienne.

L'interprétation du Kâma-Sûtra nous est facilitée par un impor- tant commentaire du xme siècle : le Jayamangalâ [ Commentaire avec présages de victoire] de Yaço- dhara.

— T.F.

Fort.

1925.. »