Juste la fin du monde - LAGARCE - Fiche personnages

« Fiche personnages A.

Catherine Seule «etrangere» dans la famille, Catherine a un role de temoin tres important lors des retrouvailles.

Ainsi, des le depart, le fait qu’elle et Louis ne se connaissent pas parait insupportable a Suzanne notamment, car il souligne le temps tres long de l’absence de Louis.

Discrete, Catherine devient bavarde dans la scene 2 de la premiere partie lorsqu’elle evoque ses enfants.

En effet, c’est elle qui est chargee de faire la conversation a Louis et de lui donner les informations qui auraient pu lui echapper.

Mais lorsque Louis veut profiter de la volubilite de sa belle-sœur pour parler d’Antoine, elle n’est pas dupe et s’y refuse : elle ne jouera pas le role de porte-parole de son mari.

Ce personnage est parfois difficile a saisir et chacun pourra en exprimer son interpretation.

Mais une chose est sure, sa presence est tres significative.

Xavier Dolan ne s’y est pas trompe en accordant un role decisif a ce personnage interprete par Marion Cotillard. B.

La Mere Seul personnage qui n’a pas de prenom, elle est reduite a son statut maternel mais aussi a une forme d’indetermination (la Mere, pour toutes les meres ?).

Elle joue la partition assez attendue de la matriarche : elle modere les conversations quand le ton monte, elle connait les caracteres de chacun, elle defend bec et ongles son fils aine lorsqu’il est absent, elle est la gardienne du passe et de la memoire du pere mort.

Mais certaines de ses repliques ou de ses reactions sont parfois inattendues, voire comiques. Oui, la Mere se mele de tout, des desirs et des existences des uns et des autres.

Oui, elle parle trop, quitte a etre maladroite, et cette habitude l’empeche parfois d’ecouter : son fils essaie de lui dire qu’il va mourir et elle ne l’a pas entendu. C.

Suzanne Des la presentation des personnages, on comprend que si Lagarce precise les ages de chacun, c’est en partie pour elle, la petite derniere.

Tellement excitee par la venue de son frere qu’elle est prete a tout pour qu’il se sente chez lui et qu’il reste.

Mais elle echoue, et la declaration d’amour prevue devient plutot une scene de reproches.

Prise entre ses deux freres, elle se montre tres susceptible – voire grossiere – quand le role qu’elle essaie de se donner pour faire bonne impression a Louis est perce a jour par Antoine.

Arrivee trop tard dans la famille, Suzanne a peu connu la vie avec les deux freres reunis.

Elle met beaucoup de bonne volonte pour essayer de rattraper ce retard, en vain. D.

Antoine Le personnage apparait « brutal » et cynique des ses premieres repliques : « On dirait un epagneul », I, 1, p. 53).

Au fil de la piece, le lecteur-spectateur apprend a mieux le connaitre.

« [J]e suis un mauvais imbecile qui se reproche deja d’avoir failli se lamenter » (II, 3, p.

124) : cette citation resume assez bien la trajectoire du personnage, le parcours de celui qui ne sait pas mettre les formes et qui manie maladroitement le langage, dont la colere eclate et revele tous les non-dits laisses en suspens pendant des annees, quitte a finalement sombrer dans le remords et a s’inquieter – a raison – pour son frere. E.

Louis Personnage extremement complexe, Louis presente un caractere ambivalent qui a nourri des interpretations tres diverses.

Si, d’emblee, le lecteur-spectateur se range de son cote et reste suspendu a ses levres en attendant son annonce au sein de la famille, au fil des scenes les autres personnages vont dresser un tout autre portrait de lui.

On comprend que Louis s’est complu dans la posture du mal-aime, un sentiment d’incomprehension et d’exclusion qui l’a pousse a partir et a ne plus donner signe de vie que ponctuellement. Comme le souligne sa mere, Louis est distant, il ne repond que par des phrases elliptiques et arbore un sourire de sphinx.

Il est meme capable de mechancete quand l’ironie l’anime.

ll veut faire mal avant de disparaitre, lui aussi a des comptes a regler ; seulement, il n’y parvient pas.

Longue Date dans Le Pays lointain avait vu juste, Louis a bien « pay[e] de sa personne » dans Juste la fin du monde, puisque sa crise personnelle se double d’une crise familiale.

Il doit tenir debout avec la connaissance de sa mort prochaine et recevoir les reproches (merites ou non, on ne le saura jamais) de chacun des membres de sa famille.. »